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Les histoires d'évanouissement

 

 
 

 

pointr.gif (57 octets) Christophe P., homme, né en 1959, conseiller technique.

Je me suis évanoui une fois et demi. La première fois après mon accident au ski — je discutais tranquillement au bord de la piste avec des copains et un vieux type qui ne savait pas skier m’est rentré dedans, et a tranché profond ma main droite avec ses carres. Je me relève, mécontent. On me demande si tout va bien, et je dis oui. On me regarde bizarrement. Je suis la direction des regards, vers ma main droite, d’où le sang coule abondamment. Je regarde la plaie, large, ouverte, et curieusement, affirme que ce n’est rien, que ce n’est pas grave. On me décide à aller à l’hôpital (au début je refuse). On descend la piste à pieds. En bas, dans la cabane du personnel des remonte-pentes, je perds connaissance — et c’est précisément comme si je m’éveillais d’un cauchemar : je me vois, très nettement, comme une hallucination, je me vois regardant ma main, et constater avec plaisir qu’elle n’a rien, qu’elle est intacte, et me dire que j’ai dû rêver, et regarder chacun autour de moi, qui sourit, dans un climat de douce euphorie — et les gifles me réveillent. Je mange une pâte de fruit (ce qui me vaudra de n’être opéré que le lendemain), la monitrice m’accompagne à pieds jusqu’au village où je vois d’abord un médecin avant de partir en ambulance. 
L’autre presque perte de connaissance, à l’hôpital psychiatrique où je travaillais : j’étais en train de préparer les médicaments et un jeune malade (c’était la terminologie officielle : les malades versus les soignants), un psychopathe baraqué, s’approche en me tendant quelque chose. 
— Tiens, fait-il en retroussant sa manche, regarde. 
Il s’est ouvert le poignet avec une lame. Il ouvre à plaisir sa plaie, jouissant de l’effet déplaisant que cela produit visiblement sur moi. J’appelle un collègue pour qu’on lui fasse les premiers soins avant de le faire recoudre. Mais je ne puis guère aller plus loin : tout se met à tourner et je suis obligé de m’asseoir par terre pour éviter de tomber. L’autre qui saigne se moque de moi.

 

 

 

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