Rien ne se passe jamais comme prévu : j’avais posé quelques livres sur le lit, fait couler du café et téléchargé les EPs de My Bloody Valentine.
Ensuite je m’arrête, j’écoute la musique. Je ne trouve pas ça désagréable, des fois même très joli. C’est problématique il me semble (de trouver ça tellement mignon ?). En tous cas, je réfléchis. Je vois sur twitter l’annonce du post de Guy, je viens écouter le premier morceau (pas encore le deuxième). J’ai oublié les livres et le café refroidit. Mais le morceau me plait.
Me revient en tête l’ébauche de quelques idées que je voulais écrire ici. Mais c’est flou (bien sur). Alors je remets My Bloody Valentine en fonds et je lance X-Com (c’est un jeu) que j’ai téléchargé en torrent, dans une version pour mac. Je tue des aliens et je mets des armures à mes troopers.
J’ai perdu une heure. La musique s’est arrêtée ; je vais sur Itunes (je suis en train de ranger mes fichiers, depuis que je me suis rendue compte qu’il y avait plein d’albums que je n’avais jamais écoutés). Je mets un truc de Möslang et Guhl qui a l’air très bien. En fait ça dépend : on dirait parfois le free jazz que j’écoutais il y a 10 ans, quand j’allais à Musique Action, à Vandoeuvre, avec des gens qu’aujourd’hui je ne vois plus. J’ai vu, en vidant mes dossiers de spams, que certains de ces gens sont maintenant des poètes sonores reconnus. D’autres font de la musique. Il y en a certains que je vois toujours, bien sûr.
Bon maintenant je repense à autre chose, d’une autre manière (ce qui veut à peu près dire que je ne sais pas vraiment à quoi je suis en train de penser – enfin ça ne veut rien dire, vraiment).
Bref, il y a cette perspective bizarre, dans laquelle je nous vois tous, des silhouettes colorées sur un plateau en carton. Je vois ceux qui font de la musique, de la poésie, des livres. Je nous vois 10 ans (15 ans) plus tôt. Je vois les autres, je me vois moi. Je me demande où se situent les choix qu’on a fait, ou pourquoi on les a faits.
Est ce qu’on est là où on voulait être ? Oui la question est un peu con, évidemment.
A un moment le disque de Norbert Möslang et Andy Guhl était pas mal, mais maintenant c’est assez franchement chiant (j’ai mis le My Bloody Valentine à la corbeille, aussi).
Avant, j’expliquais que je m’étais fait tatouer pour inscrire sur ma poitrine un rappel à l’ordre : que le moi de demain (d’aujourd’hui donc) se souvienne qu’il évolue sous le regard sévère du moi d’aujourd’hui (hier). Enfin bon, ça ne se passe donc jamais comme prévu et aujourd’hui je suis incapable de savoir ce que j’aurais pensé (ce qu’on aurait pensé, ces amis, ces anciens amis et moi) de ce que je fais aujourd’hui, de ce qu’ils font. Je me rends compte, seulement, que rien ne colle vraiment derrière l’aspect d’une correspondance parfaite, d’une adéquation idéale entre nos aspirations de jeunesse et nos activités actuelles. Enfin, je ferais mieux de ne parler que pour moi. J’imagine que d’autres sont peut-être satisfaits, ou ravis, ou fiers.
J’avais prévu de mettre un morceau d’Ornella Vanoni, mais en fait non.
mai 21st, 2012 at 7:43
Chère Nabila,
Le moi d’hier n’y aurait pas cru, mais je vous aime.
cordialement,
FM
mai 22nd, 2012 at 12:30
t’aimes pas My Bloody Valentine ???
mai 22nd, 2012 at 2:11
Si c’est pas mal.