l la fit déshabiller entièrement, sans lui accorder un seul regard sintéressant par contre à ses vêtements, au contenu de ses poches et de son sac à main, quil étala sur la table, quil contempla longuement.
Il en jeta une partie, rangea le reste dans une boîte à chaussures. La fille grelottait dans un coin.
Le premier coup de cravache lui arracha un petit hoquet.
La musique des sphères! exulta-t-il.
Vous savez, continua-t-il tandis que les coups ponctuaient son prêche, comme je déteste cette phraséologie : « les globes, les deux hémisphères charnus »... alors quil est si simple, si redoutablement élégant de prononcer « le cul », « les fesses »...
La croupe? osa-t-elle entre deux sanglots.
La croupe aussi, cest vrai.
De même que cette invention (il lenculait) destinée à préserver la virginité de nos belles car il sagit bien de ceci, nest-ce pas? « Lamour contre nature ! » : voyez comme la nature a su bien faire les choses votre cul nest il pas exactement où ma queue veut aller? Et puis cétait bien commode, oui, quant à rester pucelle... Diriez-vous pucelle, ou vierge?
Pucelle... Ah!
Vierge, verge, cest trop propice. Criez, si cela vous fait mal.
Il la laissa le cul en sang, tel une plaie abominable. En dautre temps il eut perdu pied, il leut achevée dune manière ou bien dune autre mais cette fois il tenait la Victime, une créature pareille à lui-même, Le Mauvais (Le Mauvais! quelle plaisanterie, ajouta-t-il, je suis Le Quidam oui). Victime était son nom.
Il versa sur les plaies de lalcool à brûler et lui bourra la gorge détoupe afin quon ne lentendît pas crier. Il sut lire en ses yeux de la reconnaissance.
En dautres temps, reprit-il, je vous aurais tuée. Mais maintenant je vous connais. Dici ce soir votre cul sera redevenu cette redoutable perfection quil était tout à lheure. Je vous connais, je connais tous vos tours. Pour pleurer et gémir, vous êtes capable de tout. Refaites-vous et ce soir je vous clouerai au mur, je vous écartèlerai et vous écorcherai, puis nous irons dîner. Je vous verrais bien avec un short en cuir très fin, très souple, une seconde peau, et un petit rien en haut. Je sais, je nai point encore honoré vos seins. Cest quil y a trop à faire! Nous verrons cela demain, un autre jour. Reposez-vous, je dois aller dormir. Dans un instant nous recommencerons. Jai un marteau, des clous et de grosses tenailles. Je vous clouerai en X sur la table dressée. Je vous enfoncerai le manche de loutil, jarracherai vos dents, je goberai vos yeux (tâchez quils aient cette saveur subtile de violette), et si je vous éventre, surtout ne saignez pas : de la chair, oui, tant que vous voudrez, de cette pulpe rose, cette mousse saumon, cette crème de vous mais pas de sang, pas ce soir. Pas sur le plancher.
Elle fit signe quelle comprenait, et quelle était daccord.
Merveilleux. Cest merveilleux!
Il revient.
Ce soir je vous lai dit je vous emmène au restaurant! Je veux pour vous les mets les plus infâmes. Puis je vous conduirai dans une arrière-salle où des brutes féroces vous prendront devant moi, debout contre le mur, puis deux par deux faites-vous un vagin bien serré, quils jouissent au mieux... Je voulais vous branler avec un couteau de boucher, je le ferai demain.
Il retire létoupe qui létouffait (visage cyanosé, les yeux exorbités). Et il la complimente encore.
Votre cul est tout rose, vous allez vite...
Elle se relève, le remercie, se recoiffe distraitement.
Quelle heure est-il?
À peine quatre heures, nous avons tout notre temps. Passez dans la cuisine sil vous plaît, et redresserez la table...
Il revient avec une caisse à outils, elle est déjà en position de crucifiée.
Le mieux serait que les clous soient rouillés, mais je nai que cela! Il montre de grosses pointes en acier.
Je vais essayer de ne pas me taper sur les doigts!
Il y arrive très bien. Elle grimace affreusement. Il a cloué les mains, regrettant in petto quil abîmait sa table, puis les pieds. Jambes écartées elle gémit.
Je me demande quel est le féminin de Jésus...
Elle trouve la force de sourire.
Il manque la couronne dépines... (Il plante de petits clous dans le front et les tempes de la fille), la blessure au flan (il la pénètre avec une grimace obscène) et le verre de vinaigre (lembrasse à pleine bouche, déverse sa salive et son haleine cariée ; elle se détourne un peu, se rétracte, le fait jouir tout de suite)...
Vous êtes vraiment épatante.
Elle le remercie.
Allez-vous méventrer maintenant?
Je ne sais pas, je nen ai plus tellement envie...
Il fait jouer un couteau sur le ventre marmoréen.
Marmoréen aussi est un mot ridicule. Blanc. Le ventre blanc comme un poisson oui. Pourquoi es-tu si froide...? Tu ne jouis pas?
Si.
Cela ne se voit guère...
