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pointj.gif (73 octets) Des textes littéraires de C.B.

 

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L'ensemble des chroniques de Bösersach. Fichier .rtf

  Charles Bösersach

Mars-Avril 2001
L’heure d’été.

 
  Charles Bösersach  
 

 

’orage : c’était tonnant.

 Boulangerie : je demande un pain spécial ; il n’y en a plus. Je prends autre chose. De l’arrière de la boutique, le boulanger me hèle avec ce ton de voix qu’on emprunte pour parlera aux enfants en bas âge, aux animaux ou aux demeurés :
— Et… il ne peut pas revenir dans 5 minutes, le Monsieur ?
Moi, sur le même ton ridicule :
— Ah non, il a trop la flemme, le Monsieur.
Stupeur dans le magasin…

 Grosse filles avec d’énormes chaussures. Elle court.

 J’en veux assez à mes contemporains de ne pas, chaque fois que l’occasion s’en présente, me féliciter. D’être encore là, d’être à peu près présentable. Car enfin, les choses étant ce qu’elles ont, continuer de vivre relève d'une sorte d’abnégation mêlée de politesse qui mérite d’être saluée. Ainsi, faute de reconnaissance, je me vois contraint de déduire que, pour mes contemporains, l’existence n’est peut-être pas si difficile… ?

 Affichette militant pour la défense des embryons… je me prends à imaginer une manifestation d’embryons envahissant le centre ville…

 La fille callipyge que dalle.

 Un nain ridicule, c’est un nabot minable.

 Rêve : un homme vit déguisé en cheval. Mal déguisé (cheval ridicule). Capricieux, despotique, il tyrannise son entourage. Sa famille notamment. Une jour une jeune femme l’entraîne dans un bois. Elle l’enjôle. Puis le tue (une balle dans la pommette). Il y a un moment de flottement puis — elle prend sa place dans la « dépouille » chevaline, elle prend sa place dans la famille.

 Achille Parmentier [Rémi Cardon].

 Cet usage de trottinette donne une idée de la gymnastique mentale effectuée par les marchands et les gens du marketing : « transgresser » certains clivages basiques dans les représentations : enfant/adulte, homme/femme, dedans/dehors, jeune/vieux, ringard/à la mode — l’art de faire du neuf avec du vieux, simplette heuristique…

 Le sale chat du démon.

 Rêve : je rentre avenue F. Une enveloppe NPAI posée sur une boîte aux lettres m’intrique : elle est adressée à Thierry Tillier, au n° 50. J’ignorais que T.T. était notre voisin ! Je m’y rends : l’appartement est vide, la porte entrouverte. Il y a surtout des vêtements et des articles de sport. Plus tard, un homme se moque de pratiques de « ma femme » (boire de l’urine). Quoique très las, je le frappe. Il ne se défend pas.

 En mes fesses qui te plaisent.

 Pas tranquille, la petite dame dans sa petite auto, que cerne le ballet des pelleteuses.

 (bus bondé) : un peu avant l’arrêt, une femme d’un âge demande à une jeune femme debout près d’elle de se pousser car elle va descendre au prochain arrêt… La jeune femme répond qu’elle aussi va descendre. L’autre insiste, la jeune femme lui rétorque qu’elle pourrait bien rester assise en attendant l’arrêt. L’autre conclut « vous avez donc réponse à tout ».

 Le maçon habitait dans la petite ruelle.

 Poêle à mazout et femmes à poil.

 Lorsque j’étais enfant, les dessins de Dubout me paraissaient exagérés, vulgaires ; grotesques. Aujourd’hui, je les trouve réalistes.

 Nicolas sauvagement.

 Monde où l’on qualifie parfois les footballeurs d’artistes, mais jamais les artistes de footballeurs.

 Un nabot rit : gêne.

 Léger accrochage dans la rue. Aucun dégât matériel mais les chauffeurs s’insultent, en viennent presque aux mains.

 Tintin et Larry Fleth.

