Sébastien Morlighem : Imbibé.

 

    il défend le crâne de sa mère.

     Caché, aplati à même la surface de la chambre, il attend. La maison est encerclée. L'huile coule des torches. Les flammes, timides puis hautaines puis boules de massacre, masquent sereinement le véritable désastre. Il sourit tout en approchant la bouche d'os de son visage : l'union sera secrète.

     Et pourtant, sous les braises, commençant à sentir l'atroce fournaise, il ressent le besoin de lui parler – Ma chérie, si j'avais pu, j'aurais été ton père plutôt que ton fils, le mal aurait été moindre, je t'aurais averti de cette escroquerie. Pardonne-moi de n'avoir pas été plus obéissant, de ne pas être resté à demeure. J'ai cassé ta vie en sortant de ton ventre, mais la voix était plus forte que la parole. La cendre saura nous réconcilier.

     Mais il ne brûle pas. Le feu meurt, seul.

     Quelquefois, il suffit de vouloir se laisser consumer afin de comprendre qu'imbibé, on le sera à jamais.

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