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    Charles Bösersach

Août 2001 (I)

 
  Charles Bösersach  
 

  

ans le train : je regarde les seins d’une jeune femme, le visage intéressant d’une autre. Je recompose, crée un femme nouvelle.

 Ça vaut l’coup : ça vous l’colle.

 Quelque chose nous a fait mal et il a fallu compenser pour continuer. Par la suite, et conservant cette habitude, nous avons généré une faiblesse bien plus grande.

 Légère, Annie, hmm…

 En bus, dans un tunnel.
Pigeon volette près du plafond.
Étrange.

 Un nain qui est inquiet.

 Était-il ivre ou fou cet homme débraillé qui, de temps en temps, émettait une sorte de meuglement suivi de quelques mots balbutiés, incompréhensibles ? Étaient-ils sourds les gens autour qui faisaient mine de ne rien remarquer ?

 Il faut laisser les mous choir.

 Dans une camionnette conduite par Noël Mamère, et chargé de gros pots de peinture blanche. On nous ramène en ville. Mon travail consistera à repeindre les rues (le sol) de la ville. On me laisse avec mes pots, mes pinceaux. Me vient alors l’idée, que je trouve excellente, d’ajouter un peu de bleu dans la peinture : magnifique bleu pâle. C’est « génial » : des rues bleu pâle. J’ai un peu de mal à travailler à cause des véhicules qui veulent passer avant que cela soit sec (et puis je n’ai pas de panneaux de chantier). À midi, J. et moi déjeunons dans un infâme boui-boui. Nourriture misérable, population vulgaire, bruyante. De retour sur le lieu de travail, je constate que des employés municipaux sont occupés à nettoyer « mes rues » au Karcher : probablement quelqu'un se sera plaint au maire. Je suis déçu et déprimé.

 Génisse en bouillie.

 Elle fouille dans son sac à main ; long manteau noir ouvert sur une jambe succulente.

 Il suffit d’un peu de fatigue pour qu’apparaisse (réapparaisse) « toute l’absurdité du monde ».

 Une jeune femme dont je ne parviens pas à décider si elle est séduisante ou antipathique (d’autant que les deux ne sont pas antinomiques).

 Entendu dans le train : « si j’étais toute seule, je mangerais mon cake ».

 Elle a un gros cul et de gros nichons. J’aimerais bien lui « taper dans la lune ».

 Femme à lunettes noires, femme à quéquettes noires (Dominique C.).

 Cul somptueux (comme rarement), le string à peine deviné sous la robe légère. Mais elle marche trop lentement, cela m’ennuie — et je la double.

 Est-il nécessaire que vous sentiez si mauvais ?

 Matin, très tôt. Une petite mémé qui trottine en marmonnant. Où va-t-elle ? Où va-t-elle ?

 Une douleur dans le nez (insolite) & aussitôt je pense à un cancer. Imaginer le pire : on n’est jamais déçu. Ecrivant ces lignes je pense « le lecteur (1) va imaginer bösersach hypochondriaque ». Non, pessimiste simplement, ou mieux : réaliste. Ces choses existent, je les ai rencontrées. Les horreurs que le monde est capable de produire — pour s’en convaincre ouvrir sa télévision, visiter un hôpital ou taper les « bons » mots-clés dans votre moteur de recherche favori — les horreurs que le monde est capable de produire me confortent dans cette attitude (et dans mon impossibilité, quelle que puisse être ma bonne volonté, de pouvoir croire en Dieu (par exemple). Je suis par ailleurs un excellent convive, la plupart du temps.

 Les grosses caquettent.

 L’art, ému,
naît ration.

 De certaines femmes : l’impossibilité d’imaginer qu’elle aient pu être désirables un jour.

 Il mâche du chewing-gum pour qu’on ne voie pas qu’il parle tout seul.

 Elle dit « je ne sais plus où je suis » (elle parle de l’endroit où elle a garé sa voiture).

 L’art est tension.

 Sortir de « chez soi » retrouver le chaos, ce fatras qui constitue le monde. En quelques secondes cela vous annihile : redevenir un simple élément du désordre.

 La pie pète.

 Accident en montagne : cadavres et skis.

 Avec J. chez Superdrug (sic) : vu un homme qui cherchait anxieusement « des élastiques et du papier d'Arménie »... mystère.

 C'était la Paméla qui a surpris des filles bavarder et a trouvé l'emplacement de la ruelle de l'amoureux, et les activités qui ont continué là. Et c'était elle qui avait stimulé la première expédition soigneuse aller voir ce qui était là. Le résultat était une combinaison de deux plus grandes éruptions sexuelles de les deux amoureux dans un module local convient de vacances, disponible n'importe quelle nuit chaude (sic).

 Parking des Halles. Le panneau indique PHalles.

 Le blanc est triste hélas et j’ai bu tous les rouges (Marc B.)

 Je suis à un âge où je ne me fais plus emmerder par les vieux — et pas encore par les jeunes.

 Un parapluie cassé (fracassé) jeté dans le talus : témoin de quel drame ?

 Le roseau joue.

 Gros homme bizarre qui marche en se frottant les mains. Il est en sandalettes (et nous sommes en hiver (2)).

 De dos, une femme avec des oreilles phénoménales. Elle pousse un landau. Je ne peux m’empêcher de lorgner les oreilles du bambin.

 Langue de bois, gueule de bois, jambe de bois (& la caravane passe).

 Je préfère les Châteaux Chinon.

 L’arrêt des buses.

 Buse : mon ânesse.

 A dit rien, a fait rien, a pense rien — acarien (Dominique C.)

 Dans la ville : partout des pendules. Aucune à la même heure.

 Charançon du succès.

 Zoophilie : l’hippo succion.

 Métamorphose : cette collégienne ordinaire, discrète qui, un beau matin, insolente, se présente en jeans moulants, petit blouson argenté, vulgaire, ridicule, tout à fait désirable.

 Croque de bite.

 Une prostituée devant une agence d’intérim sur la vitrine de laquelle est inscrit « métiers de bouche ». (Bruno L.)

 Les conquises t’adorent.

 Belle fée gore.

 Jeune femme, future vieille femme.

 Cette petite dame à l’air très en colère que je croise presque chaque jour. L’air en colère, toujours.

 L’agent se tasse.

 Tout le visage tiré vers le bas : plasticité, effet de la gravité (aux deux sens du terme).

 Une jeune femme insignifiante (très jolie).

 Expression insupportable : « il faut savoir raison garder ». Tarte à la crème garder, aussi.

 Cette femme qui fume d’une air dégoûté, examine sa cigarette avec suspicion.

 Être poli/faire semblant d’être poli — quelle différence ?

 Elle a un air désolé, elle s’abrite sous un parapluie tout cassé. Et puis : il ne pleut pas.

 Expression canadienne pour dire qu’on n’est pas très frais : je suis tout mêlé.

 Une albinos, c’est troublant.

 La petite dame renfrognée du matin, s’arrête, fouille anxieusement dans son sac, mécanique déréglée. Peut-être la fin du monde commencera comme ça…

 Pourquoi protester contre la peine de mort ? on est tous condamnés…

 Aux toilettes du restaurant : « femmes : tirez, hommes : poussez ».

 Graffiti : « PD = petit derrière ».

 Grosse femme toute en bourrelets. Habillée « sexy », elle porte un pantalon gris foncé en toile très légère à travers lequel se devine une culotte noire échancrée, toute en dentelles. Perplexité.

 

(1) Je sais qu’il y en a un !

(2) Les carnets sont parfois retranscrits avec quelques mois de retard !
   

  
Charles Bösersach

Charles Bösersach

 
    

  
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