Chroniques |
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En attendant les barbares... |
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Épuration sanitaire. | ||||||||
e fait est entendu ; la sentence est prononcée. Les juges - ou du moins, ce qu'il en reste - ont jugé : le fumeur est un chien, un galeux, un maudit. Au mieux, un asocial qui oublie dans les volutes bleues de son vice les impératifs imposés par une société saine. Mens sana in corpore sano. Rien à dire ou plutôt rien à redire. Pourquoi ? Parce que « nul clou ne doit dépasser l'autre ». Celui qui ne collabore pas à l'effort productif décidé par l'État doit être sanctionné. Après les indiens, les noirs et les pauvres, les États-Unis ont découvert un nouvel ennemi intérieur : la clope. Mais l'éradication est en bonne voie. La prohibition en marche. Le plaisir d'en griller une est stigmatisé comme socialement honteux, voire contre-productif ! L'individu doit rendre des comptes à l'État quant à l'utilisation de son capital corporel. Effort méritoire, hautement civique ! Et l'Europe là dedans ? Qu'elle s'aligne ! Pas une tête ne doit dépasser. En témoigne la couverture du journal Libération (25/09/99) : une tête trouée par les clopes, chef d'uvre de propagande hygiéniste ! Question : si l'on enlève les clopes, ne reste-t-il rien qui nous troue la tête ? |
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