carnet de voyage


aujourd’hui je me rendit dans la ville de L.
j’y allais pour affaires, me levant tôt pour moi, la ville dont je partais était déserte quand je la quittais
dans le train ma place réservée se trouvait près de la fenêtre, sens opposé à la marche, je m’installais à côté d’une jeune fille dont le seul attrait à mes yeux étaient son air immédiatement antagoniste et son cardigan vert
les ongles rongés et l’absence de soin dans la tenue, un velours côtelé gris slim sur des converses lambda et un manteau de la maman à col de fourrure n’arrangeaient rien, la jeune fille s’étalait avec ses cours son ipod son casque son sac, aussi de la maman peut être morte, enfin ses jambes qu’elle ne savait pas où mettre, m’énervât
elle demanda rapidement à s’asseoir en face de moi puis regarda partout ailleurs
elle lisait, prétendait de lire
au bout d’une demi heure je mis mon casque en fixant le volume à 20 sur une échelle maximum de 25, bien conscient que le bruit du train vers la ville de L. était moins important que le RER de notre capitale où je mettais 25 en me disant parfois que c’était insuffisant
la ville, ma ville
10 minutes plus tard, la jeune fille, admettons qu’elle avait 17 ans tout au plus me faisait des grands signes muets et, malheureusement pour elles, je les interprétait immédiatement comme moqueurs
j’appuyais alors sur pause
elle me demandait de baisser le son
pourquoi ? est ce si fort ? lui demandai je
on entend, me répondit elle
je la regardais, amusé et baissa à 15
de temps en temps je zappais un morceau des coachwhips
je supprimais volontairement tous les fucked up
puis au bout d’une demi heure encore la jeune fille qui n’avait cessé de tourner son zola de la page 12 à la page 9 et retour me refaisait des grands signes
j’ai oublié maintenant ce que je lui dit, mais c’était dur et ironique, j’étais cette fois concentré sur les autres personnes présentes, au total 5 autres qui ne s’intéressaient absolument pas à cette histoire ni ne renchérissaient dans la réclamation à mon endroit
je baissais alors le niveau à 10, sur une échelle maximum de 25 et pris un livre que je devais rendre depuis fort longtemps à mon ami ec, habitant de la ville de L.
nous passâmes la ville de C.
le livre prêté par ec était fort plaisant et je dois dire que ses meilleurs passages sont les interviews de protagonistes, j’avoue que certaines me firent pouffer, j’avais presque fini ce livre lorsque la jeune fille de 17 ans peut être moins me fit de grands signes
je lui dis je n’entends pas ce que vous dites
elle faisait des grands signes et
elle sourait, de son air perpétuellement contrarié qui me faisait penser à une ancienne amie
je lui dis je n’entends pas ce que vous dites
plusieurs fois puis
j’appuyais sur pause
elle me dit qu’elle devait lire un livre
je lui dis et pourquoi devez vous lire ce livre ?
elle me regarda d’un air malheureux et silencieux qui m’aurait fait rendre gorge si je n’avais le préssentiment qu’il était calculé mais aussi totalement constitutif de son caractère et de son attittude avec les hommes, ou les pères ou en tous cas
moi
elle répondit quelque chose à cette question sans intérêt, je trouvais alors dommage le simple fait qu’elle y réponde
je ne lachais rien et nous nous fixames rageusement sans rien dire pendant très longtemps
elle avec ses ongles rongés et son squelette encombrant moi avec mon casque et une sorte de supériorité due exclusivement à mon expérience de père
je restais sur pause un certain temps après et je fini mon livre
puis je remis sur play en zappant de plus belle les koro et les brakes
me cantonnant aux doopees et quelques jérémiades à l’harmonica, le coeur n’y était plus mais j’avais lu 100 pages, elle peut etre 4

arrivé dans la ville de L. je fus pris d’un remords
remords que je devrais maintenant porter, irrésolu

je ne pense pas que ma musique était trop forte, je doute même qu’elle fut audible
le remords provient de ce que j’avais peut être jugé trop hâtivement une jeune personne sur sa tenue et fustigé la façon qu’elle avait trouvé de résoudre une difficulté avec un corps évidemment masculin, par delà cette difficulté de la matière de son corps, vraisemblablement une autre difficulté que je catalysais, c’est assez triste mais n’est ce pas plus mal ? le remords de ne pas savoir ce qu’il est bien de faire entre la ville de P. et la ville de L., passant la ville de C. j’avais perdu tout repère c’était une inconnue

puis arrivé à L., après quelques affaires ennuyeuses, je rendit le livre à ec et lui racontait cette histoire dans les grandes lignes
il me dit qu’il n’y avait rien de plus détestable dans un voyage qu’une personne qui fait du bruit en téléphonant ou en écoutant sa musique