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Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort. |
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Michel
Field ne défend que la cause du pleutre Field contestait lÉcole vecteur de lidéologie bourgeoise et tous les profs : il devint professeur à lÉcole normale (là où sont formés les profs). Il dénonçait la police ; il lui consacre un publi-reportage. Il vomissait la société capitaliste ; il encourage les chômeurs à ouvrir des pizzerias (lire ci-dessous). En 1991, Durand réglait déjà le cirque télévisé de la guerre du Golfe sur les plateaux de La Cinq. Field échangea alors lenseignement de la philosophie pour un rôle de bouffon dans lémission de Dechavanne Ciel mon mardi ! Pour rattraper son retard, Field semploie à annuler sa jeunesse en faisant commerce de celle des autres. PLPL a relu Contes cruels pour Anaëlle (1995). Field y explique à sa pauvre fille que la révolution, cétait bien avant, avant que papa ne prenne des responsabilités et ne gagne beaucoup de sous pour acheter une grosse auto. Lauto, ce sera un cabriolet Mercedes 320 : Field roule à tombeau ouvert pour barboter plus vite dans sa piscine du Lubéron. En pleine torpeur balladurienne, France 2 programme une émission-défouloir destinée à calmer les étudiants échaudés par le projet dun Smic-jeune. Le directeur de lantenne, Louis Bériot, se souvient : « Il fallait un jeune, de gauche, et philosophe de surcroît, pour parler avec les jeunes et avoir une certaine crédibilité ». Ex-jeune, ex-militant, ex-prof : Field est lhameçon idéal. Jean-Luc Mano, renégat du PC et alors directeur de linformation de France 2 expliquera : « Nous avons joué le rôle de la soupape de sécurité. Les gens intelligents lont bien compris. »
Dès lors Field-la-soupape se mue en poupon docile rampant de chaîne en chaîne au gré des opportunités cathodiques. Quand Jacques Chirac, lassé dAlain Duhamel, claque des doigts en quête dun intervieweur moins vermoulu, Michel se love en bavoir autour du cou présidentiel (12/12/96). Contre 30 000 francs « bruts », regrettera-t-il. TF1 le siffle, il accourt ventre à terre pour « jeunir » lémission politique du dimanche soir et remplacer Anne Sinclair. Servir Bouygues ? Cest pour Field une cause dutilité publique : « Il est démocratiquement malsain que les jeunes aient carrément zappé cette chaîne de leur télécommande. Si je peux servir à pacifier cette mauvaise image, tant mieux » (Libé, 6/9/97). En 1997, Michel crée son entreprise. Il la baptise sobrement « La Field Compagnie ». Elle sera chargée de commercialiser un produit de rêve : Michel Field, animateur « citoyen », parlant le « jeune » et sachant lire. « Je suis là pour faire de laudience », explique-t-il. Pour faire de laudience, il nhésite pas : il tutoie Nicolas Sarkozy, cire les souliers de son copain Alain Madelin « Tu seras le prochain ministre des finances ». Alain Constant, journaliste du Monde, sesbaudit dune telle intrépidité. Mais il sinquiète de ce que les détracteurs de Field « ne voient en lui quun "social traître" obsédé par largent » (5-6/12/99). Pour PLPL, il ne fait aucun doute quen rédigeant ces lignes, Constant ressentait sur sa nuque le souffle fétide de son patron, le gros fumeur de cigares Edwy Plenel, lui aussi ancien trotskiste, mais passé de la LCR à la LCI (lire page 8 « Edwy Plenel roi du téléachat »). Philippe
Val nest féroce quavec ses salariés Philippe Val, rédacteur en chef du NEM, est larchitecte de ce retournement. Chaque semaine, piétinant les plates-bandes dAlain Duhamel et de Luc Ferry, il administre un aide-mémoire de morale politique pour école élémentaire. Sy précipitent les figures imposées de la mondanité éditoriale : odes à la démocratie, défense du jospinisme, sermon contre les extrémistes. La tête de Philippe Val a enflé par la mâchoire. Lamuseur est devenu un « dictateur cool », confesse Tignous. Cool avec certains membres de sa rédaction de sa cour , mielleux avec le lecteur à qui il inflige ses souvenirs denfance. Mais Philippe rectifie à la baguette les journalistes de Charlie qui baillent devant ses platitudes. Susceptible, il supprime la rubrique « Les Mondains » du dessinateur Luz : PLPL sait