Réédition du livre punk culte de l’artiste (transgenre : cinéaste, musicien, poète, écrivain…) Ossang, aujourd’hui introuvable.
Écrit en 1980, publié en 1993 par Warvillers et Via Valeriano, ce récit de colère froide et totale décrit une génération néant qui utilise, dans une logique radicalement punk, la musique et la poésie avec une violence extrême, comme leurs aîné.e.s ont utilisé les armes sans que rien n’empêche la logique suicidante de notre civilisation.
« Les plaintes et les regrets ne servent plus à rien : il n’y aura ni pardon, ni salut. Les dieux sont morts et leurs fantômes
sont des radiations mortelles.
Les armes, la terre, le sang perdu.
La continuité des lignées semble s’être rompue, pour toujours. Il reste des emblèmes funéraires, et le trouble que procurent les dessous féminins.
La lignée, l’énigme de la terre et du sang. Nous sommes les vampires de l’Antécristal. Absents, nous sommes absents du monde. Oculatus Abis.
Apatrides transeuropéens. Revenants. Revenants néants.
Nous sommes les revenants de la Génération Néant. »
Nouvelle édition de l’ouvrage publié par Blockhaus & Warvilliers + Via Valeriano en 1993.
Pour commander : c’est ici
(Note de lecture), F.J. Ossang, Génération Néant, par Vincent Degrez
Introuvable depuis sa publication en 1993, Génération Néant a été réédité en septembre dernier aux Presses du réel/Al Dante. Et à relire ce texte exceptionnel, dans la littérature française comme dans le parcours de F.J. Ossang, on mesure à quel point il fait dans celui-ci fonction de creuset alchimique.
Ce livre-somme de plus de 400 pages se déploie comme une Divine Comédie à rebours, s’inscrivant au début du parcours de son auteur plutôt qu’à son accomplissement. Dans Génération Néant, F.J. Ossang tisse déjà mille motifs qui lui sont propres, inventorie formules-chocs, personnages-clés (et, pour certains, avatars peut-être de l’auteur), indices autobiographiques. Sa prose fragmentée reprend, amplifie et annonce nombre de livres passés et à venir. Plus encore, Génération Néant résonne des premiers cris de ses futurs films, le politico-punk L’Affaire des Divisions Morituri (1985) et l’apocalyptique Le Trésor des îles Chiennes (1990) en tête, et des incantations de DDP (De la Destruction Pure) puis MKB (Messageros Killers Boys), ses groupes de punk et noise’n’roll respectivement.
Chez F.J. Ossang, tout est chaos déchaîné et structure fractale. Micro et macrocosme s’entrelacent, le tout est dans la partie et le morceau préfigure l’ensemble – même si rien n’est tout à fait intervertible, car « l’envers de l’envers n’est pas l’endroit », entend-on dans son troisième long-métrage, Docteur Chance.
Pour lire la suite c’est par ici