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l est des balles qui tuent par hasard. Ceux qui appuient sur la gâchette
n’ont pas l’intention de tuer et sont donc exonérés de toute responsabilité
—les balles sont celles de Tsahal et les victimes de ces « balles
perdues », palestiniennes.
Beaucoup de victimes, mais si l’état d’Israël tue, c’est par hasard, pour
se défendre en quelque sorte ; les palestiniens n’avaient qu’à se
résigner, éviter d’être dans la ligne de mire, et croupir dans leur misère. Cette
vision grotesque d’une réalité tragique, on la doit à un certain Henri Lévy,
habitué des salons parisiens, homme de réseaux, cinéaste raté et pseudo-penseur. Un de
ces chiens de garde du système dont l’inanité théorique et pratique mérite au
mieux une seule réaction : «Ta gueule connard, va mourir ! »
Le problème est qu’Henri Lévy, déjà enseveli sous sa propre bouffonnerie,
continue à pontifier ; cet humaniste notoire pratique un étrange langage, en
clair : deux poids, deux mesures. Quand Israël tue des palestiniens, c’est
le fait du hasard (LCI, fin octobre 2000). Ce dont, vues la puissance de feu et la
sophistication des armes de Tsahal, on peut douter. Tirer dans la tête des chebab
n’est pas le fait du hasard ! Mais, inversement, selon l’avocat Henri
Lévy, fervent défenseur du bras armé d’Israël, la mort des soldats de Tsahal
est l’expression d’une immonde barbarie. Hier, pour le juif, c’était
« l’aryen nazi » qui était le barbare ; aujourd’hui ce
sont les chebab des territoires occupés. À partir de la victimisation déclinée
au passé, on justifie une répression infecte ; celle exercée par l’état
juif sur les sans-terre et les sans-droits, les palestiniens, ceux qui ont été spoliés.
Sur ce terrain, la vision d’Henri Lévy est étrangement sélective : si
des arabes exhibent leurs mains sanglantes, c’est qu’ils expriment la férocité
de leur race. La répression exercée par Tsahal est juste et modérée, Israël a
Dieu de son côté, quant aux autres…
Deux poids deux mesures donc. L’indulgence d’Henri Lévy va naturellement du
côté de Tsahal, les civilisés (dont Henri Lévy) ne sauraient accepter la
barbarie à visage humain (celle des arabes). Si le discours du philosophe a une fonction
« tribunicienne », on peut se poser cette question en toute
légitimité : à quoi sert Henri Lévy, cet imbécile confit dans sa bonne
conscience, ce triste con de moraliste ? Un philosophe Henri Lévy ? Un
droit-de-l’’hommiste mondain, bouffi de sa propre vanité. On le comprend
quelque peu : vus de la Colombe d’Or (Vence), résidence privilégiée des
crapules médiatiques, les taudis de Gaza, c’est très loin ! L’être
détermine la conscience…
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