La chronique cinéma d’Emile Breton. 9 Doigts, de F. J. Ossang. France, noir et blanc, 1 h 39
Un homme court dans la nuit d’une gare, des wagons luisent sous la pluie. Il trébuche sur un cadavre, s’empare d’une liasse de billets dans sa poche. Il est poursuivi par une voiture. La nuit toujours. La pluie. Un « polar » de plus ? Plus tard, on retrouve l’homme et ceux qui d’abord le poursuivaient sur un cargo sinistre. Coursives, sombre éclat de la mer, de nuit toujours. Film d’aventures maritimes ? Et encore : il se murmure que ce cargo transporte une étrange cargaison, dans les conversations de cet équipage de fortune, il est question d’un proche débarquement et les cartes au mur devant lesquelles s’élaborent des stratégies fumeuses ont davantage l’air de rêveries sous opium que de tracés géographiques. Film d’espionnage ? Fondus au noir entre les séquences, cadrage d’un personnage dans un cercle découpé sur le noir de l’écran, recherches poussées sur la beauté du noir et blanc. Dandysme de cinéaste amoureux du proche passé de cet art, qui savait parler par d’autres moyens que la parole ?
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