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ier,
on pouvait dire « bête comme un peintre ».
Aujourd'hui, sans guère se tromper, aussi con qu'un D-Jay.
Le service de communication de l'armée française l'a
bien compris qui utilisait déjà de la techno
pour ses clips de recrutement —histoire d'envoyer la piétaille
tester les effets secondaires des balles à uranium appauvri !
Musique clean que la techno, au moins pas de problème
avec les textes ! et, à 150 bpm, tu peux parfaitement
t'identifier à Robocop. Bref, la cyber-euphorie en version
militaire, con, bas du front et fier de l'être.
La niaiserie inoffensive des love parades ne suffisait pas,
on peut désormais savoir (Tracks, 24/11/2000) que des
D-J français ont joyeusement participé à une
rave à Belgrade, à la fois sponsorisée
par la firme U.S. Lucky Strike et Marko Milosevic —le playboy
maffieux désormais en fuite, digne fils de son boucher de père,
c'est tout dire ! Le discours des D-J qui ont participé
à cet événement européen et festif est
assez révélateur, dans le genre « j'ai les
neurones niqués et je suis content » !
DJ Bob (Sinclair) affirme naïvement être venu apporter
« une bouffée d'air frais à Belgrade »,
histoire d'évacuer l'odeur des charniers de Bosnie et du Kosovo !
Quant à DJ Yellow, il jure ses grand dieux que « la
musique n'a rien à voir avec la politique ». Discours
éculé, entendu cent fois, toujours aussi puant. C'est
ça, prends ta dose d'infra-basses et oublie que le monde brûle !
C'est fresh et cool, la techno ! Surtout
quand on a le mental d'un têtard décérébré.
Mais, n'oublie pas que les produits de synthèse ça liquéfie
le cerveau !
Je n'aime pas les gens, en particulier ceux qui demandent « comment
ça va ? »; formule rituelle, automatique. Cela
rappelle la loi de Gresham : la mauvaise monnaie chasse
la bonne; le cuivre, le billon, les mélanges bâtards
se substituent à l'or. Même problème avec les
mots. À trop circuler, ils perdent de leur poids; dévaluation,
perte de sens. Même s'il est possible de résister et
de préférer, au choix :
- l'ivraie au bon grain;
- la proie et l'ombre;
- la tempête au grand calme.
Les « comment ça va ? » nous semblent
—entre autres— de dérisoires rituels sociaux, destinés
à tester la soumission de l'esclave salarié, qui n'a
pas intérêt à être contre-productif et se
doit d'affirmer « Ça va bien ! »,
sans trop y croire —le travail tue ! Il y a des formules
plus appropriées et moins stupides que les « comment
ça va ? », « comment ça va la
douleur ? » par exemple !
C'est loin l'Équateur ?
Les peuples ont, après tout, les dirigeants qu'ils méritent.
Ainsi, dans le cas de la Russie, la nostalgie impériale se
porte bien, le dernier des Romanov n'est pas encore canonisé
mais, grâce à l'esprit d'ouverture des castes dirigeantes
et l'aide désintéressée du clergé byzanthin-orthodoxe,
cela ne saurait tarder ! Dieu sauve le tsar en quelque sorte.
Quant au dernier tsar, Boris Eltsine, il a droit à la reconnaissance
émue de son bon peuple; enfin, d'une partie de son peuple,
qui ne reconnaît qu'une seule loi, celle du knout et
des coupures de cent dollars ! Boris Eltsine, tsar humaniste,
s'il en fut. Auquel on doit cette forte sentence : « La
Russie ne tournera jamais le dos au marché et à la liberté. »
De quoi satisfaire à la fois les oligarques et la caste militaire.
Les oligarques se reconnaissaient dans le dernier tsar : prolifération
des trafics maffieux, fructueux placements sur les comptes off-shore; quant
aux seconds, ils considèrent bien sûr que la liberté
russe c'est d'abord l'Ordre —avec le droit imprescriptible de
tuer du caucasien—, ce qui est la méthode la plus appropriée
pour défendre la civilisation. Hier contre les hordes turco-mongoles,
aujourd'hui contre les allogènes fanatiques ! Dieu sauve
le tsar, on vous l'avait bien dit. Continuité du despotisme,
celui d'un pouvoir mystico-affairiste où, pour les russes,
vu l'avachissement de l'intelligentsia, ne règne plus
qu'une loi : la soumission.
Enfin, pas pour tous les russes. Du moins, on l'espère.
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