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« Le monde n’est habitable qu’à
condition que rien ne soit respecté. » Voilà une
proposition —l’auteur importe peu— dont il est nécessaire de
tirer les dernières conséquences. Notre relation au monde, qu’on le veuille ou non,
dépend de la norme éthique qui nous est imposée. Il serait licite d’accepter la
norme, en raison de ses vertus intégratrices, et dangereux de la refuser; syndrome de
déviance en quelque sorte !
La norme sociale a toujours plus ou moins imposé le sacrifice de l’individuel au
collectif, le monstre communautaire, peu importe ses formes. Nous pensons ici à un des
géniteurs du conformisme moderne (Durkheim) et à ses analyses de la
« solidarité », qu’elle soit mécanique ou organique. En d’autres
termes, la communauté se structure par la production de l’Interdit, de la Religion,
puis de la Loi. Beauté de la sociologie et de son discours « neutre »,
aseptisé et si respectueux de l’ordre sociétal !
Mais qu’y a-t-il derrière la plus grande partie du discours
universitaire —discours légitime car distributeur de sens— sinon la
volonté d’occulter le fonctionnement réel su social —et la violence qui
est au cœur du social...
La règle, la norme, la loi jouent le rôle d’invariants; on ne remet pas en
cause les invariants, sinon il y a danger. Les penseurs d’État salariés ont
toujours sacralisé la norme, de Durkheim, idéologue humaniste et
« républicain » (ambiguïté du terme, on y reviendra) à Levi-Strauss,
dernier avatar décomposé de la pensée universitaire. Le culte de la norme et de la loi
s’imposent : il est nécessaire de respecter l’autre, ses coutumes et
ses lois. Utilité de l’intégration : respecter c’est déjà
accepter.
Respecter quoi
au fait ?
La mort, les morts, les traditions; l’interdit bien sûr; mais aussi, pourquoi
pas, la richesse et le pouvoir; liste non limitative...
Proposition
n°1 : ne respectes pas ce qui te nie.
N’acceptes pas ce qui te détruit. Ne donnes pas ton aval à ce qui te
tue ! À commencer par le culte des morts et de leur mémoire, ce sinistre culte
de la communauté organique, où la mort est héroïsée, avec une seule destination
possible : les cimetières ! Ne jamais oublier ce qu’ont pu engendrer
les répugnants avatars du culte du sol et du sang ! Et à ce titre, ne pas
oublier un des principaux postulats du fascisme : l’État est tout et
l’individu n’est rien. En conséquence, le seul « destin » de
l’individu serait de se sacrifier à la survie de l’espèce. Sur ce terrain, le
XXème s. dans ses versions démocratiques ou fascistes, a mis en œuvre un projet qui
porte un nom très précis, celui du darwinisme social. Il s’agit d’abord
d’intégrer les déviants —ou de les liquider. Que la mort soit brutale ou
soft, comme l’injection de la dose létale à Huntsville (Texas), le résultat est le
même : nécessité de purifier la communauté de ses éléments
« étrangers ».
Remarquons à ce titre que la Gemeinschaft des nazis, fondée sur l’élimination du
matériel génétique irrécupérable ne vaut pas mieux que la criminalisation
démocratique des déviants, de Skinner à l’usage massif des drogues de confort.
Reste que l’enjeu de tout cela est identique : la communauté se construit
dans le rejet de l’autre et, cas-limite, sa liquidation.
Admirable méthode pour construire le consensus, c’est-à-dire, faire accepter à
l’esclave le discours du maître, même perverti ou dopé d’évidences
« scientifiques ».
Remarquons aussi au passage que si les peuples acceptent ces discours c’est
qu’ils ont aussi les gouvernants qu’ils méritent ! (cf. De La
Boétie). Mais nous, nous n’aimons pas la servitude volontaire !
Proposition n°2
(sous forme de question) : Quel est le point commun entre Joseph Gœbbels et
Tony Blair ?
Question volontairement choquante, histoire de hérisser les socio-médiocrates !
Réponse : le propagandiste en chef du IIIème Reich a bien fait son sale
boulot, au service de l’immonde, en utilisant toutes les ressources de la
bureaucratie rationnelle (merci à Weber) et d’une technologie archaïque bien
qu’efficace (Radio-Cinéma-Propaganda).
Quant au propagandiste Tony Blair, il fait le même sale travail d’oppresseur, mais
au service d’un socialisme post-moderne.
Question : qu’est-ce que le socialisme post-moderne ?
Réponse : la revendication d’un monde où les lois du marché joueraient
à plein rendement. Avec leurs conséquences : travaillez beaucoup (pour que
dalle !) et fermez-la (ou on cogne).
La blairophilie c’est du nazisme soft et clean. La flexibilité + un
contrôle social maximal = la troisième voie, en quelque sorte ! Avec
des alibis humanistes. Mais nous l’humanisme, on s’en carre !
Proposition n°3
(toujours sous forme de question) : quelle est la différence entre Tony Blair,
démocrate dont la traçabilité est incontestable, et Jörg Haider, extrémiste ?
Réponse : différence de degrés, mais pas de nature. Dénominateur
commun : la volonté de faire le même sale boulot dans le cadre d’une
démocratie oligarchique.
Dans le cas du premier, il s’agit de rien de moins que de revenir à l’époque
des workhouses. Car le socialisme post-moderne peut être ainsi défini : les
workhouses du XIXème s. + les start-up; pour la plus grande gloire du
Marché !
Quant au second, le chantre de la communauté nationale-populiste, il manipule les masses
avec les mêmes techniques que le premier : sourire médiatique, image clean et
sportive, marketing politique, vide du propos, inanité du discours.
Conclusion : ne soyons pas injustes : nous n’avons aucune raison
de préférer les têtes de veaux blairophiles (les modernes) aux têtes de porc du FPÖ
(dites post-fascistes).
P.S. : Salut à Vienna la Rouge ! À celle et à ceux qui luttent
contre la régression que représente Haider et ses sbires ! Les nazis
n’aimaient pas « l’art dégénéré »; quant aux idéologues du
FPÖ, ils sont sur la même longueur d’ondes : dénonciation du nihilisme
culturel, reprise du Kulturkampf; et en dernier lieu, exaltation d’une
communauté nationale purifiée de ses allogènes !
Tout cela nous le haïssons !
Mais il nous semble nécessaire de préciser ceci : l’unanimité contre
Haider —au nom de la Démocratie— est plutôt révélatrice d’une
certaine indigence de la pensée. En effet, on ne peut lutter efficacement contre la
régression à travers l’exaltation rituelle des « droits de
l’homme » et de l’antifascisme. Assez de discours-alibis !
Nous reviendrons sur ces points.
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