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  Jean-Pierre Espil
  L’urgence crématoire...
 
 
Espil
 
 

   

ans un bûcher d’espace se consume la charogne humaine, un état de triangle de cendres, pitoyable retour de flammes dans les roues où la canne désigne un point ultime de brillance.

Focalisé, l’être de feu ne respire qu’à peine. S’il souffle, il s’éteint. Et un feu mort est une charogne de plus délaissée par la crame.

Dans le vif d’une terreur d’organes s’empilent les tas lardés en fièvre d’équarrissage. S’ils s’enterrent et frôlent la lave, c’est en transe de grésillement qu’ils achèvent leur cycle d’enfermement. Seul un grand feu d’espace, qui est un cerveau né à lui-même, en permettra la mutation en tournoiements de foudre interne.

Transparentes et dédoublées, des masses de larves carnées s’abouchent à l’invisible reformé autour des poches de douleur. D’êtres manipulés en formes régurgitées, de lentes danses enfiévrées en organiques écorchés touillent la braise, baisent la mort qui de sa fente laisse écouler un autre feu ressuscité.

Ainsi de feu en larves, de lave en terres, des milliers de cerveaux renaissent de la cendre, décrassés de la suie, de la boue, de l’enfer, et débouchent dans des chantiers de langues en ouragans de sphères.

La nuit alentour, déchirée par les foudres, met en relief les formes, les gangues et les mondes. Le triangle des têtes, à l’aigu des phobies, fixe la bête déloquée de ses mortelles concrétions, comme une guerre déterminée à pulvériser ses gosiers. De fixité en minéralité, la bête bascule dans le gouffre d’un sang de haine momifié.

Dans son bouge, elle ne bouge ni ne s’endort, dans le maintien en douloureux effort de qui s’y risque va s’écorcher. Une danse de langue, une danse de fer, c’est tout le dilemme de la chair.

Une viande brûlée, un organe de terre acculent la bête à son cerveau mort. Du gril de la pensée à reculons aux fourches de damnation, l’être de l’entre-deux accumule les graisses mentales.

La violence du corps c’est la fureur à l’extrême des langues, des gorges et des souffles. Réveiller le guerrier des flammes. Qu’il compense sa perte d’âme par le fourbissement des armes aux noyaux des charges de foudre, lorsque le tout s’annule et bascule dans un grondant de déraisons, de porcs de terre vénéneux, de grandes gorges de jadis où crie l’enclume des forces basculées, entraillées par sections en lanières de salaisons dans la cryogénie des mondes et des formes pulsées.

Le grand bordel de viandes inversées sous les masques et les boucliers de la torsion des gueules en hurlements cramés crève le cercle à viscéralités, où les démons s’emparent de la pensée à rage et outre pour crime de verticalité.

Venger la terre, manger sa mort, enfouir sous les gravas d’orages le suif des esclaves d’angoisse, le rictus haché brûlé du centre irradié en nerfs bouleversés des multifaces opposés où nuits et lunes et crânes encagés choquent l’os noir et font gicler le sang, les crocs, le foutre empoisonné dans la nuit-loque à l’hoquetée rongée d’acide des contrées, des ouïes, des dômes, des forêts.

Lente de l’agonique décérébré, marquée des fers et martelée, voici la fin des mondes. Certains êtres encore véloces tentent une vitesse de mutation dans l’outrepassage à l’état de manducation. Cela palpite comme à l’ère de la guerre des nerfs. Cela souffle encore bruyamment malgré l’atrophie du trop-de-faces-en-force. Cela stridule à l’ultra-son dans un gouffre des gorges ultimes en ébloui de foudre interne. Cela s’étreint, se dévore, masque tout ce qui ronge, rampe, reflue, régurgite le néant blanc géant en ferraille de saccages. Cela bombe les gueules d’ombres à la hache de conscience pour en ouvrir le bloc de terre et dégager de la lumière de cette matière de chocs.

Ainsi de blocs en terres, de terres en dévorations, les cerveaux en lambeaux de mots, malgré les états contraires et la menace de damnation, s’engouffrent entre les trous d’espaces pour renaître au-delà des Faces en forces d’insurrection.

   

 

Jean-Pierre Espil

Espil  
    

  
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