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doub doub doub doub doub. Ici, on sait ce que télévision d'État veut dire.
On ne trouve donc pas plein de petits films qui entrecoupent les plus grands. Pas de
publicité, donc, sur les deux chaînes publiques ainsi que sur les multiples chaînes
régionales. On m'a assuré qu'il y en avait quand même. Sûrement pas beaucoup, alors.
En tout cas, rien à voir avec les homologues françaises, pourtant destinataires de la
redevance.
Rassurez-vous, les autres chaînes privées se partagent le gâteau publicitaire. Au menu
: voitures et footballeurs. Les constructeurs français sont présents : Peugeot y vend
ses deux cent et quatre cent six, Renault sa Scénic et Citroën sa Xantia version Claudia
S. Vu le nombre d'automobiles françaises qui (dé)peuplent les rues, l'impact n'a pas
l'air immédiat.
Les footballeurs, eux, sont allemands. Ainsi, Franz B. vante les mérites d'un réseau de
téléphonie mobile, Oliver B. est très bien assuré et s'en remet aux bons soins d'une
grande marque de cosmétiques française pour faire ce qu'il veut avec ses cheveux. Berti
V., le malheureux et ex-entraîneur de l'équipe nationale qui, rappelons le, n'est pas
"championne du monde", déguste des yaourts perché sur un arbre. Il aurait
mieux fait d'entrainer ses joueurs.
Même pas mal !
J'en profite donc pour ouvrir ici une
parenthèse footbalistique car je viens de décider que je n'écrirai pas de kronik sur le
sujet trop ennuyeux du football allemand.
Le problème de l'équipe nationale n'est pas tellement d'avoir perdu la coupe du monde;
on sait très bien que les brésiliens sont les meilleurs joueurs du monde. Non, le
problème est que les français ont gagné. Ça c'est insupportable venant d'un pays où
l'on fabrique des unter-voitures et où le français se lève le matin pour acheter une
baguette de pain et un kil de rouge et non pas pour jouer au football. Ne rigolez pas, on
m'a déjà ressorti ce cliché éculé.
Mais comme bien souvent, la vérité est toute autre et la vraie raison de la victoire de
l'équipe de France, je l'ai lue dans un quotidien populaire, dont la crédibilité est
assurée par la gonzesse à poil figurant sur la couverture, et qui nous raconte que les
brésiliens ont bel et bien été «empoisonnés par le cuisinier de l'hôtel».
Les allemands, eux, ont bien perdu et cela devait être un week-end, car le vendredi
d'avant le match, les drapeaux nationaux étaient de sortie aux fenêtres. Quand je suis
rentré le dimanche soir, tout avait disparu.
Fin de la parenthèse car j'avais presque oublié ce nain de Lothar M. qui vante les
mérite d'une chaîne de télé à la télé. En l'occurence Premiere, qui est
l'équivalent ici de Canal de l'autre côté du Rhin.
Carré blanc.
Et c'est une excellente transition pour
vous parler des deux seules publicités que je regarde du début jusqu'à la fin sans
zapper. Toutes les deux sont pour Premiere.
Dans le premier film, un jeune homme en costume, donc sérieux, sort du travail en se
bouchant les oreilles de ses doigts et en crachouillant de la bouche pour faire du bruit.
Nous le suivons dans la rue, jusqu'à l'arrêt d'autobus où bien évidemment il s'attire
tous les regards réprobateurs / interrogateurs. Dans le métro, idem. Jusqu'à chez lui,
il ne se départit pas de son comportement d'isolation sensorielle. Dans l'entrée de
l'immeuble, sa voisine, ménagère de cinquante ans, attend l'ascenseur les deux bras
chargés de victuailles. Comme elle ne peut pas appuyer sur le bouton d'appel et que
l'autre est insensible à toute manifestation sonore, elle lui fait comprendre d'un
mouvement de tête qu'il faudrait songer à appuyer sur le bouton. Il enlève alors un
doigt de son oreille et tend le main vers le poussoir. "Trois à zéro" lui
dit-elle alors. Marrant, non ? Et en plus le même score que France-Brésil.
