C‘est une ode.
L’ode à Pronto Rushtonsky.
Et c’est vague, une ode. C’est une couleur,
la vague de couleur qui baigne le rivage du fleuve
où la cendre vient crépir l’eau grise et verte.
La vague odeur de parfums et de fumée qui s’étire
dans le Soleil au moment du déclin.
Le bruissement vague dont s’entoure une barque funèbre
quand elle nage vers la proue noire
des vaisseaux fantômes.
Mais je vais dire, tout dire enfin,
l’envie et le regret de s’endormir dans la lumière
si claire où tout s’éteint.
Pronto, pronto, he said.
On ne reverra plus Olivier.
On regarde la lumière. C’est le 26, seize heures.
Une lumière d’hiver commençant. La forme du Soleil rosé
juste au dessus des maisons.
Pureté.
On oublie les bactéries.
Olivier est mort.
C’est atroce.
Olivier dit Pronto Rushtonsky est mort.
La police raconte qu’il avait le bras cassé à 22 heures 20,
le 25 octobre mille neuf cent quatre vingt onze,
qu’il gisait au bord des voies ferrées
du Quai de la Gare,
les bras en croix.
Mort.
La police n’en dit pas plus. Ils veulent voir.
Je pense à des rameaux d’olivier.
D’abord c’est l’absence.