aujourdhui quil tremblait dy figurer. Autocrate, il épure lencadré administratif situé en page 14 du journal : la plupart des membres de la rédaction collégiale ny sont plus (Charb, Luz, Cyran, Siné, Biard, Boujut, Cholet, Lapin, Polac, etc.) Seuls les petits chefs qui fredonnent ses chansons y sont désormais tolérés. Égratigné dans un article du Monde, il somme la rédaction de Charlie de signer une lettre quil a rédigée seul. Philippe Val sindigne des « accusations contre Philippe Val » et chante (faux, comme dhabitude) ses propres mérites (Le Monde, 28 mars 2000). Il nest dailleurs pas interdit aux journalistes du NEM de célébrer le génie du patron (qui accorde les augmentations). Cest même recommandé. Dans Charlie Hebdo du 3 mai dernier, la rubrique scientifique souvrait ainsi : « La semaine dernière, Val écrivait : "Nous pensons tous sur une pente abrupte qui nous fait glisser où va la pente". » La citation (géniale) une fois conclue, lauteur enchaînait : « Jai dans les mains un livre qui, dès les premières pages, me renvoie à la lucidité de Val. » Philippe a été galvanisé par la lecture du Petit livre rouge. Elle lui a révélé les avantages de lautocritique mais faite par les autres. Il croit nécessaire dannoncer en « une » la lettre de repentir écrite du fond dun cachot par son ancien compagnon de spectacle Patrick Font : « Jai trompé lamitié, la confiance de Philippe. [ ] Je jure sur ma tête quil ignorait tout de ma vie privée. [ ] Jai pris, seul, la décision de transmettre ce message au journal » (16/6/99) Quelques années plus tôt, la « confiance » était totale. La couverture dun ouvrage co-écrit par les deux amis expliquait en effet : « Chacun se demande comment, après 22 ans de "mariage", ces deux irrévérencieux ont encore du plaisir à être ensemble. Duo explosif, totale complicité, complémentarité : voilà quelques-uns des secrets de leur réussite. »
Est-ce un autre souvenir dadolescence ? Val saventure parfois à dénoncer les excès du capitalisme. Mais il se ravise : « Il ne peut y avoir de démocratie sans marché. » (12/4/2000) Et lorsque, cédant pour une fois aux supplications de sa rédaction, Val se résigne à critiquer le patronat, il protège systématiquement Martine Aubry et les autres ministres délégués par le MEDEF au sein du gouvernement socialiste. Élaborés au cours de besogneux soupers avec son ami Laurent (Joffrin), les stratagèmes de Philippe (Val) ont ébloui Bernard-Henri (Lévy). Ainsi, quand le 20 janvier 1999 Val signe un éditorial « Pour lindépendance du Kosovo », BHL riposte trois jours plus tard avec un « bloc-notes » du Point titré : « Pour lindépendance du Kosovo ». Val est excédé : « Laisser le monopole de léthique à B-HL relève de laveuglement » (NEM, 19 mai 99). La concurrence devient sauvage : au cours de la campagne européenne, les deux larrons saffrontent à coup déloges pour Dany le vert-kaki, grand ami de François (Bayrou) et dAlain (Madelin). Comme tous les esprits un peu limités, Val révère la « complexité » : « Un intellectuel qui pense que le monde est simple manifeste son abandon du débat didées pour ladhésion à une idéologie » (7 juillet 1999). Abandonner le débat d« idées » ? Mais ce serait renoncer aux analyses subtiles par lesquelles Val justifia la guerre de lOTAN au Kosovo : « Aujourdhui, celui qui nest pas, ne serait-ce quune seconde, une petite grand-mère à bout de force, allongée dans la boue en travers du chemin, celui-là na rien compris au monde qui lentoure » (NEM, 19 mai 1999). Une telle fulgurance devait susciter la vénération des Inrockuptibles, journal qui partage avec Val cette conception éclairée du peuple : « ploucs humains obtus, rendus courageux par la vinasse ou la bière locale qui leur gargouille dans le bide » (NEM, 14 juin 2000). Les Inrocks viennent de distinguer en Val « le meilleur éditorialiste de France ». Ils publient à jet continu ses homélies les plus émouvantes. Un journaliste-fan se pâme : « La lecture de Philippe Val nous est précieuse dans ce quelle mêle la clairvoyance, lérudition et la distraction. Cest peu dire quelle rend moins con. » Cest peu dire, en effet Vive la pensée Val-Tsé-toung ! Vive
le NEM ! |
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