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Bösersach Poèmes 2009 Charles Bösersach 20090921

 
    
  

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Douleur sous l’
épaule droite au moins ça n’
est pas le cœur
(sauf situs inversus).

Ce moment de paix (cesser
de vivre) qu’il faudrait faire
durer mais je
redoute
l’ennui.

Le porc
te ment
tôt.

La scie
hante
au logis.

Il t’en aura fallu
déployer
des trésors d’habileté pour
          à l’insu de ta
          petite chérie
          changer de slip
après avoir lâché ce
pet
foireux — un pet
de maçon.

Reggae : musique
objectivement
grotesque.

Elle s’en va
(avorter), lui
vautré dur le
canapé :
« tu peux descendre les
poubelles ? »

J’ai emprunté
la nappe
au Léon.

Ali, né à
Troyes.

Je ne sais pas pourquoi
je bois comme ça :
je me sens tellement mieux
quand pas
(surtout le lendemain).

Jehan de la Fontaine
était un homme
affable.

Je me suis engagé dans la ruelle
tout de suite
j’ai compris que ça allait
vraiment mal se passer
et cependant
je n’ai pas hésité.

Se réveiller avec
le mot « gnocchi »
en tête.

Chaque jour
non-travaillé
est un jour
gagné.

Contrepèterie :
moules et salade.

Pour E. : « Je fais régulièrement des rêves érotiques à ton
sujet. Il ne se passe pas « grand' chose » mais c'est très troublant (nous dormons
ensemble, je pose la main sur ta cuisse, je te gratte le dos).

Parfois je m’
éjacule sur le visage, sur la
bouche.

Se croire
ému.

Joindre l’utile et l’agréable : être
malade et se
branler.

La pudeur, une sorte
d’hypocrite pudeur
qui consiste non pas
à dissimuler ses sentiments
mais à laisser croire à l’autre qu’
on en a.

Des phrases définitives.
Les actes — moins.

couché sur le ventre
je bande continûment ;
sur le dos je me
branle inévitablement.

deux girafes
mal dessinées
dans une mer
grasse comme une huître.

Et avant de sauter une nouvelle fois
par la fenêtre — sans parachute cette fois
(pour m’écraser si possible chez
les concurrents) je prends
une pleine poignée de vers (serpents)
lesquels se transforment immédiatement
en insectes venimeux, araignées, scolopendres,
c’est assez difficile à tenir…

Rêve (encore) : proie nue sur une île,
peur (confiance en personne).
Puis : SM dans une minuscule voiture,
dans un paysage arrangé par lui,
la route devient de plus en plus petite.
Peinture de femme dont un détail (démon)
est connu de tout le monde et présent partout
(visite chez le curé).

Et cependant qu’Alice, nue, me suçotait les couilles
et me sondait le fion d’un index insolent
une belle inconnue près d’elle s’agenouille
s’appliquant sans délai à me ronger le gland.

Pantalon sur les pieds tel un capitaine ivre
dans le couloir obscur d’une obscure maison
retardant le moment où le corps se délivre
je marmonnais pour moi cette sombre oraison :

« Sucez belles catins, vides-moi de mon sang
et puis embrassez vous — que vos langues se nouent
frottez l’un contre l’autre vos culs maigres et blancs
savourez, dévorez, repaissez-vous de vous ».

J’étais nu. J’avais
toutefois
gardé une chaussette.

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