Im Hintergrund steht ein Akkordeon-Spieler


tous les jours
tous les jours de pire en pire
le fait que nous vivions maintenant dans un régime au fascisme banal me submerge
tous les jours
tous les jours je vois des hommes en armes et uniformes dans la rue
je vois des hommes en treillis avec des pistolets mitrailleurs à la main
ils circulent librement dans la rue
je vois des uniformes bleu ratp ces types ont des matraques et des pistolets
régie autonome des transports parisiens
milices privées
parfois, 3-4 fois par an, je prends le bus 65
il part de mairie d’aubervilliers, il arrive à gare de lyon
tous les jours
tous les jours des controleurs dans le bus 65 entre mairie d’aubervilliers et place de la chapelle
tous les jours, deux fois par jour je prends un autre bus qui part de gare de lyon et jamais en 5 ans n’ai vu de controles dans ce bus là
l’autre jour bus 65 des controleurs attendent à la sortie sur le boulevard d’un maréchal quelconque, des controleurs en uniforme vert et puis plus loin sur la route une dame un peu rougeaude nous tend un portefeuille déplié avec une carte dedans, un portefeuille aussi dépenaillé que cette dame qui dit être controleur et puis plus loin une dame noire s’emporte en parlant à un autre grand gars noir comme elle, plus loin vers ordener le grand gars descend sur le trottoir reste un moment et salue un type plus vieux qui était dans le bus, prend bien soin de tendre la main à un jeune enfant qui accompagnait le vieux monsieur au calot blanc on repart de plus en plus lentement
au bout du bus il y a une dame qui dit quelque chose très fort et le bus ralentit, fait des pauses très longues à chaque arrêt derrière nous il y a un gyrophare qui tourne
le grand type noir aussi était un contrôleur, ainsi qu’un autre plus petit, des controleurs noirs en civil, avec la dame rougeaude, controleuse tout ce joli monde descend ensemble maintenant que la voiture de police nous a rattrapé le conducteur du bus ayant fait lui aussi son petit travail de collaboration sans quoi la dame qui se plaignait devant n’aurait pas pu être appréhendée par la police une simple dame peut etre énervée ce jour là plus qu’un autre peut etre plus rebelle que les autres ce jour là les policiers l’empoignent par le bras elle a l’air triste et désabusée ils emmenent cette dame là ce jour là
la police
les controleurs en civil
ces controles abusifs ne sont pas organisés pour les fraudeurs dont la fraude n’atteindra jamais les sommes dépensées pour l’entretien de ces controles ces controleurs ces civils ces collaborateurs ces treillis ces armes dans la rue tous les jours dans le bus 65 ils sont là pour assurer que partout et tout le temps chaque individu reste dans le rang bien convaincu que chaque refus, d’ouvrir son sac, d’obéir à la sécurité, de se laisser malmener par des controleurs, des policiers, des militaires, que chaque pensée d’injustice sera matée dans la pratique et
tous les jours et partout

accessoirement je perds mon temps à m’engueuler avec des fans du mahavishnu orchestra
{oui, ça existe encore}