Sébastien Morlighem

Y.

(D’aucuns parlaient d’une fourche, d’un lance-pierres, d’une victoire acquise,
d’autres cherchaient vainement à boucher leur vision de signes.) 

Légère condensation, bulles – lueurs glanées, glacées. Le chemin. 

Oui, il fallait voir à l’approche des nuages.
À gauche, la route mène vers Lignières-Châtelain.
À droite, elle conduit à Meigneux. 

Entre deux, un Jésus enragé par les pointes.
La rouille fond, bave, relance la souffrance infinie.
Foin d’agenouillement ; le cimetière est de l’autre côté de l’asphalte. 

Quelqu’un gronde l’orage d’être sorti trop tôt. Il n’avait pas la permission d’arroser les grilles et les grillages. 

Hécatombe : pouce tranché sur la table – pain perdu. 

Une passerelle pittoresque, organique, recueille la meute fuyante des hirondelles.
À peine engourdie, la taupe chausse d’épais verres fumés avant de pointer son museau hors de la matrice. Des lunettes de soudure. 

Angélus, briques rouges. L’estafette de l’épicier déboule, klaxonne, meugle.
Il va falloir choisir entre une livre de campagne et un jocko. 

La toile cirée de roses ahane, peste, regimbe sous le poids des papiers et des craies. 

Un adolescent entame son pèlerinage. Il aperçoit une ville dans le paysage, puis un paysage dans la ville. La limite a disparu, la transition éclabousse les piétons.

Le mouvement inspire la vision.

 

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