je lis des blogs, des commentaires sur des blogs – je lis des listes et des playlistes – on parle de « l’histoire rock », de « groupes importants » – je me souviens que le fils de pute qui m’a piqué la personne que j’aimais parlait de « vrais music fans » (quelle putain de médaille de merde) – je pense que moi-même, j’ai aimé lister les groupes, les albums, les sous-genres – quand j’avais 16 ans –

en fait, tout ce faux débat art vs. culture ne m’irrite même pas – simplement ça me semble relever d’un contresens total – pour autant, je n’ai pas la clef, je ne sais pas comment articuler les choses, je ne sais pas si je suis même censée les articuler –
ce que je sais c’est que le fait de voir des disques affichés, posés sur la tranche comme des éléments signifiants, sur une bibliothèque ou sur un mur, chez telle ou telle personne, me mettait hors de moi – bien sûr, il y a une évidence un peu simple, un peu limitée, d’allergie à la bourgeoisie – mais bon, je suis aussi allergique aux universitaires (ou plutôt à Greil Marcus) –
je sais aussi que, par contre, les discothèques de Brian, d’Hicham ou de Guy Mercier m’ont plu – pas forcément par leurs dimensions, mais parce qu’on pouvait s’y perdre – posés devant le rayon « synthe-drone », chez Brian, il y avait des LPs de fanfares, de bruitages – il avait aussi des 7 » de Sloth, avec des dessins maladroits d’escargot – chez Guy, j’avais vu des coil, des andreas dorau, un elton john et par terre encore, des dizaines d’autres disques –
ce truc des disques au sol est vraiment important, comme une forme de chaos horizontal –

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bon, je ne sais pas vraiment ce que j’essaie de formuler, et puis, oui ok, tout ça sonne comme un statement à la con –

voilà : j’ai aimé acheter des disques au rideau de fer, bouger des piles énormes pour trouver un LP des wipers et l’offrir à Benjamin, j’ai aimé écouter harry pussy à fond chez Hendrik, en travaillant – je n’ai jamais rien lu qui me parle correctement de tout ça, aimer la musique – aimer entendre de la musique – avoir peur et être sidérée à la première écoute du brown book – ou de filosofem – je crois qu’on ne peut pas écrire correctement sur ça –

les premiers disques que j’ai achetés étaient des cassettes – avec mon argent de poche – à 10 ans : AC/DC, queen et machine head – et je ne supporte la « liberté d’esprit » affichée si fièrement par les trous du cul qui te disent aimer les groupes de « mauvais goût » –

en fait, plus simplement, je n’aime pas les gens qui « parlent de musique » – je ne crois pas au « partage culturel » – la musique que j’écoute est faite pour faire la guerre – ou pour ne pas entendre parler les connards –

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