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pointj.gif (73 octets) JOURNAL MALADE
  

 

 

 

Charles Bösersach

JOURNAL MALADE

 
 

Semaine du 23 au 28 avril 2001.

 
 

   

 L.

Nous devions nous retrouver sur la falaise, sur un chemin à mi-hauteur qui surplombait la mer.
J. avançait comme une aveugle, à tâtons, paniquée. Elle finit par tomber, pas de très haut, dans l’eau peu profonde — mais froide. Je suis furieux de tant de maladresse. Elle vient de mon côté, je l’aide à grimper (une sorte de plongeoir en gris tubes blancs). Elle semble très fatiguée et sur le point de lâcher prise.

Matin : lui faire l’amour, comme par charité.

« On n’est jamais si bien branlé que par soi-même » — encore qu’une main inexperte puisse prodiguer d’exquises contrariétés.

 Mardi

Pluie/soleil.
L., de plus en plus complaisante. S’essaie à la perversité (verbalement) avec une ingénuité qui ne fait qu’accroître le (mon) trouble. Dommage qu’elle rie si facilement (c’est aussi une de ses faiblesses dont je tire souvent avantage).

 Mercredi

J’ai toujours été « amoureux » de G. sans rien d’autre entre nous que regards, allusions, connivences, aveux à demi-mots (parfois très crus pourtant). La revoir l’autre soir, après si longtemps, amaigrie, fatiguée (encore plus séduisante) me fit concevoir une sorte de nostalgie, de regret — sans que j’eusse, pourtant, rien à regretter (ce qui accroissait encore le sentiment).

 J.

Une jeune femme est arrêtée pour une broutille. Evidemment, les vigiles puis les policiers abusent d’elle. Ensuite on la conduit dans le bureau d’un homme qui se révèle très affable. Il prend sa déposition et l’incite à porter plainte après qu’elle a vaguement évoqué ce qui lui est arrivé. Il est furieux, scandalisé. Honteuse, elle narre par le menu ce qu’elle a dû subir. Enfin, très amène, il convoque tous les protagonistes de l’affaire pour une — reconstitution.

 vendredi 27 avril

Matin, sur le trottoir d’en face, cette mince jeune femme en robe noire très courte, longue chevelure noire. Tous les hommes, dans le bus, la regardent. Elle marche joliment. Puis elle se gratte vigoureusement le cul en se tortillant sans grâce. Consternation.

Plus tard : jeune femme aux gros seins fièrement mis en exergue par un pull violet très seyant (moulant). Le vieil homme assis devant le Mac Donald’s la regarde lui aussi, lui parle, essaie de la faire rire (c’est moi).

Beau temps. Eternuements, taffetas.

Ejaculer des heures durant.

 Samedi 27

[…] J. vaguement « ligotée » dans la pénombre, debout, stoïque. Coups de fil électrique (« ça cingle » dit-elle à tout hasard). Elle finit par pleurer. Traces agréables sur les cuisses et les fesses.

J. assise, nue, jambes ouvertes (elle ne porte qu’un débardeur trop court). Moi : indécis (j’admire sa petite moue ironique ; j’apprécie qu’elle ait gardé — ses socquettes blanches (facile…) — un samedi bien employé. Ensuite elle retourne à ses chères copies. J’ai pour ma part depuis longtemps renoncé à en lire…

Cadeaux accumulés au fil des mois (anniversaire, fête, Noël…) : godemichets, vibromasseurs, boules de geisha, petits accessoires cruels (une simple pince à linge parfois).

Dès que je ne parle pas de cul, je me sens hypocrite.

« L'amour ! Alors, on aime un appareil respiratoire, un tube digestif, des intestins, des organes d'évacuation, un nez qu'on mouche, une bouche qui mange, une odeur corporelle ? Si on pensait à cela, comme on serait moins fou ! » — Paul Léautaud

  

 

Charles Bösersach

Charles Bösersach  
    

  
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