Je jouis de ne pas jouir...
Rhétorique!
Il a porté sa main entre les jambes de Victime ; elle est très moite.
Il arrache les clous. Les mains et les pieds de Victime sont intacts.
Elle revient, vêtue comme il avait dit.
Tu ne souffres jamais?
Si, justement.
Quest-ce quil y a...?
Je suis morte, tu comprends?
Elle a ce rire hystérique quil ne comprend pas mais qui la rend si belle, un rire comme du rouge à lèvres, rire de bête carnassière carnassière delle-même.
Quelle heure est-il?
À peine cinq heures. Il est trop tôt pour dîner. Quest-ce quon pourrait faire?
Je vais faire la vaisselle...
Fais voir ton cul?
Elle remue obligeamment, il se frotte les mains.
Ils vont bander, au restaurant.
Pourquoi faut-il aller au restaurant?
Tu vas manger. Je veux te voir manger.
Je nai pas faim. (Ton de fillette capricieuse.)
Justement. Tu vas manger de la viande crue, des légumes pourris. Je les ai prévenus. Je leur ai dit que jamenais un cas. Jai dit aussi quils préviennent tous leurs amis. « Amis! ». Il y aura tout ce que la ville compte de fripouilles et de gros bras. Tout ça pour ton petit cul. Et cest le patron du restaurant qui va encaisser les loyers, je suis trop pleutre, je...
Tu ten fous de toute façon...
Cest vrai. Mais je serai aux premières loges, tu sais. Je nen perdrai pas une miette. tu sais quoi?
Non...
Il faudrait que tu te débattes, que tu cries. Ils seront obligés de te frapper. Ils devront tattacher...
Sils mattachent, je ne pourrai pas faire la salope...
Comment?
Branler, griffer, caresser...
Ça na pas dimportance. Le cul, la chatte, la bouche, cela suffit... Ils devraient être trente, peut-être plus. Il va sen mettre plein les poches...
Et moi plein le cul...
Ah ah.
Elle fait la vaisselle à leau bouillante. Une idée à lui. Ses mains sont rouges et gonflées. Elle trépigne.
Ça te fait mal?
Évidemment!
Elle se retourne, visage trempé de larmes.
Il revient dans la chambre, examine le contenu de la boîte à chaussures.
Il crie, pour quelle entende.
Je jette tes papiers...
Il déchire minutieusement la carte didentité, la carte de sécurité sociale, les photographies didentité. Il arrache chaque page de son carnet dadresse et samuse à les chiffonner. Une par une. Elle est devant lui.
Ça ne signifie rien.
Je sais.
Ou bien :
Ça ne signifie plus rien.
Je sais.
Mais les locuteurs neussent pas été les mêmes.
Sortir. Descendre lescalier. (Elle peut à peine marcher tant son short est serré ; il y porte la main, elle se retourne, très enjouée : « je te suce dans lescalier? ». Désemparé il la repousse et elle manque tomber.)
Dans le taxi elle dit, à haute et intelligible voix, comme une enfant récite sa leçon : « Si jétais un homme je serais pédé. Jaime vraiment trop ça, les bites. » Silence. « Mais lavantage, pour une femme, cest quon a un trou de plus. ». Loeil inquiet du chauffeur dans le rétroviseur.
Je me demande ce que je préfère : sucer, baiser, ou me faire enculer...?
Le chauffeur se racle la gorge. On est arrivé.
Elle a bu? chuchote-t-il tandis que Le Mauvais paye.
Non. Elle est folle.
Vous avez du courage...
Et comment...
Bonne soirée quand même...
Ils entrent dans le restaurant. Et derrière eux la porte se ferme à clé.
On a pensé que ce serait plus pratique...
On ne mange pas? sétonne La Victime en minaudant (inquiète cependant).
Ten fais pas, ajoute un costaud en baissant sa braguette, celui-ci devrait pouvoir toccuper un instant...
Victime glousse, elle nest pas très rassurée.
Ils la conduisent dans une arrière-salle en la pelotant. Elle fait mine de vouloir senfuir, de résister. Un coup de poing dans le ventre la plie en deux. LAubergiste la tire par les cheveux. Puis cest comme dhabitude : on lattache à plat ventre sur une table malpropre. Aussitôt ça remue dans son ventre et le costaud de tout à lheure se frotte à son visage puis pénètre sa bouche.
Tu vois, cétait vraiment pas la peine de te faire du souci...
Il dure. Il lime dans sa bouche, elle ne peut rien faire. Elle essaie dexprimer, avec ses yeux très doux, en battant des paupières, avec des borborygmes, quelle aimerait bien participer, ne pas rester oisive ; elle aimerait bien leur montrer ses qualités, et comment elle sait user bien de sa langue, de ses lèvres, mais lautre est comme dans un trou, et il se vide, dégorge, en senfonçant au plus profond de peur que javale pas? puis cest un autre. Elle essaie de les compter du coin de loeil. Et ça remue derrière elle. Le con, le cul ; selon. Un vicieux lui rentre les doigts et lasticote de lintérieur. Et où est Le Mauvais?
