Une villa sur les hauteurs d’une grande cité portuaire, au crépuscule. La chaussée en ciment d’une pente menant au garage. Poussière.
Électricité d’un poste à soudure. Un homme jeune en t-shirt, lunettes noires. Il cesse de fondre le raccordement quand une voix de fille l’appelle depuis le balcon de fer forgé surplombant l’entrée du garage. « War Pimp Renaissance ».La fille porte des gants de latex noir qui montent au dessus du coude. Quand le type soulève ses lunettes de soudeur sur le front, elle lui adresse un clin d’oeil et son baiser s’envole. Elle se retourne et entre dans une grande pièce donnant à l’arrière sur un lac. Meubles couverts de bâches.
De l’autre côté de la villa, un embarcadère et un hangar à bateaux.
La fille regarde le vide lacustre au coucher du soleil. Les reflets sur l’eau noire, et loin sur l’autre rivage, les premières lumières. Elle songe un instant. Poussière de serpents à sonnettes, et des étincelles électriques. Après avoir marqué un arrêt, elle traverse à nouveau la pièce bondée d’objets vétustes et de meubles couverts, puis revient au balcon sur l’autre versant. « Faith Hope and Treachery ». Le Soleil.Le dîner servi sur une table peinte en blanc. Lumière confuse montée des aquariums, un volume d’écailles émerge fugitivement de l’opale. Elle se fige et cherche dans sa poche une boîte de comprimés. Derrière elle, la nuit tombe sur le lac. Un songe lui démonte le regard. « — Mon Dieu, nous sommes maudits — réellement…», murmure-t-elle en s’effondrant sur un fauteuil. L’étrange lumière virant au bord de son visage — puis la ténèbre où ses yeux luisent.
Un bruit de moteur venu du garage.
NOIR.
« Une histoire de nourrissons surcalcifiés remontant depuis le delta. »