Focalisé,
l’être de feu ne respire qu’à peine. S’il souffle, il
s’éteint. Et un feu mort est une charogne de plus délaissée
par la crame.
Dans
le vif d’une terreur d’organes s’empilent les tas lardés en
fièvre d’équarrissage. S’ils s’enterrent et frôlent
la lave, c’est en transe de grésillement qu’ils achèvent
leur cycle d’enfermement. Seul un grand feu d’espace, qui est un cerveau
né à lui-même, en permettra la mutation en tournoiements
de foudre interne.
Transparentes
et dédoublées, des masses de larves carnées s’abouchent
à l’invisible reformé autour des poches de douleur.
D’êtres manipulés en formes régurgitées,
de lentes danses enfiévrées en organiques écorchés
touillent la braise, baisent la mort qui de sa fente laisse écouler
un autre feu ressuscité.
Ainsi
de feu en larves, de lave en terres, des milliers de cerveaux renaissent
de la cendre, décrassés de la suie, de la boue, de l’enfer,
et débouchent dans des chantiers de langues en ouragans de
sphères.
La
nuit alentour, déchirée par les foudres, met en relief
les formes, les gangues et les mondes. Le triangle des têtes,
à l’aigu des phobies, fixe la bête déloquée
de ses mortelles concrétions, comme une guerre déterminée
à pulvériser ses gosiers. De fixité en minéralité,
la bête bascule dans le gouffre d’un sang de haine momifié.
Dans
son bouge, elle ne bouge ni ne s’endort, dans le maintien en douloureux
effort de qui s’y risque va s’écorcher. Une danse de langue,
une danse de fer, c’est tout le dilemme de la chair.
Une
viande brûlée, un organe de terre acculent la bête
à son cerveau mort. Du gril de la pensée à reculons
aux fourches de damnation, l’être de l’entre-deux accumule les
graisses mentales.
La
violence du corps c’est la fureur à l’extrême des langues,
des gorges et des souffles. Réveiller le guerrier des flammes.
Qu’il compense sa perte d’âme par le fourbissement des armes
aux noyaux des charges de foudre, lorsque le tout s’annule et bascule
dans un grondant de déraisons, de porcs de terre vénéneux,
de grandes gorges de jadis où crie l’enclume des forces basculées,
entraillées par sections en lanières de salaisons dans
la cryogénie des mondes et des formes pulsées.
Le
grand bordel de viandes inversées sous les masques et les boucliers
de la torsion des gueules en hurlements cramés crève
le cercle à viscéralités, où les démons
s’emparent de la pensée à rage et outre pour crime de
verticalité.
Venger
la terre, manger sa mort, enfouir sous les gravas d’orages le suif
des esclaves d’angoisse, le rictus haché brûlé
du centre irradié en nerfs bouleversés des multifaces
opposés où nuits et lunes et crânes encagés
choquent l’os noir et font gicler le sang, les crocs, le foutre empoisonné
dans la nuit-loque à l’hoquetée rongée d’acide
des contrées, des ouïes, des dômes, des forêts.
Lente
de l’agonique décérébré, marquée
des fers et martelée, voici la fin des mondes. Certains êtres
encore véloces tentent une vitesse de mutation dans l’outrepassage
à l’état de manducation. Cela palpite comme à
l’ère de la guerre des nerfs. Cela souffle encore bruyamment
malgré l’atrophie du trop-de-faces-en-force. Cela stridule
à l’ultra-son dans un gouffre des gorges ultimes en ébloui
de foudre interne. Cela s’étreint, se dévore, masque
tout ce qui ronge, rampe, reflue, régurgite le néant
blanc géant en ferraille de saccages. Cela bombe les gueules
d’ombres à la hache de conscience pour en ouvrir le bloc de
terre et dégager de la lumière de cette matière
de chocs.
Ainsi
de blocs en terres, de terres en dévorations, les cerveaux
en lambeaux de mots, malgré les états contraires et
la menace de damnation, s’engouffrent entre les trous d’espaces pour
renaître au-delà des Faces en forces d’insurrection.