Jouir? Elle se trémousse un peu, ils ne saperçoivent de rien. On lui donne bien à sucer, elle nest pas déçue. Mais personne ne lui fait mal, cest regrettable...
Bite, lime, sperme. Elle regarde autour delle, les objets sur les étagères. Et comment ils sont habillés, la couleur des murs, le sol, les taches un peu partout.
Ça coule, ça fait des bruits qui la réjouissent secrètement - des bruits dégueulasses. Où est Le Mauvais? Elle ne lavait pas vu, il est juste devant elle, tout près, bien droit sur sa chaise. Il regarde, il observe. De temps en temps il se lève, il regarde derrière...
Elle sent que son cul palpite, ne se referme plus, elle sent sa chatte ouverte comme une bouche avide qui aurait encore faim... Et les autres, inlassables, dupes, qui croient la posséder!
Elle aime quand ils tirent ses cheveux, quand ils tordent ses bras. Le Mauvais les incite à lui faire du mal :
Brûlez-la avec des cigarettes, mettez-lui une bouteille dans le cul!
Mais les autres sont de bons gars, de bonnes brutes inlassables : ils bandent, pénètrent, remuent, se vident scrupuleusement, sen retournent discuter avec les autres sans même sémouvoir. Elle essaie de se rappeler : elle en a sucé douze? ou treize? Treize, ça lui plairait... On la baisée quinze fois, et enculée six fois. Preuve que même les brutes ont du respect pour les femmes attachées à plat ventre sur une table de restaurant. Personne ne la caressée. Personne na cherché ses seins. Personne na mordu sa nuque. Quelques-uns ont maltraité ses fesses, les ont malaxées, ouvertes. Un ou deux a enfoncé le doigt...
Elle a trop sucé, ça la dégoûte. Pas de sucer. Seulement cest trop salé, épais. Elle aime le goût de la bite, même (surtout) la bite malpropre, qui vient de la remuer. Mais ce jus dans sa gorge, épais, comme une morve quon narrive ni à avaler ni à recracher, et qui colle, dedans (alors quelle aime tant quon lui décharge sur le ventre, sur les seins... elle aime tant lodeur que cela a, quelle laisse sortir dans la rue, dans le bus, en exhalant le foutre...). Ils la détachent, elle se relève dun bond, toute pimpante.
Jai soif!
Elle a de la santé, la petite dame...
Le Mauvais est mécontent, ils rentrent de bonne heure.
Tu vois, par exemple...
Elle est assise sur la table, bien écartée.
Toute la main du Mauvais est dans son ventre. Il a serré le poing.
Je vais tirer tout doucement. Ferme les yeux et imagine que tu accouches...
Cest très lent. Très délicieux.
Elle le retient par le poignet ; quil aille plus doucement encore. Limpression que cela dure des heures. Feulements inhumains. Elle a rarement autant joui.
On peut faire plus gros?
Il faut que je tienne quelque chose dans mon poing...
Jai peur que cela fasse mal...
QUOI?
Il la cloue de nouveau. Il lui ouvre les yeux et verse du vinaigre, de lacide, de la chaux nimporte. Il la branle avec un gant de crin, il enfonce une brosse à cheveux entre ses jambes. Il verse dans sa bouche un mélange de terre, de viande crue et de merde de chat. Dans son cul une lame, un couteau de cuisine. Couteau à dents. Elle ne saigne pas, ne remue pas. Des spasmes réguliers lhabitent. Sa chair est toute blanche, presque translucide. Les jambes se relèvent un peu, plus maigres. Et il reste les seins, serrés dans un soutien-gorge légèrement trop petit. Que faire? Il la brûle avec sa cigarette, à travers le nylon. Cela grésille, fond, se colle à la chair qui se creuse, boursoufle et cloque. Lodeur nest pas très agréable. Elle ne saigne pas, elle suinte une espèce de lymphe quelle ne peut empêcher, dommage.
Une vraie limace...
Elle transpire aussi. Elle respire bruyamment par le nez, en remâchant linfâme mixture...
Dans les narines il verse goutte à goutte la cire fondue dune grosse bougie... Quand les narines sont remplies, il retire la brosse à cheveux et enfonce la bougie, allumée, dans le sexe quil tient ouvert de la main gauche (pouce et index dans la chair molle). Cela grésille, elle a un petit sursaut, tourne la tête et crache la boue quelle a mâchée, elle halète joliment elle jouit. Enfin, elle jouit. Il voudrait la serrer dans ses bras mais ça nest pas pratique. Il lui caresse lépaule, puis le ventre. Le nombril il enfonce son doigt, il rentre tout entier son doigt dans le nombril! Puis il sinstalle au dessus delle, ridicule, juché, grotesque IL LA PÉNÈTRE PAR LE NOMBRIL! il remue, cest agréable dedans, cest doux, tiède ; il se vide puis il pisse dedans, le ventre gonfle un peu, elle hoquette on ne sait plus comment ça marche.
Elle le remercie avec un sourire de speakerine.