in de siècle : on atteint le degré zéro de la
pensée ou plus précisément d'une pensée conforme aux objectifs du
néocapitalisme. Celle d'un univers mondialisé, organisé selon les règles d'un jeu
où tout le monde gagne, du moins en théorie ; car dans le réel, malheur
aux perdants ! Un monde "lisse", sans aspérités, selon
l'idéal des "pros" de l'information. Un monde où la violence n'est plus qu'une
réalité virtuelle, entre deux écrans de pub. Les clercs, tels des chiens
biens dressés, ont toujours mangé dans la main des détenteurs du Pouvoir. Leurs
successeurs modernes n'ont point rompu avec cette saine tradition. Des chiens bien gavés
n'ont point l'envie de trop mordre ceux qui les nourrissent. Les media savent choyer leur
cheptel : ces gens-là ne présentent aucun danger et leur
conscience du moins ce qui en tient lieu s'achète à coups de Kf.
L'ordre règne et le pouvoir y délègue ses médiologues,
bouffons, écrivassiers, imposteurs divers, voire philosophes. Parlons-en des
penseurs ! Ceux-ci sont grassement rémunérés par l'État, les think tanks
U.S. et autre Fondation Saint-Simon. Leurs écrits ne sont plus que prétextes à occuper
l'espace médiatique. Rien dans la tête, tout dans l'image. La liste des crétins est
longue et non-limitative : Ferry, Minc, Debray, Glucksman, Fukuyama et autres
seconds couteaux. Des gens que pourrait bien définir l'aphorisme de
Lichtenberg ; pauvres seconds couteaux auxquels manque la lame ainsi que le
manche ! Spécialistes de la pensée nulle ou molle, de la verbalisation du
moins que rien. Des gens qui encaissent les dividendes d'une notoriété médiatique pour
rétribution de leur inexistence. On a un seul message à envoyer aux différents chiens
de garde du shitstem : au chenil vite ! Vas encaisser tes
moins-values ! Pour eux, pas besoin de l'euthanasie car c'est déjà
fait : le crétinisme les ronge, comme c'est le cas du post-moderne
Baudrillard qui a récemment découvert la vacuité de tout jugement critique, sans
doute après un coma virtuel / réel prolongé ! Ainsi les catégories
du vrai et du faux ne fonctionneraient plus. Causes toujours connard !
En juin 1848, les ouvriers à paris savaient très bien poser le problème du vrai et
du faux, « Du pain ou du plomb » mais aussi « La liberté ou la
mort ». Les post-modernes feraient bien de s'inquiéter : le tribunal de
l'Histoire ne suspend jamais ses audiences ! Nous, on emmerde les post-modernes
car, la prochaine fois, ce sera le feu (ce n'est qu'une image bien sûr). Pour
le plomb, on attend de s'approvisionner, mais vous les penseurs du système, les
plombs vous les avez déjà pétés !
Dans le genre moins que zéro, on peut ici
évoquer presque post-mortem les prouesses théoriques d'un certain
Fukuyama. Ce remarquable imbécile s'était déjà distingué par son incapacité à
comprendre Hegel. Rien d'étonnant de la part d'un universitaire U.S., sans doute
très fort pour les quizz idéologiques, mais moins pour la pensée
conceptuelle ! Pour Fukuyama la fin de l'Histoire s'incarne dans la démocratie
planétaire, mondiale, globalisante ; bref, la Modernité. En face, il n'y
a que l'archaïsme, celui des nostalgiques, des hérétiques, des
manichéens. Tous ceux qui ne comprennent pas que le marché mondial constitue l'horizon
indépassable de notre pensée. Fukuyama est un théologien de l'Église
néo-libérale ; écoutons donc ses anathèmes (Le monde, 08/12/99) :
« Il est curieux que la gauche se rebelle contre la mondialisation : c'est une
des forces les plus progressistes du monde d'aujourd'hui. »
En clair sur l'écran, le "penseur" virtuel nous assène ses vérités. La
mondialisation profite aux pays les plus démunis ! Elle ne constitue rien moins
que la « chance du monde moderne ».
Remarques destinées au philosophe virtuel : ton progressisme et ton monde
moderne, on n'en veut pas ! L'extension des parts de marché de l'opium et
de ses dérivés ne nous a jamais semblé aussi progressiste que tu l'affirmes. Apprends
à lire l'histoire, vieux con ! Hier la guerre de l'opium, aujourd'hui le
recyclage des narcodollars et le blanchiment de l'argent sale ! Mais tu ne
détestes sans doute pas l'odeur du billet vert ! IN THIS GOD YOU TRUST !
La mondialisation, poursuit notre théologien, a
une fonction morale. Elle affaiblit les élites corrompues du tiers-monde et renforce les
« vrais démocrates » contre les autoritaires. Remarque : les
« vrais démocrates » ne sont parfois que des nazis plus ou moins bien
recyclés. Ou des représentants de l'oligarchie dont le seul projet est de maintenir le
pouvoir des élites contre le principe d'égalité.
Loyal serviteur de ces mêmes élites, le théologien Fukuyama réserve sa haine pour
le « Carnaval de Seattle », les anti-O.M.C.. Il y aurait d'un côté les
modernes, les tenants du despotisme éclairé dont Fukuyama se veut l'apologue. De
l'autre, les régressifs, les sectaires. L'équation est
simple : Libéralisation des échanges = progrès et modernité.
Protectionnisme (celui de tous les anti-O.M.C.) = régression.
L'alternative nous semble un peu trop simple. Mais après tout, la
cyber-économie en voie d'émergence a les "penseurs" qu'elle
mérite ! Avec Fukuyama le néolibéralisme a trouvé un théologien de choc.
Mais aussi un bouffon pour son royaume. Même s'il est quelque chose de pourri au royaume
de l'O.M.C. !