Le deuxième film est garanti inzappable. Une jeune femme bien mise de se personne, en
tailleur ultra court, est assise face au téléspectateur, les deux coudes appuyé sur la
table. Comme ses jambes ne sont pas croisées, on voit clairement ses dessous. Elle
commence à susurrer comme quoi Premiere par ci, Premiere par là. Elle pourrait très
bien aussi raconter que sa voiture française va plus vite que toutes les voitures
allemandes et nananèreu, que les footballeurs français ne sont pas des homos, eux,
puisqu'ils sont champions du monde, plus personne n'écoute et tout le monde n'a d'yeux
que pour le triangle blanc entre ses jambes. Le film est brutalement coupé pour nous
montrer les extraits de programmes à venir, puis notre nymphette réapparaît - elle n'a
pas changé de position - pour nous faire un dernier sourire concupiscent. Résultat :
l'agence de publicité a fait son travail, le film publicitaire est regardé tout entier.
Quant à ce nain de Lothar, il nous présente les soirées de football multi-sessions,
multi-points-de-vue, avec tellement de caméras qu'il y en a certainement une dans les
vécés des filles et une autre à l'intérieur du ballon.
Home cinéma :
Mais que vois-je tout à coup ? Des
voitures françaises en pagaille et puis cet hôtel, je le reconnais. C'est l'hôtel L. en
face du sex-shop dans ma rue. Un coup d'il à la couleur des cabines téléphoniques
jaunes et aux plaques d'immatriculation : nous sommes bien en Allemagne, à
cinquante mètres de mon ancienne habitation. Les voitures françaises sont dues à la
présence dans la ville du siège social de l'importateur d'un constructeur automobile.
Le problème, ce sont les prostituées. La rue en est remplie et ça, c'est inhabituel.
Pourtant, le téléfilm a l'air récent. Fort heureusement, le scénariste a prévu ma
perplexité et l'action se transfère aussitôt de l'autre côté de la frontière, en
France. Là, le législateur a lui aussi bien fait les choses et un coup d'il aux
pare-brises des voitures m'indique l'année du tournage : quatre-vingt quatorze. Trop
vieux pour moi, mais qu'est ce qu'on peut apprendre simplement en regardant une voiture.
Renseignements pris auprès de mes collègues de travail, le quartier chaud a
effectivement été déplacé plus au sud, la seule réminiscence étant vraisemblablement
le bordel dont l'entrée est située en face de celle de mon immeuble.
Quant au téléfilm, il se finit dans le sang à coup de pistolets comme dans presque
toutes les séries qu'on peut voir à la télé allemande.
Une star est née.
Je suis sûr que vous vous demandez
« Mais au fait, qu'est-elle devenue ? » Je veux parler d'une de nos
éternelles icônes de la chanson française : Mireille M. Et bien elle est toujours de
noir vêtue, porte toujours sa coiffure noire à frange du siècle dernier, et chante en
allemand dans le parc de ma ville. Le présentateur annonce qu'elle reviendra plus tard
pour chanter deux autres chansons. L'émotion est trop forte pour moi : je zappe. Quelques
mois plus tard, la revoilà dans un gala. Méfiez-vous, elle doit s'entrainer pour son
futur come-back.
Plus généralement, les allemands sont friands d'émissions de chansons traditionnelles.
Un présentateur sur-maquillé, des chanteurs et chanteuses en habit traditionnel de la
planète Fudebier, un décor bucolique à base de vielles maisons en carton-pâte et des
fleurs partout. Finalement rien de bien surprenant, sauf qu'ici, pendant que l'artiste
chante en play-back, l'assistance est assise sur des bancs en bois et ingurgite des
hectolitres de bière. C'est vrai que la chanson, ça donne soif.
Mon nom est personne.
Autre part importante de l'audience
nationale : les magazines "people". Ici, ils portent le nom de leur animateur,
à l'américaine. Ainsi existent le Harald S. show, le JBK show, Boulevard B., le magazine
d'informations Sabine C. Comme en France, les invités tournent entre les différentes
émissions au gré de leur actualité. C'est très ennuyeux.
Allo la terre ?
La nuit, le meilleur canal est sans
conteste le chaîne régionale bavaroise. Outre le fait qu'elle retransmette les
lancements de fusées Ariane en direct de Kourou, on peut y voir la meilleure émission : Spacenight. Des images de la terre prises depuis la navette spatiale sur
fond de musique mi-new-age, mi-techno. De temps en temps, une carte animée nous indique
les régions survolées. C'est une sorte de xearth mon programme préféré en vrai
grandeur. Je ne suis d'ailleurs pas le seul amateur de cette émission : le livre d'or de
la chaîne en est rempli.
Pendant que, sur les autres chaînes, ce ne sont que déluges de feu et bains de sang ,
cette émission est tout simplement ... reposante.
Alors bonne nuit. |