Comme j’ai passé l’été à écouter de la musique de merde avec des gens sympathiques, je vais plutôt vous résumer le film que j’ai vu hier à L’Étrange Festival.
La séance est présentée par un quadra frisé qui ricane en se grattant l’oreille : c’est l’histoire d’une fille qui a eu un accident de voiture… grattage… je préfère pas vous en dire plus… ricanements…. … de toutes façons y a rien à comprendre… grattage… fantastique lynchéen… grattage…il pleut … ricanements… ricanements…et merci d’être venus…… Mais de rien, tu peux surtout nous féliciter d’avoir trouvé deux places gratuites. La suite est claire comme de l’eau de roche, pas la peine de se voiler la face derrière un carton d’invitation. Donc elle se réveille sur une route isolée d’Orégon, la tête tâchée de sang, et l’autoradio joue un hymne national. Elle ne tient pas très droit dans ses bottes. Elle se met à angoisser, et décide d’aller chercher un peu d’aide parce qu’elle a écrasé deux personnes qui faisaient un picnic. Elle ne sait pas qu’elle est morte, nous non plus. Tout se passe effectivement dans une atmosphère délétère d’inspiration lynchéenne, c’est-à-dire qu’on nous envoie des plans de coupe de forêt hypnotique toutes les 3 minutes, pendant qu’un bourdonnement hypnotique tente de nous faire perdre le sens des réalités. On apprend ensuite qu’elle habite une ferme avec un type qui lui fait des scènes pénibles parce qu’il la soupçonne d’avoir une aventure avec un mec qu’on voit se branler derrière un arbre. Trop c’est trop, elle prend les clefs de la voiture et file avoir son accident. Fin du flash back hypnotique. La jeune fille avance maintenant en respiration subjective dans cette Amérique hostile qu’elle ponctue d’inquiétants : hello, hellllo, helllllllllllo ?!!! y a quelqu’un ? oui mais reste au bord de la route stp. Après cinq heures de dérive le long d’une rivière poissonneuse, elle finit par croiser des personnages énigmatiques qui vont l’entrainer dans une aventure irrationnelle : une vieille babos hystérique, un homme déguisé en peluche d’un mètre 90, et un gros routier muet qui boit de l‘essence et l’emmène dans un motel. Là elle essaye de se servir du téléphone mais l’appareil lui renvoie la friture de son cerveau désemparé. Elle sort fumer une clope, un type en veste d’indien lui tend un briquet et lui demande son nom dans un américain peu compréhensible. Comme elle l’a oublié, il lui dit qu’il reviendra plus tard et il disparait. Entre temps le mec en peluche a pris la place du routier. Il la serre dans ses bras de façon émouvante, puis ils roulent ensemble jusqu’à un désert où séjourne une bande de jeunes sortis d’un clip d’Ariel Pink. Ils habitent une caravane et se la donnent en buvant des pinacolada à l’essence devant un programme des Sims. Il y a un guitariste folk bien de sa personne, un barbu avec un slip rempli de sang ou de ketchup on ne sait pas, le troisième chille patiemment sur une banquette. Le guitariste folk joue de façon décadente en souriant anormalement, il est interrompu par deux meufs qui sourient anormalement et entrainent la pauvresse dans une gigue à travers les sables. Tout le monde se met à jeter des canettes contre les rochers jusqu’au moment où Peluche retire son masque. C’est le pervers des bois à l’origine de son malheur, la pauvresse serre les dents et commence à lui casser la tête à coup de planches. Peluche se laisse faire en se branlant, on voit sa main s’agiter sous son costume épais. Ce n’est pas fini. Dans la caravane le programme des Sims continue, là on atteint un sommet du cinéma fantastique d’inspiration lynchéenne: sur l’écran notre héroïne se fait prendre à quatre pattes par le pervers des bois. Il la nique comme un âne, et son souffle rauque rabat les cheveux de la pauvresse sur ses petits yeux défoncés. Notre héroïne ne va pas bien, elle a le dos entaillé jusqu’à l’os, et le routier muet qui est revenu sur le devant de la scène, s’occupe de lui masser la colonne vertébrale avec une omelette et un peu d’essence. La vieille babos fait aussi une apparition. C’est là que la pauvresse perd sa dignité et commence à vomir un gros liquide noir, probablement une métaphore de la crise pétrolière si vous voulez mon avis, mais je ne vais pas vous raconter le film, ce serait gâcher.
septembre 6th, 2011 at 11:22
ça mérite commentaire
septembre 6th, 2011 at 11:37
ça mérite pas deux commentaires, en tous cas
septembre 6th, 2011 at 11:46
attendez, je n’ai pas fait le premier
septembre 11th, 2011 at 6:10
Le morceau est bien, on dirait un vieux Ptôse;
et un excellent texte, hein