Cette secrétaire qui travaille dans une compagnie
dassurance : elle a des malus dans ses fiches.
Il
maurait plu que le peintre Masson réalisât une série de toiles intitulées
« Paix ». Ainsi quelques notables auraient pu avoir, au mur de leur salon, un
« Paix » de Masson.
Parmi les
animaux monogames, il y a le canard. Le canard force le respect. Et pousse
labnégation (la fidélité) jusquà accompagner son conjoint dans la
gibecière. Démosthène, lui, écrivait « nous avons des épouses pour faire des
enfants, des hétaïres pour nous distraire, des esclaves pour en jouir ».
Démosthène force le regret.
Deux
clochards, dehors, assis sur un muret près de la supérette. Devant eux, par terre,
incongru : un cendrier. Pour dire « je ne salis pas » ou « je suis ici
chez moi »?
Que dit cet
homme qui le soir renifle le fond de son slip (au fumet si capiteux)? Il se dit : J ai
vécu.
Douze et jus.
Fin de soirée. Je discute avec un ami. Un jeune homme éméché désire absolument me
saluer. Je lui fais remarquer que tout à lheure, lorsquil est arrivé, je lui
ai serré la louche. Il prend lair offusqué, gêné, fort contrarié, et assure que
non, jamais il ne ma serré la mouche.
Les animaux aussi ont droit à une vie spirituelle (labbé des cochons).
Patricia Kaas les burettes.
Cet homme qui dans le bus, souvent, fait son intéressant (la soixantaine, très chauve,
et vêtu comme un mercenaire sur le retour). Il raconte au chauffeur (à la chauffeuse en
fait; je ne sais pas comment lAcadémie a statué sur ce cas de figure) cette
vieille blague : « si vous ne vous sentez pas bien, faites-vous sentir par les
autres »... Puis il descend. Les commères assises devant moi commentant alors :
Ah elle est bien bonne celle-là, faites-vous sentir par les autres. Ah je la
connaissais pas.
Moi non, plus, cest vrai quelle est pas mal hein?
Et la chauffeuse opine.
333, le chiffre de la petite bête?
Lama : raie noire.
Dernières nouvelles du front hardware : les souris senfilent. Cest bien
pratique.
Cet homme, seul, au milieu de la rue de la République, qui hurle :
Lintelligence...? Pour quoi faire?
Lu sur la porte de toilettes dun centre daccueil
(FJT) : « nihiliste, broute ta petite sur ».
« On nest pas tous les jours en week-end », Christèle Morlu.
À la bibliothèque, une jeune homme, pas trop mal de sa personne, comme lon dit,
mais un peu agité, qui attend son tour pour enregistrer ses emprunts (des bandes
dessinées). Il parle à son collègue (son comparse), il répète à voix haute :
« Jai envie de baiser nom de dieu, une jeune, une vieille, une grosse, une
moche, nimporte quoi... » et il répète ça cinq ou six fois. Les gens se
regardent, mi-gênés mi-mal à laise. Aucune candidate ne se déclare.
... « et, Monsieur, quant à votre théorie sur la genèse du handicap, ça
linfirme... »
Émouvantes femmes qui commencent à vieillir et pathétiques sen défendent. Et non
moins les plus jeunes, maladroites, mal à laise; manquant de maturité.
Lame à raie noire.
Jirai revoir lénorme Andy.
Les bonnes résolutions du lundi matin : ne plus parler aux collègues de bureau, ne plus
rire de leurs blagues, ne plus leur en raconter. Ne plus déjeuner avec eux. Ne plus rien
faire qui leur soit sympathique. Ne pas chercher à plaire.
Pelléas est médisante.
À la supérette, jobserve une vieille dame qui bouge la tête avec la musique
(techno). Je men étonne in petto. Mais non, cela na rien à voir avec la
musique : sa tête bouge tout le temps comme ça.
2 gamines comparent les effets de la panne dessence en avion et en auto. En avion,
tu tombes, et tout le monde meurt. En auto cest moins grave...
Dans la rue, cette femme « dun âge » à sa fille « dun
âge » : « Achètes pas des fleurs : ça sert à rien ».
Je suis légal de Dieu.
Bande de jeunes qui jouent à cracher par terre. Lun explique aux autres :
« Jaime pas comme la crache comme la couleur elle devient ».
Je me souviens de la fin de cette histoire (période : cours élémentaire?) quon se
racontait, gamins : « ... je vis un nègre blanc, qui déterrait les morts pour les
manger vivants ». Jaimerais bien retrouver le début...
Musique industrielle : symphonie en lamineur.
On regarde à droite, à gauche (le fameux « balayage ») et puis lon se
rend compte que lon avait, tout proche, une beauté parfaite, tellement harmonieuse
quelle en était invisible.
Laqueux : luf outre.
Notre jeu nest pas tout à fait au point mais il fonctionne. Il ne tient
quà vous de proposer des améliorations. Si vous gagnez (si vous ne perdez pas),
vous apprécierez à sa juste mesure lineffable frisson qui accompagne le tirage, et
la profonde volupté que nous tirons de parfois discuter, longuement, de la façon
dinterpréter certains points de détail, certaines combinaisons...
Tel colifichet, insignifiant, risible même sur une vieille femme, qui se révèle
tellement émouvant sur une plus jeune...
Ce vieil homme qui, parfois, passe devant larrêt de bus, le matin, en houspillant
son chien qui nen peut mais. Il linsulte atrocement, le
menace de tous les maux. Lanimal ne semble pas ému. Il semble plutôt que ce soit
une façon de proférer impunément des obscénités et des menaces à la cantonade.
(Véridique mais vrai.)
Jaimerais entendre les Suites pour violoncelle seul de Bach, à la guitare
électrique (seule), saturée, épaisse et pleine de feedback, par, mettons, Robert Fripp
ou Phil Manzanera.
Dès que le bus est entrevu, de loin, la plupart des personnes qui attendent se déplacent,
comme pour se placer au mieux par rapport à lemplacement présumé des portes du
véhicule. Bien souvent ça ne marche pas. Pourquoi font-ils cela? Pourquoi
recommencent-ils?
Au restaurant
avec cette jeune femme si complaisante : à ma demande, elle dégrafe son gilet afin que
je puisse commodément profiter de son émouvant décolleté.