Venezia central (un long poème inédit) donne son titre à ce qui constitue en fait une anthologie de poèmes écrits entre 1982 et 2005 déjà publiés sous forme de petits livres devenus introuvables (chez Warvilliers, La Notonecte ou encore Derrière la Salle de Bains). Impossible de ne pas mettre en rapport cette importante traversée de l’oeuvre poétique rare et majeure de F.J. Ossang avec Hiver sur les continents cernés, cette autre anthologie indispensable (comme la genèse de cette oeuvre ?) publiée par Le Feu Sacré en 2012, petit pavé noir regroupant les textes de F.J. Ossang parus dans la revue CEE qu’il dirigea entre 1977 et 1979. L’introduction A toute vitesse, visible sur le site de l’éditeur, est par ailleurs le meilleur texte sur l’élan qui la porte depuis tout ce temps…
Ce qui nous évitera d’interminables blah blah, car il est très difficile de résumer en quelques mots l’importance que revêt pour nous l’oeuvre de F.J. Ossang, poète, cinéaste (l’ensemble de son oeuvre cinématographique a été publiée en DVD chez Potemkine) et musicien (MKB Fraction Provisoire, Baader Meinhof Wagen) auquel ce blog doit rien moins (mais surtout tellement plus) que son nom (il n’aura pas échappé à quelques avertis que Cantos Propaganda est en effet le titre des trois « intermèdes » dans l’album Hotel du Labrador de MKB Fraction Provisoire qui réveillera/saccagera à jamais notre toute jeune adolescence)… Oeuvre vite, globale (de celui qui ne s’est pas soucié d’en laisser une), profondément insurrectionnelle, sans concessions ni compromissions où dansent les fantômes de Crevel, Cravan, Artaud, Larronde, Pound, Pélieu, Burroughs, de la revenance indienne, toute la poésie TXT punk, les situs, l’expressionnisme, l’argentique, le cinéma muet, DADA, le rock’n’roll, la cadence sourde et rampante des musiques industrielles, les paysages infinis depuis l’Argentine jusqu’à la Russie, De la Destruction Pure… « L’homme nouveau doit avoir le courage d’être nouveau » (Raoul Haussmann) acté.