MaisonÉcrivez-nous ! SociétéTextesImagesMusiques

  Textes

 
  

Questionnaires

 
 

 

  

Les histoires de vacances

 

 
 

 

pointr.gif (57 octets) Christophe P., homme, né en 1959, conseiller technique.

pointg.gif (57 octets) Avec mon ami Christophe H., vers dix-sept ans, on est parti en vacances, sur la Côte, en stop. On est resté des heures en plein soleil, le pouce tendu. Je crois qu’on a fini par faire la plus grande partie du voyage en train. A Montpellier on a erré, puis on a rejoint La Grande-Motte en stop. On est arrivé le soir, il s’est mis à pleuvoir. Il y avait un grand panneau du genre “ bienvenue au pays du Soleil ”. On a planté la tente dans les dunes, à l’écart. Un peu plus loin il y avait une autre tente avec des pédés, se disait-on pour s’effrayer, où l’on entendait bouger, mais personne ne se montrait jamais. On a rejoint les parents de Christophe au camping de Palavas ; nos sacs à dos étaient chargés de disques achetés en route dans des supermarchés. J’avais même trouvé un Amon Düül II “ hyper rare ” dans un de ces endroits. Sur le retour, on riait des gens en panne ; “ il a fait chauffer le malin ”, se disait-on, hilares. Malin pour moulin (moteur) évidemment. Au camping, on s’est drôlement fait chier, d’autant que la soeur de Christophe, une belle grande blonde genre nordique, n’y était pas.

pointg.gif (57 octets) Vers 19 ans je suis parti au Maroc avec deux filles, Sylvie et Peggy. Je les ai rejointes à Sète, où nous devions prendre le bateau pour Tanger. On a dormi sur la plage (la même où Michel se fit dévaliser des années plus tard) avec — chance exceptionnelle — un concert de Mahavishnu en haut, sur la falaise. Le voyage a duré trois jours, trois jours de nausée. On était en troisième classe c’est à dire sans couchettes : des rangées de fauteuil, des tas de bagages. On dormait sur le pont, dans des sacs de couchage ou sur des chaises-longues. Il y avait peu de monde au réfectoire, beaucoup étaient très malades. A Tanger, on vit des allemands chercher en vain, tout de suite après débarquement, leur moto qui venait d’être volée. Un gars nous aborde, nous demande si on n’a pas vu son frère, qu’il nous décrit, dans le bateau. Non. Il a l’air désolé. Il se propose alors de nous accompagner. En plein milieu du souk il nous rackette, déclarant qu’il nous a fait visiter la ville, et qu’il faut payer maintenant. On refuse. Il crie, la foule s’agglutine autour de nous, pas très rassurés. Des flics passent mais ne s’intéressent pas à nous. On finit par payer. On prend un car pour aller à Chechaouen. Avant le départ, les mendiants et estropiés passent, et chacun débite sa litanie. Le car passe par Kétama, capitale du haschich ; un gars nous avait prévenus : “ là-bas, ils tapent contre les vitres du car avec des pains de haschich ”. Ce fut plus discret. Nous avions une cinquantaine de grammes d’herbe dans un méchant sac en plastique. A la sortie du village, des hommes en uniforme, mitraillette au poing, arrêtent le car. Je pousse le sac en plastique du pied, sous le siège de devant. Le car est plein de bagages (mais nous, on a dû payer pour que le chauffeur les place sur le toit), de poules, de cartons... Un homme qui faisait du trafic de shampooing (?) est arrêté. A Chechaouen, au camping, les passeports, qu’on doit laisser à l’entrée, sont empilés par nationalités : les allemands sont, de loin, les plus nombreux. On dit que les marocains ne les aiment pas parce qu’ils ne marchandent pas. Il y a dans ce camping des gens qui sont ici depuis des mois, voire davantage. Les prix sont très bas, on vit pour quelques francs français par jour. On s’ennuie très vite et les filles ont la mauvaise habitude — au début — d’accepter toutes les invitations de ces si sympathiques jeunes étudiants marocains, qui ensuite les coursent à travers le camping pour les sauter, ce qui leur semble être un dû après avoir offert un repas. Les premières fois j’interviens un peu, ensuite je me lasse. Mais il n’arrivera jamais rien de déplaisant. On part pour Al-Hoceima. Le taxi, qui doit nous conduire à la plage, refuse de démarrer tant qu’il n’est pas plein (il prend au moins 5 passagers). Les taxis sont presque tous de grosses Mercedès peintes en bleu ciel. Une bande d’italiens très défoncés et hilares vient compléter notre équipage. A Al-Hoceima, non loin du Club Méditerranée, on est hébergé par un espagnol qui vit dans une grotte. On mange, on boit du thé, on fume toute la journée. Les filles me fatiguent, elles sont trop dynamiques. Je rencontre un suisse allemand qui ne fume pas (il mange le haschich) et qui aime un groupe que je ne prise guère : Eloy. Mais c’est un bon compagnon : comme il ne parle pas français, ni moi allemand, et que notre anglais commun est fort rudimentaire, nos conversations se réduisent à l’essentiel, ce qui est reposant. Le vieil espagnol est très gentil, discret, serviable. On dort dans des paillotes ou dans la grotte. Il y a de bons poissons. Une île, en face, est parait-il un bagne. Le suisse allemand décide de rentrer, il en a marre. Il passera par l’Espagne. Je décide de rentrer avec lui, j’abandonne les filles. Quand on quitte la grotte, le vieux refuse de nous faire payer ; il nous explique qu’il escroque tellement les gens du Club Méditerranée qu’il peut nous offrir le séjour. Ça m’embête de partir comme ça, je lui laisse toutes mes cassettes (là-bas jeunes et vieux écoutent David Bowie, Pink Floyd, etc.). On se quitte très émus. Avec le suisse allemand, on est tellement exaspéré par la perpétuelle mendicité des autochtones qu’on décide de parler une langue inventée quand quelqu’un cherche à savoir qui nous sommes. On nous laisse tranquilles. Excellent café parfumé au caramel avant Tétouan. Il commence à pleuvoir. A la frontière, douanier soupçonneux (je me suis fait couper les cheveux avant de partir mais je les porte très longs sur la photo). Le problème se dissipe aussitôt que je sors du sac à dos le même pull — à fines rayures roses et blanches — que celui de la photo. Passage du détroit de Gibraltar. Flics inquiétants avec drôles de chapeaux en Espagne. Problème des banques fermées en début d’après-midi : je suis obligé de changer des Travellers-Chèques dans un hôtel où je me fais ouvertement arnaquer. N’importe, il faut partit : il faut rentrer. Poulet-frites en gare de Madrid. Quelqu’un m’explique que les rails n’ont pas le même écartement en Espagne et en France. Je suis fort las. On rentre. Salutations et effusions avec le suisse allemand à Perrache, on se promet de s’écrire. On a dû échanger quelques lettres.

 

 

 

L'homme moderne alapage  amazon uk 
   

   
maison   société   textes   images   musiques