Propos recueillis par Damien Aubel
On se rappelle le programme anarcho-poétique de Rimbaud : « un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». F.J. Ossang reprend l’antienne rimbaldienne dans son cinéma à la beauté convulsive. Electrisé par le terrorisme sonore du punk ou de la musique indus, un film de F.J. Ossang est un accouplement sauvage et magnifique : l’envoûtement des films muets et expressionnistes se coule dans l’imaginaire pop des séries B. Après le très beau Silencio (2007), balade portugaise en noir et blanc, Ossang revient avec Dharma Guns pour dynamiter le confort pantouflard d’un cinéma français qui paraît bien frileux.
Poète, agitateur musical avec son groupe MKB Fraction Provisoire, et cinéaste : Ossang résiste à toutes les classifications, comme son film-poème déjoue toutes les tentatives de résumé. On dira juste que c’est l’histoire d’un homme, Stan, qui se retrouve, à la suite d’un accident de ski nautique, dans un univers qui évoque parfois Alphaville. Là, il est question d’un script à terminer, de doubles génétiques et de contamination, ou encore des agissements d’une impénétrable société secrète, les « Dharma Guns« . Le tout dans une ambiance saturée de parano où surgissent des aphorismes e forme de clins d’oeil aux poètes beats ou aux slogans punks. Dans d’autres mains, le résultat serait mauvais, aussi indigeste que prétentieux – mais Ossang filme, avec la grâce d’un romantisme noir, une magnifique rêverie sur la mort.
La suite est à lire dans l’édition papier de Transfuge, datée de mars 2011