L.
Nous
devions nous retrouver sur la falaise, sur un chemin à mi-hauteur
qui surplombait la mer.
J.
avançait comme une aveugle, à tâtons, paniquée.
Elle finit par tomber, pas de très haut, dans l’eau peu profonde — mais
froide. Je suis furieux de tant de maladresse. Elle vient de mon côté,
je l’aide à grimper (une sorte de plongeoir en gris tubes blancs).
Elle semble très fatiguée et sur le point de lâcher
prise.
Matin :
lui faire l’amour, comme par charité.
« On
n’est jamais si bien branlé que par soi-même » — encore
qu’une main inexperte puisse prodiguer d’exquises contrariétés.
Mardi
Pluie/soleil.
L.,
de plus en plus complaisante. S’essaie à la perversité
(verbalement) avec une ingénuité qui ne fait qu’accroître
le (mon) trouble. Dommage qu’elle rie si facilement (c’est aussi une
de ses faiblesses dont je tire souvent avantage).
Mercredi
J’ai
toujours été « amoureux » de G. sans rien
d’autre entre nous que regards, allusions, connivences, aveux à
demi-mots (parfois très crus pourtant). La revoir l’autre soir,
après si longtemps, amaigrie, fatiguée (encore plus
séduisante) me fit concevoir une sorte de nostalgie, de regret — sans
que j’eusse, pourtant, rien à regretter (ce qui accroissait
encore le sentiment).
J.
Une
jeune femme est arrêtée pour une broutille. Evidemment,
les vigiles puis les policiers abusent d’elle. Ensuite on la conduit
dans le bureau d’un homme qui se révèle très
affable. Il prend sa déposition et l’incite à porter
plainte après qu’elle a vaguement évoqué ce qui
lui est arrivé. Il est furieux, scandalisé. Honteuse,
elle narre par le menu ce qu’elle a dû subir. Enfin, très
amène, il convoque tous les protagonistes de l’affaire pour
une — reconstitution.
vendredi
27 avril
Matin,
sur le trottoir d’en face, cette mince jeune femme en robe noire très
courte, longue chevelure noire. Tous les hommes, dans le bus, la regardent.
Elle marche joliment. Puis elle se gratte vigoureusement le cul en
se tortillant sans grâce. Consternation.
Plus
tard : jeune femme aux gros seins fièrement mis en
exergue par un pull violet très seyant (moulant). Le vieil
homme assis devant le Mac Donald’s la regarde lui aussi, lui parle,
essaie de la faire rire (c’est moi).
Beau
temps. Eternuements, taffetas.
Ejaculer
des heures durant.
Samedi
27
[…]
J. vaguement « ligotée » dans la pénombre,
debout, stoïque. Coups de fil électrique (« ça
cingle » dit-elle à tout hasard). Elle finit par pleurer.
Traces agréables sur les cuisses et les fesses.
J.
assise, nue, jambes ouvertes (elle ne porte qu’un débardeur
trop court). Moi : indécis (j’admire sa petite moue
ironique ; j’apprécie qu’elle ait gardé — ses
socquettes blanches (facile…) — un samedi bien employé.
Ensuite elle retourne à ses chères copies. J’ai pour
ma part depuis longtemps renoncé à en lire…
Cadeaux
accumulés au fil des mois (anniversaire, fête, Noël…) : godemichets,
vibromasseurs, boules de geisha, petits accessoires cruels (une simple
pince à linge parfois).
Dès
que je ne parle pas de cul, je me sens hypocrite.
« L'amour ! Alors,
on aime un appareil respiratoire, un tube digestif, des intestins,
des organes d'évacuation, un nez qu'on mouche, une bouche qui
mange, une odeur corporelle ? Si on pensait à cela, comme
on serait moins fou ! » — Paul Léautaud
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