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Dharma Guns /// addendum esthétique
(L’Affaire des Divisions Morituri /// F.J. Ossang)
Dans notre critique du Trésor des Îles Chiennes de F.J. Ossang sur Culturopoing, nous évoquions en ces termes l’usage de l’iris (fermeture/ouverture) par le réalisateur.
(à propos de l’iris et du jeu qu’en affectionne le cinéaste. Un procédé renvoyant à un certain cinéma primitif, une période où une nouvelle grammaire inscrivait ses règles vierges de préconceptions, organisant son mouvement, invention du langage-cinéma. Mais impossible de réduire ce jeu à une simple attirance passéiste. Les ouvertures/fermetures d’iris ne fonctionnent pas comme des fondus, laissant croire qu’il y a un avant et un après séquence. Là, on touche physiquement au cadre. C’est tout autant une réduction-direction du regard que son explosion. Car tout porte à croire qu’entre ce que l’on nous donne à regarder et ce qui ne se voit pas – ou que l’on soustrait -, la frontière n’existe pas. Et que la précision d’un cadre – toutes ces belles images – procède bien d’une volonté de dégager de la beauté ordonnée, un acte conscient qui n’oblitère jamais le chaos.)
On retrouve dans Dharma Guns cette même signature du cinéaste. Sauf qu’en total accord avec le projet du film, Ossang détourne le procédé en l’utilisant au figuré. Ainsi, ces deux photogrammes.
Dans ce premier photogramme, l’image se trouve réduite à un point lumineux, l’escalier en colimaçon suggérant le mouvement de l’iris fermeture/ouverture. Et Stan coincé entre le cadre intérieur et le cadre extérieur, entre l’image-cinéma et l’image-monde.
Dans ce second photogramme, au second plan, l’étonnante fenêtre dans la pierre découvre la scène (de l’eau, encore de l’eau), jouant le rôle de l’iris à moitié fermé. Stan et Délie se retrouvent ainsi flottant dans un intermonde aux frontières de l’image.
Deux belles façons de figurer esthétiquement la réalité du film et de ses personnages, coincés dans les limbes, entre la vie et la mort.