Contemporains |
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Favoris (Les) |
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Mucus. |
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À Christophe Petchanatz etite va bientôt sendormir. Dehors, le cheval sétend à terre. Il y a un vieux plaid bourré de trous pour le réconforter. La nuit est liquide, toute huileuse, comme graisse fondue mais bleue Pantone 276. Nuit qui amène la métaphore, les étoiles filantes, des générations dastéroïdes que le firmament dévore. Lanimal est aspiré par la poussière; légèreté. Jamais cet enfant naurait pu naître sans ces mains et ce chapeau ridicule Cette opération était vitale à sa survie. Lêtre humain est, malgré le dégoût quil inspire, élémentaire et analogique ; cancrelat. La législation en cours ne laissait pas dautre échappatoire : nous avions besoin dune nouvelle papesse. Un peuple sans adoration est un peuple mort. Elle dort sous une pluie de cerfs-volants. De longues phrases piaillent, monotones, chicotent le silence. Les mots meurent, leur rythme sécrase, insensible. La pensée (chuchotis, mummer) se plisse, hésite à mettre la patte hors de sa tanière. Elle sait pertinemment quà lextérieur : rien. Toute son expérience, son déploiement, sa raison dagir ne peuvent saccomplir quau-dedans. Les vieilles croyances : naines et fluides, éternellement (placenta). Au cur du corps commun se niche une mécanique saturée de fibres et de faisceaux, une chimie particulière. On y séjournerait presque, tétant le miel des mamelles internes. Le ftus exulte dans son nid de paille : il a gagné. Spectres ; nuages. Nous rangeons les médailles, les certificats, les fiches de bristol jaunies sur lesquelles lencre violette a disparu progressivement (oui, cest un cliché). Les blouses blanches, les bleus de travail sont méticuleusement pliés et entreposés à la lingerie. Cest nus que chaque nouvelle séance nous accueille. La matière de notre amour se révèle par saccades, giclante, lumineuse, abominable. Sucettes translucides, autant dos à ronger pour lair. Nous qui voudrions tant nous unir au néant, à cet instant-là, devenir acide et creuser la terre, nous sommes des animaux, dragons terrifiants dessinés dans la salive. Le règne approche où les bâtons prendront forme. Sur la pierre, notre prophétie suinte, menace de disparaître. Il serait temps dagir si laffolement nous gagnait ; nous savons tous que la sueur du texte sacré finira par sécher au petit matin. Cest une absence, la vitesse, un oubli, ici. Et le jour recommence. Belle, gambettes-éprouvettes, suçote un uf, assise sur sa peluche chérie (ours, joujou miteux, étêté, doù séchappent des bulles de polystyrène expansé) ; elle susurre bêtement ces inscriptions déchiffrées sur la page dun vieux magazine en lambeaux : LA VIE EN BEAU ! MIEUX À FAIRE QUE DE RESTER AU TRAVAIL! VOUS NE LE REGRETTEZ PAS ! Goutte (moi) parmi les vivants, leur paralysie, la vacuité. Jai perdu lâge de mes illusions, mes jouets ont un goût de pourriture. Ce sentiment linnocence de miette-en-sauce, cest ma couronne, mon laissez-passer, mon va-tout. Corde à sauter effilochée, balançoire rouillée, de quoi combattre lennui, encore. Nous uvrons discrètement (tant de préparatifs ) ; ce simulacre dactivité nest quun palimpseste au réel, ô combien fatal et usant. Contemplez ces bouches qui nous surveillent, ces cavaliers de lapocalypse (rien que des Playmobil, assure le représentant venu plusieurs fois déjà, on a bien vu quil cachait une trompette derrière son dos, sous sa gabardine), ça fait peur. Forme de renoncement illocutoire ces signes, trésor arraché par accident, nos maladresses, nos pardons, nos offrandes que cette confession. Il ny avait pas mieux à accomplir ici, puisque cétait la seule chose à faire. Nous sourions secrètement, rassurés. Lunivers retrouvera sa saveur de vert, de jardin dabondance, de terre barbue. Il suffira dy mettre du sien. Après. Ses yeux chapardent, décortiquent, elle nest pas dupe ; pas dautre concurrente, de dauphine à chaperonner sur le piédestal qui la guette. Simplement suspendue, évanescente, pur joyau en lévitation, plume. La vertu même, la joie de nos carcasses crasseuses. La vérité. Orages : peccadilles (par ces mots, monsieur le scripteur, vous nous travestissez). Il existe une issue, forcément, une trouée salvatrice. Lencre tâche la culotte, apparition de la couleur. Embrasser le créateur à son insu, les lèvres inattendues, ferventes, collées au tissu saint De furieuses trombes deau engloutissent les tranchées. À tâtons, nous mangeons le poil de la vermine, nous broutons, grosses masses, mollusques, pétales déchirés, nous sarclons les racines. Fosses ouvertes au vent chicorées, courgettes, potirons tout saigne. Hirondelles mortes, reposant sur le dos, flairées. Non, oui, cest selon le chemin. Surviennent peu à peu la sécheresse, les dunes paresseuses, les caresses mutuelles, lenvie. Et nous entrerons un par un dans la chambre pleine dombre. Seulement le son de notre respiration Consciencieusement, elle a rangé une à une ses dents à lintérieur du coffre fait-pour-ranger-les-dents (cette mâchoire, si joliment disposée en dehors de la bouche, est un cur à prendre). Il faut prier Lélue saccroupit au-dessus du canari et libère son urine, immédiate, fluide. Liqueur dhostie. Grimacer face aux orties. Déluge lorsquelle fend la cour, pulsions, fissures aux façades des baraquements, son allure (elle saute, stupeur, elle fait de petits bonds, pieds nimbés de dentelles, esquiver les flèches) nous ravit. Le récipient scintille, quelquun sagenouille, ramasse, renifle, esquisse un sourire, puis se dirige, décidé, vers le cabanon. La cuve à mazout, odeurs, charbon en boules, un héritage de famille. Agonie de la barbaque clouée sur la porte ; notre totem, joli gisant. Lécran grésille, crépite, chiennerie technologique. Nulle vaccination nenvenime le mal ; sous le plancher, sables, ça rumine (les vers en liberté prolifèrent, procession). Les habitations revêtent leurs moisissures onctueuses. Nous peinons, feignons de mal comprendre les ordres. Conclusion : labîme. Tous, abandonner la caverne et basculer, pitoyables, vers le ventre sucré. Lexorcisme sachève. Je ne veux plus bouger, maintenant. Les hommes me regarderont comme des porcs mièvres et baveux, peut-être quils me désireront. LA VOIX : « Oh, que ton existence sera suave! » hapax. |
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