 Hier (reprise du travail). A l ‘arrêt du bus (qui est aussi le terminus), la lassitude qui s’était emparée de moi (pendant le trajet j’avais les yeux fermés et tâchais de deviner où nous étions) s’affirme : envie de rester dans le bus, prostré, toute la journée, à refaire le même trajet, et même des jours durant. Rester la nuit caché et dormir dans le bus, au dépôt. Evidemment, je n'en fais rien.

 On peut pas être trop fourré aux moules, hein ?

 Jeunes filles se racontent les problèmes (« de mecs »). Vu d’ici (planète Mars) : aléas minuscules d’existences imperceptibles. Petits soucis créés de toutes pièces — pour précisément générer cette impression d’exister : il se passe quelque chose… Puis sans transition la jeune fille rapporte les propos de « son mec » : « il a dit qu’il allait me foutre dans le coffre de la voiture et me faire la peau à M. (coin de banlieue désert très mal famé). »

 La naine, à l’arrêt du bus.
Elle discute avec une de ses connaissances. Propos très ordinaires. Décevant.

 Fusil à lunette, fusil à quéquette (Gromdom).

 Bousculant par mégarde (distrait) une vielle dame [comment passe-t-on du statut de femme à celui de dame ? une vieille dame, ç’a autrement de tenue qu’une vieille femme] dans la rue, je — évidemment — m’excuse platement mais surtout, m’étonne in petto, de l’exceptionnelle robustesse de la personne : sous le choc, elle n’a pas même bronché !

 Célibatteur.

 Portables (encore !) : le gens s’appellent pour parler — de leurs portables : « tu m’as pas répondu », « je t’ai laissé un message », « ça sonnait occupé », voire (pis) pour discuter de leurs forfaits (leurs abonnements, pas leurs délits)…

 Teinte 1 (Emile : où ?).

 Une de mes premières pensées, le matin, au réveil, consiste à déterminer « quel jour on est ». Le jour où on est est l’unité qui sert à évaluer mon degré de souffrance dans l’échelle hebdomadaire du salariat : souffrance abjecte le lundi matin (avec idées de suicide, d’abandon, de drop out) ; espoir fragile le mercredi, début de jubilation le vendredi. C’est dire comme j’aime travailler.

 Dans Internet, il y a « terne ».

 Rêve : je me baladais avec deux collègues de bureau. J’avais emporté un radiocassette sur lequel je passais 666 d’Aprodite’s Child. Je le pose sur le socle d’un édicule EDF. On continue de marcher. On croise trois ou autre jeunes délinquants. Le radiocassette passe le morceau émouvant où Irène Papas halète et gémit… Je me demande s’ils vont voler mon appareil. La « musique » crée un climat bizarre. On continue. Je sens les jeunes dans l’expectative. La campagne devient pentue ; on renonce. La musique est toujours audible. On traverse des villas. Je renverse les meubles — en pensant aux Who. De retour en agglomération : des camions de police. IL a dû se passer quelque chose… Posé ostensiblement, le radiocassette pouvait passer pour un piège. Je pensais qu’ils ne le voleraient pas. J’entends une chanson d’Aphrodite’s Child (D. Roussos) ; une chanson inédite ! Je cherche l’appareil : il est posé sur un énorme camion qui s’éloigne vers la zone industrielle. Je cours derrière en vain. Je cours (pour quoi faire ?) mais le camion s’éloigne. Je me réveille épuisé.

 Les pompes funestes.

 Ho no ! Red balls hawk (très très mauvais, celui-ci).

 Les employés de mairie cancanent dans le bus. L’un d’eux repéré depuis des lustres pour son attitude bizarre (il est affecté de nombreux tics) s’appelle Vincent. Ils spéculent sur le prochain maire, et ce qu’ils lui demanderont : aménagements des bureaux, surtout.

 Alerte rouge, alarme blanche.

 Le pathétique absolu de la femme qui, refusant de vieillir, use de tous les subterfuges : profondément émouvante. L’homme, qui du reste se trouve rarement (tout au moins jusqu’ici) en pareille nécessité, est en ce cas nettement moins touchant.

 Léchant deux mâles — d’aurore…

 

  
Charles Bösersach  

Charles Bösersach

 
    

  
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