Messier
voulait récupérer toute la contestation…
Interrogé
par Le Monde, 31 octobre 2001, Jean-Marie Messier,
PDG de Vivendi Universal, annonce qu’il crée un institut
de la prospective à la suite des attentats du 11 septembre
2001 : « On découvre combien les Occidentaux
sont en retard. Ils n’ont pas voulu voir les désorganisations,
les inégalités de développement, l’absence
de contre-pouvoir, tout ce qu’avaient souligné les
mouvements anti-mondialisation. »
…
pour faire monter le cours de ses actions
Dans
un article titré « Ces patrons qui jouent les
têtes de gondole : Ils se mettent en scène
pour légitimer leurs stratégies », Odile
Benyahia-Kouider raconte (Libération, 4
décembre 2000) :
« Le
patron de Vivendi s'apprête à débattre
avec José Bové, le porte-parole de la Confédération
paysanne et porte-drapeau des antimondialisation, le 17 décembre
sur France 3. Il n'a pas hésité à reprendre
à son propre compte le sobriquet, attribué par
les Guignols de l'Info, de J6M (pour Jean-Marie Messier Moi-Même
Maître du Monde), avait déjà suscité
une « confrontation » avec Philippe Val,
l'éditorialiste de l'hebdomadaire contestataire Charlie-Hebdo.
Et comme il n'a vraiment peur de rien, il a accepté
une proposition de Jean-Luc Godard (excusez du peu !) :
un débat filmé de vingt-cinq heures non-stop
avec Val.
[...]
Messier a compris avant tout le monde que le patron est
la meilleure «tête de gondole» (tête
de rayon dans un hypermarché où s'exhibent les
produits en promo) de son groupe. Et qu'on n'est jamais mieux
servi que par soi-même quand on a envie de faire parler
de soi. Mais tout cela suppose de se déboutonner un
peu.
[...]
Adulé par les analystes et les médias, le
jeune patron (bientôt 44 ans) qui a transformé
au pas de charge la vieille Compagnie générale
des eaux en une société de communication, est
passé près du trou noir il y a pile un an. Tout
à coup, la stratégie de son groupe devenait
illisible, l'action chutait, et des rumeurs annonçaient
son départ... [...] »
« Les
patrons ont compris qu'on était entré dans l'âge
de la démocratie médiatique, estime Henri
Weber, secrétaire national du Parti socialiste.
Cela veut dire que le «faire-savoir» est
aussi important que le «savoir». Regardez
les Etats-Unis : il y a un Américain sur deux
qui est actionnaire, et un électeur sur deux qui s'abstient
de voter. C'est un corps électoral de taille identique. » Jean-Marie
Messier a bien compris la leçon ; [...]
« Les sportifs et les acteurs sont payés pour
faire rêver. Moi, je garantis leur job à 250
000 personnes », clame Messier dans Paris-Match. Du
capitalisme moderne, çà ? Tous les meilleurs
éditorialistes de la planète auront beau pointer
la contradiction, cela continuera à glisser sur le
patron de Vivendi. »