vertiges de l’amour


Je me demandais quel prétexte j’allais trouver pour faire ce post sur les Vomit Visions, jusqu’à vendredi dernier.

Donc je me pointe au Tunnel vers 23h. On se croirait dans une base arrière de l’armée polonaise en mieux éclairé. La salle est à cinquante mètres après les grilles, à droite, en haut d’un escalier, il y a une quantité anormale de barbus et J-Z, l’organisateur des soirées Le Non Zzz. Il me soutire les 5 euros règlementaires pendant qu’on me dessine une gidouille nazie sur le bras. Antilles vient de commencer, il doit rester une île entre les Bermudes et Mururoa, c’est là qu’ils ont appris à taper sur les bambous. Les personnes sont déchainées, des types sautent en l’air, certains avec des lunettes de soleil. J’achète une bière pour mieux entrer en phase avec le groupe. Je la mentionne parce qu’après j’ai arrêté de les compter.

Dehors je retrouve Marsouin, une pote à elle, et Laure qui est bilingue chinois. On est d’accord pour dire que c’était un bon concert, avec de la puissance. Emma nous rejoint. Elle écoute radio « Ici & Maintenant » le mardi, ça fait beaucoup de sujets de conversation. On parle de la fois où elle a vu une soucoupe volante, mais c’était la nuit et elle était petite. On n’a pas encore de preuve de l’existence scientifique des extraterrestres, même si la datation de certains papyrus semble indiquer qu’ils étaient contemporains d’Abraham. Tout ce qu’on sait c’est qu’ils peuvent aller où ils veulent, et qu’ils ont une imagination très développée. On envisage tous les avantages que l’humanité pourrait trouver à leur coming out : la sexualité à distance, les transports gratuits, la fin du christianisme en Afrique et le vrai visage de dieu enfin révélé. On parle, on s’exalte, on va chercher des bières. A un moment on tourne la tête, et on voit Andy Bolide qui tente une évasion à bord d’un Fenwick mais le truc refuse de démarrer. On l’entend de loin jurer dans son dialecte. Ensuite on réalise que le dernier métro est parti depuis vingt minutes.

Fernandoz a fini de ranger son Yukulélé, il propose qu’on aille chez une amie à Montreuil, à condition que j’arrête de poster des ufos sur son wall. Je promets. On finit par entrer à 7 dans une Renault Espace. C’est là que l’histoire prend un tournant inattendu. Le chauffeur du taxi appartient à la catégorie des gros sportifs. Il devrait savoir ce que les sièges en cuir doivent à la sportivité. A chaque accélération, mon estomac essaye de se frayer un chemin vers la sortie. Il devient assez évident que je vais gerber. J’essaie de retenir cette idée jusqu’au prochain feu rouge, et là, j’envoie 300 grammes de pâtes au saumon dans la rue. Derrière on me demande si ça va, et une voix bourrée me tend un kleenex. Je préfère attendre avant de répondre à cette question. Fernandoz me maudit ouvertement. Andy qui est à côté, me lance un œil compréhensif. Il sait que les choses ne vont pas s’arrêter là. La voiture est équipée d’une porte coulissante et je gerbe toutes les 7 minutes jusqu’à Montreuil. Je rends tout ce que j’ai pris à la nature, les Lustucrus, un paquet de Granola, des cacahuètes méconnaissables et un hectolitre de bière belge. A la suite de quoi je sens très mauvais, et je vais me cacher.

Quel rapport avec les Vomit Visions me direz-vous. Aucun si on admet l’existence des extra terrestres, mais pendant que je vidais mon estomac en compagnie du gratin de la post-noise, j’entendais Eric Hysteric, le chanteur, débiter ces paroles pleines de bon sens, il n’arrivait pas totalement à recouvrir Rihana, mais ça m’a quand même aidée.

Ce groupe peut aussi s’écouter à jeun et vaut Sept Minutes de Nausée. Les Vomit Visions ont sorti trois Ep entre 80 et 82. Ces raretés sont en vente sur discogs à des prix qui incitent à la torture. Je les ai cherchés à Berlin, et chaque disquaire à qui je les demandais se mettait à ricaner. Maintenant c’est du matos de collectionneurs, du punk pour riches, pas pour les touristes. Si vous voulez plus d’infos sur Eric Hysteric & The Esoterics, ou le groupe qu’il a fait après, Der Durstige Mann, avec des guitares pourries et des drums indigents, allez voir le youtube de Biernixgut, l’alcoolisme est resté une de ses principales sources d’inspiration.

Dans les commentaires un internaute a résumé sa triade mystique : « Kack-Fuck-Schrott », j’ai oublié de dire qu’il était de Francfort.

On dirait presque du Costes, s’il voulait bien se résigner.

PS : J’entends que Popol Gluant donnera une performance ce soir au Tunnel, je crois que je vais venir.