Je n’ai pas toujours été malade en auto


J’ai même eu longtemps une sorte de passion pour les grosses cylindres. Quand j’étais jeune, aux alentours de mon cinquième anniversaire, mon grand-père m’avait acheté un tracteur en plastic rouge. Il vivait à la campagne, dans l’Aveyron, avec Mamie Simone. Surement que s’ils avaient habité au Mans, j’aurai eu une mini moto, et ça aurait changé ma vie. Mais voilà, je passais quinze jours tous les étés dans ce bled où trimaient de vrais paysans, avec des champs et des vaches à l’intérieur, et ils tenaient peut être à que je m’identifie un minimum aux acteurs de la vie locale.

J’ai fait des milliers de tour de jardin sur ce truc. J’adorais me casser la gueule avec. Le volant était tout mordillé, et à force de prendre les murs, il n’y avait plus de pédales, alors je poussais avec les pattes arrières, et je me laissais dévaler sur la pente. Il n’y avait pas de frein non plus quand j’y pense, et je finissais en vol plané sur le ventre près du bassin aux poissons.

Ma grand-mère était assez effarée par mes talents suicidaires. Quand il n’a plus été possible de tirer quoi que ce soit de cet engin, ils m’ont offert un mange-disque. (orange)