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  En attendant les barbares...
    

 
 

 

 

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Suis vulgaris.

 
      
  flaubert, on le sait, exécrait le bourgeois : « celui qui pense bassement ». Rien à redire. Définition amplement vérifiée dans le sens où notre époque n’est pas avare de bassesses, de bêtise, déficiences mentales, d’imbécillité (au sens clinique) voire d’idiotie.
Définition de l’homme : aberration biologique, prospérant le plus souvent sous la forme du stultus vulgaris (sot vulgaire). L’espèce est d’ailleurs génétiquement très proche du suis vulgaris (Porc vulgaire). L’espèce est bien armée pour la survie : l’économie de marché et la norme néo-libérale lui ont construit un biotope, une niche écologique où le Porc trouve la fange dont il a besoin pour s’ébrouer, se distraire, se repaître et proliférer. Voire étouffer tout ce qui n’est pas à son image...
Le Porc, fort de l’argument du nombre a le groin agressif, le grognement soutenu. Il en veut pour son argent, comme on dit, et s’il peut payer, on lui donne ce qu’il mérite. Des rêves de Porcs (car les Porcs rêvent). Rêves cheap : images de synthèse, karaoké, tourisme de masse. Pour fusionner dans la multitude, l’innommable, où tous sont pareils.
De plus, pour échapper à sa porcherie, le Porc transforme le monde en porcherie. Rien n’y échappe... Bon, rien de très nouveau et après tout, pas de quoi s’angoisser. Comme le disait Chamfort (Maximes et anecdotes) pour supporter ce monde, il faut que le cœur « se brise ou se bronze ». Même si l’on n’aime pas les stoïciens, on peut toujours s’exercer à l’ataraxie...
Le Porc ne saurait être critiquable, car l’opinion publique le plébiscite, lui et ses conduites. On s’en fout quelque peu vu que l’opinion publique n’existe pas. Le Porc s’incarne parfois sous une forme humaine. Et il parle. Il n’aime malheureusement pas le silence. Il n’est d’ailleurs pas le seul animal qui parle.
Ainsi le général U.S. Wesley Clarke aurait récemment déclaré à C.N.N. («Libération», 02/10/99) : «Les Etats-Unis sont les leaders incontestés du monde. Nous avons un ensemble unique de capacités, d'institutions et de valeurs qu'aucun pays ne possède. […] C'est pourquoi des pays du monde entier, des groupes du monde entier comptent sur nous. Ils veulent être comme nous, ils veulent être associés à nous, ils veulent notre «soutien» »

pointg.gif (57 octets) L'intérêt de ce discours est double. Il nous permet, une fois de plus, de vérifier l'incommensurable niveau de bêtise et de bonne conscience du yankee version redneck moyen. Mais le cynisme du propos évoque aussi —tout haut— ce que le pouvoir impérial U.S. pense tout bas. En clair : nous sommes les meilleurs, l'incarnation du monde «libre». Seuls des subversifs, crypto-communistes ou nationalistes —Hezbollah ou Wahhabites— ce qui ne vaut guère mieux— peuvent en douter. S'opposer à la pax americana.
En d'autres termes, nous avons un devoir d'ingérence mondial, tant au plan matériel que spirituel ; que les vassaux se courbent et que les autres tremblent ! L'Empire contre-attaque !

pointg.gif (57 octets) On veut bien, mais l'imaginaire de Wesley Clarke nous semble très proche des films de série B, sans même l'alibi du kitsch !
Avant de se poser en modèle pour le monde, l'Empire devrait d'abord prendre en compte sa propre déliquescence. Celle d'un système passé directement « de la sauvagerie à la décadence », mais sans connaître la civilisation !
Quant aux valeurs U.S., elles nous semblent aussi attirantes qu'un hamburger irradié : Dieu, la Loi, la Justice, « In God we trust », la Démocratie. Et puis quoi encore ? Pourquoi pas la Famille et le Travail ? BASTA !

pointg.gif (57 octets) C'est l'heure du crépuscule pour les vieilles idoles. Les tables de la loi sont fissurées. À la place de votre dieu, le chaos, l'entropie. Une seule loi celle de la jungle, des gangs, du racket avec son extension planétaire, proliférante, incontrôlée : cancérisation de la planète, nourriture pourrie, bonne conscience d'idiots, bonheur sous tranquillisants… c'est ça votre rêve ? N'en déplaise à l'Empire, les années 50, celles de l'euphorie U.S. consommatrice et conquérante, seront tôt ou tard révolues. On n'en veut plus. Le rêve U.S. est cassé, rouillé, obsolète. On n'en veut plus. Du moins, ça vaudrait mieux. Pour la survie de l'espèce et de ce qui mérite de vivre. Le reste peut mourir ! Ou pourrir !
Et nous, on attend les barbares !

 
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