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le
7
Lorsque
J. travaille, je m’absorbe tout entier dans des tâches domestiques
qui, pour la plupart, m’enchantent et surtout me reposent par leur
simplicité.
Je
sors un moment, marchant sans but ; j’observe mes semblables ( ?).
Enfin j’écris un peu mais cela n’occupe guère qu’une
à deux heures par jour.
Il
m’arrive de penser (de rêvasser plutôt).
(Ce
n’est pas parce que tu suces que tu dois avoir l’air idiote.)
8
mai
Comme
dire à ces « amis », qui me reçoivent fort
agréablement et, au digestif, me demandent ce que je pense
de leurs filles (qui sont allées faire un tour) — comment
leur dire « l’aînée [elle a dix-huit ans], je la
verrais bien ligotée sur un sommier, dans une cave sordide,
livrée à une bande de vieillards pervers ; et
l’autre [15 ans] a un visage délicieux qu’on ne peut s’empêcher
d’imaginer couvert de sperme »… Même si je le disais, ils
ne me croiraient pas, et les filles m’aiment bien…
Me9
(Si
je bande un peu mou, je la baise ; autrement, je l’encule.)
J.
a très vite appris, pour me faire plaisir, à
jouer avec des bouteilles.
Elle
est fille unique. Elle a perdu « une petite sœur »
quand elle avait six ans. D’où sans doute cet exquis fond de
culpabilité qui, à tous deux, fait nos délices
— notre fonds de commerce.
J10
Petit
jeu entre nous : elle s’assoit sur mes genoux et se trémousse
jusqu’à me faire bander (ensuite, c’est selon…). Ce jeu est
extrêmement plaisant lorsque nous sommes nus.
Je
décide de ses vêtements. De sa coiffure (ce chignon trop
sévère — au goût de ses collègues — qu’elle
porta des mois durant avant de se faire couper les cheveux — trop
courts, au goût de ses collègues). Soutien-gorge
flatteur, toujours. « Il faut que tes étudiants puissent
se branler en pensant à tes seins ». Elle sourit. Rouge
à lèvres trop sombre au goût de ses collègues.
Et culotte trop serrée, qui rentre dans le sexe, irrite, et
lancinante rappelle sa présence. Et vous ferez ceci en mémoire
de moi.
le
11
Je
me suis fait une autre amie (L.). Nous flirtons devant J. Cela plaît
beaucoup à ma nouvelle amie. Vers minuit j’envoie J. au lit
et nous continuons (mais pas aussi loin que je l’aurais souhaité).
« Vacances » :
rien de changé : ma bite, un stylo, un cahier.
(La
voix gentille de l’homme méchant.)
S.12
Collège : les
filles délurées. L’air déluré.
A côté d’elles, J. ne ressemble à rien : c’est
une vieille (et moi donc !). Mais cette « vieille »
possède un sens de la saloperie que nombre de ces gamines ne
connaîtra jamais.
Sur
les quais, dans la voiture (dans sa voiture) : elle
lèche la vitre tandis que l’homme, dehors, frotte son sexe
puis jouit sur la vitre. Trop chaud, trop de cigarettes — trop
de fatigue.
Dim.13
Dans
tout ce que je peux imaginer, il y a la part que je ne puis
concevoir accomplir : tout ce qui risquerait de blesser
gravement, mutiler ou tuer J. Il y a aussi ce qui me dégoûte : les
jeux avec les excréments, par exemple. J’aime la punir
(et elle apprécie également, à sa manière)
mais il faut éviter, car elle a une vie sociale et une
respectabilité à préserver, tout ce qui
marque, tout ce qui serait matière à suspicion. Au
fond, nous sommes timorés. Pourtant, lui dis-je, une femme,
même masochiste, a bien le droit d’assouvir ses désirs
(paradoxe !)…
—
Tout est si compliqué (elle soupire)… déjà que
je ne fréquente guère mes collègues, que
mes parents ne te connaissant pas, que…
—
Tu veux me présenter à tes parents ? Comme « ton
ami » ? « un ami » ? ton concubin, ton tortionnaire… ?
—
Si on se mariait ?
J.
revient souvent à la charge. L’idée me plaît.
C’est pourquoi je ne peux y souscrire (y souscrire facilement). Je
reste silencieux, je regarde attentivement un détail du plancher
qui jusque là m’avait échappé.
—
T’épouser ? Pour le coup, ce serait un scandale… (cette
aimable conversation se déroule au lit ; J. a son
collier, les poignets attachés dans le dos ; elle
respire mal. Pour couper court j’appuie sur sa tête ; docile,
sa bouche se pose sur mon sexe).
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