On ramasse, au petit matin, sur cette plage, tous ceux qui ont nagé, et qui se sont noyés; tous ceux, qui pensaient qu'il fallait nager, pour arriver (où ?) Tous ceux qui ont nagé, qui pensaient arriver, arriver ! Qui ont beaucoup nagé, trop, sans s'arrêter, sans avoir eu le temps de s'arrêter, de s'arrêter de nager et qui se sont noyés. Peut-être ne savaient-ils pas nager ? Tous les matins, sur cette plage, on ramasse des noyés. Il n'y aura jamais assez de pansements pour l'étendue de toutes mes plaies, il n'y aura jamais de miracle, au mieux une perfusion pourra me porter un peu plus loin, un peu plus longtemps, je ne serai jamais guérie de tout ça, tant que tout ça existera, et tout ça ne cessera que quand la vie se sera retirée de moi. Je ne suis pas emplie de haine, de haine, vraiment haineuse, si je puis dire, juste un chagrin m'habite, un grand chagrin, et je suis triste, très triste. Autour, il n'y a rien, rien qui m'appelle, qui me retient; sinon ton amour, notre amour. Et le mien, te suffit-il, mon amour ? Dis, est-ce que je sais, est-ce que je sais t'en donner de l'amour, est-ce que, est-ce que. Je voudrais tant, je voudrais tant que tu sois heureux, là, avec moi, ensemble. |
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