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h Marseille ! Contrairement à ma dernière
virée, j'apprécie vraiment de venir ici...
Débarqué du TGV tranquille vers 11h du matin, je me sens déjà tout ragaillardi par la
vision de la mer que l'on longe depuis l'Estaque jusqu'à la gare.
La veille, j'ai vu Marius et Jeannette, dont l'action se déroule précisément
à l'Estaque... je suis donc dans de bonnes dispositions, proche de la béatitude. Fausse note, tout de même : les flics qui imposent une
fouille précise à tous les « pas de chez nous » qui voudraient s'embarquer dans le
train pour Lille et Bruxelles. Des fois qu'ils voudraient passer de la drogue dans leurs
sacs de fringues... Le métro n'est pas tout rose non plus, à commencer par cette espèce
de descente aux enfers, digne du métro parisien : l'escalier roulant s'enfonce,
s'enfonce, pour finalement conduire à un environnement ultra-moderne, en clair
déshumanisé, où les rames aveugles foncent dans les boyaux pour s'arrêter là où on
leur dit. Ca m'impressionne toujours le métro automatique, car ça boit moins qu'un
chauffeur et ça fait moins grève qu'un cégétiste.
C'est pas que je trouve ça passionnant de conduire des
métros, ni que je regrette le temps où l'on pouvait parler aux conducteurs (j'ai jamais
vu ça que dans les bus), mais je trouve dommage de ne pas payer un pauv' type qui serait
content d'appuyer sur ses boutons pour faire bouillir la marmite. Surtout que dans un tel
cas, difficile d'invoquer l'excuse michelinesque de la concurrence internationale ; si le
métro est trop cher à Marseille, je vais pas aller prendre le métro de Mexico...
J'en étais là de mes réflexions, quand la voix sortie des
hauts-parleurs me dit avec toute la poésie dont elle est capable, de descendre car c'est
mon arrêt (en fait j'extrapole, elle se contente d'annôner bêtement une liste de
stations).
Je suis donc maintenant sur les docks de Marseille, où le
génie moderne a encore frappé : transformer des entrepôts vieillots et désormais
inutiles en bureaux d'affaires, business center et tout le tremblement. Comme vous l'aviez
sans doute compris, c'est plein de méfiance que je m'enfonce dans ce nouveau (?)
bâtiment. Surprise, c'est pas si laid que ça. Ce serait même plutôt agréable : le
promeneur traverse des cours où une passerelle en bois surplombe un bassin où s'agitent
de vrais poissons bien nourris.
Les étages supérieurs donnent donc d'un côté sur la cour
et les poissons, et de l'autre, par le biais de grandes baies vitrées sur la
Méditerranée et le ciel bleu. Mais voilà le bureau dont j'aurais besoin ! Quand le
boulot t'emmerde, regarde par la fenêtre !
Tout ébloui par ce que j'ai vu, je retourne ensuite dans
les cours aux poissons, car il y a aussi un restaurant. Le sport local, à la terrasse de
celui-ci, est de regarder passer les gonzesses qui se dépêchent en espérant qu'une de
celle-ci fera un écart trop brusque en courrant rejoindre son bureau... Comme ça elle
pourra barboter avec les poissons et nous faire un concours de chemisier mouillé...
Finalement la France n'est pas si homogène qu'on veut bien
le dire. A Paris, un centre d'affaires comme celui-ci s'appellerait La Défense,
et j'aurais déjà songé douze fois à me suicider. Au lieu de ça, je commande un café
avec le pousse... |
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