3. Melancholia. Lars von Trier
4. L’Etrange Affaire Angelica. Manoël de Oliveira
5. Bons à tirer. Bobby et Peter Farrelly
Pourquoi Philippe Garrel et Hong Sangsoo? Sans doute parce que ce sont les cinéastes qui parlent le mieux de l’amour. Chez le premier, c’est à la fois une plante carnivore et la rencontre de l’absolu et du désastre, une vampirisation dangereuse et une expérience indivisible menacée par les contingences, chez le second c’est l’enjeu d’un mécanisme à première vue purement cérébral, qui passe par une sorte de déconstruction (les quatre histoires différentes qui forment Oki’s Movie) avant d’atteindre à une autre forme de vérité des sentiments. L’un est romantique, l’autre pas. Leurs films parviennent par des voies différentes à une grande pureté d’émotion.Dans Melancholia, la dépression devient un désir de catastrophe et la fin du monde est la représentation d’un état limite de la féminité. Deuxième volet, après Antichrist, d’une série qui s’attaque de front aux composantes biologiques, psychologiques, mystiques de l’identité féminine, Lars von Trier entre dans l’âge d’une maturité incroyablement audacieuse. Le plus que centenaire Oliveira raconte, avec L’Etrange Affaire Angelica, l’histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une morte. Le passé est ici l’occasion pour le cinéaste de revenir aussi vers les sensations de sa propre enfance. Un art poétique qui va à l’essentiel. Enfin, si l’on veut apprendre quelque chose de la misère sexuelle de l’homme occidental et de la prison qu’il s’est lui-même construite, on reverra avec profit l’hilarant Bons à tirer, des frères Farrelly. Mais il y eut aussi cette année Au-delà, le film de Clint Eastwood, sans doute un des plus incompris de sa filmographie, O Somma Luce, de Jean-Marie Straub, La Dernière Piste, western minimaliste de Kelly Reichardt et aussi, entre autres, les films de Bertrand Bonello, F. J.Ossang, Jerzy Skolimowski, David Cronenberg, Nicolas Winding Refn. Bon cru.