Numéro 0  

      Pour lire pas lu POUR LIRE
PAS LU
   
       trait.gif (119 octets)     
index général  

Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort.

 
      trait.gif (119 octets)     

Cherchez sur

Ce   Site



version imprimable
Imprimez
cette page !

Sommaire :

pointr.gif (823 octets) La laisse d'or
pointr.gif (823 octets) Pour relire pas relu
pointr.gif (823 octets) Les faux impertinents
pointr.gif (823 octets) Vu dans. Pas vu dans
pointr.gif (823 octets) Pour lire délire :
Nicole Notat
un parfumeur anarchiste.

pointr.gif (823 octets) Pas lu dans Libé, Le Nouvel Obs, Le Monde diplo
pointr.gif (823 octets) Pas lire Le Vrai papier journal
pointr.gif (823 octets) Inédit : Bourdieu

Dossier : les faux impertinents
pointr.gif (823 octets) Karl Zéro
pointr.gif (823 octets) Daniel Schneidermann
pointr.gif (823 octets) Guillaume Durand
pointr.gif (823 octets) Michel Field
pointr.gif (823 octets) Philippe Val
pointr.gif (823 octets) Les Inrockuptibles

Docu-ment, Archives et Mouchardage
pointr.gif (823 octets) Ils ont dit, on se souvient
pointr.gif (823 octets) Michel Field
pointr.gif (823 octets) Le Nouvel Obs et le Kosovo
pointr.gif (823 octets) Edwy, roi du téléachat

pointr.gif (823 octets) Abonnement

redaction@ENLEVplpl.org
 
 

   
  Mouchardage      Field à la rescousse
  des flics et des patrons

trait.gif (127 octets)
Dans son livre L’École dans la rue (1973), Michel Field dénonçait la « joie sauvage de pauvres refoulés » avec laquelle les policiers réprimaient les manifestants.

Dans La marche du siècle du 19 janvier 2000, Field introduisait les débats en ces termes :

« Ravi de vous retrouver pour cette Marche du siècle que j’ai intitulée "Vous avez demandé la police". Alors, vous avez demandé la police ? Oui, puisque c’est une demande grandissante de la part de nos concitoyens et que la sécurité fait partie des libertés fondamentales ! »

Field avait invité des policiers (imposés par le ministère de l’Intérieur), des experts (de la police) et des jeunes (qui aiment la police). Au terme de deux heures de publi-reportage pour la « police de proximité », l’unanimité auréolait sur le plateau. Michel Field suait presque de bonheur : « Pour avoir animé de nombreux débats sur les questions de sécurité et d’insécurité, de cités, je trouve que l’émission de ce soir était très révélatrice d’un basculement des mentalités. Comme si tout le monde se rendait compte que sur certains aspects on était au bord du gouffre et qu’il s’agissait vraiment de tout faire pour ne pas y tomber. »

Trois mois plus tard, le 27 avril 2000, Field anime une Prise directe (France 3). Il explique : « Le thème, c’est sortir de la galère, la création d’emploi, la création d’entreprise ! Un thème qui intéresse beaucoup de monde. » Car pour Field, trois millions de chômeurs, c’est trois millions de petits patrons potentiels.

L’animateur fait défiler devant la caméra les ex-galériens promus patrons ou aspirant à l’être. Ils ânonnent le discours que Field attend d’eux : ils « en veulent » ; il sont « responsables »; ils « y croient » : « Il faut y croire… si toi t’as décidé de le faire, alors tu y vas, tu fonces. Et si t’es passionné comme moi, les barrières, tu les passes ! ! » Field est ébahi : « Voilà ! Un beau discours ! » Pour lui, cette exaltation est bien la preuve du « désir d’entreprendre des gens qui étaient dans la galère et qui veulent s’en sortir. »

Les patrons établis se greffent au chœur des chômeurs-entrepreneurs. Ils gémissent : « La prédation s’organise autour de nous » ; « au niveau des charges qui sont très lourdes, nous sommes des exclus de la société. » Le patron de la Field Compagnie suscite et savoure leurs jappements.

Un « archaïque » s’étonne que sa nièce ne trouve pas d’emploi à Marseille avec une maîtrise de biologie. Un étudiant d’école commerciale le rabroue aussitôt : « Peut-être qu’il fallait réfléchir avant pour faire des études qui soient en phase avec le marché et les besoins ! » Puis il conseille : « Quand il y a du risque, il faut s’adresser à des business angels, des capitaux risqueurs. »
Field est ébloui : « Allez-y ! Allez-y ! »

Quand quelqu’un se risque à critiquer le ton de l’émission, Field glapit : « Hé ! Hé ! Doucement ! Essaye sur un ton juste un peu plus souriant. Il y a toujours quelque chose dans ces émissions, c’est que vous avez beaucoup de mal les uns les autres à supporter d’entendre des paroles qui ne sont pas exactement propres à vos convictions. »

Un intervenant remarque que les chômeurs pourraient avoir d’autres perpectives que la création d’entreprise, telles « la lutte avec les salariés contre le système capitaliste ». Field s’en étonne : « Hé ben voilà ! Le message est passé, c’est un message militant ».

Un homme de 20 ans au chômage, sans RMI, habitant un quartier pauvre, explique que les jeunes qui n’ont rien à faire se droguent. Field s’impatiente, essaye de lui arracher le micro, puis conclut, menaçant : « C’était la Marche du siècle hier sur les adolescents ; il y a des mômes qui étaient bien plus dans la merde que toi et qui t’ont donné une belle leçon de vie. Revois l’émission d’hier ! »

    

trait.gif (127 octets)

  Docu-ment      Le Nouvel Obs
  et le Kosovo
pipeau.gif (2779 octets)

Laurent Mouchard ment. Dans l’émission « Conférence de rédaction » diffusée par France Culture le dimanche 14 mai 2000, le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur et animateur de radio sur France Inter, plus connu à Paris sous le nom de Laurent Joffrin, a eu le toupet de prétendre que son hebdomadaire avait traité la guerre du Kosovo de manière équilibrée. Il a affirmé : « J’ai essayé de voir si j’avais écrit moi ou si j’avais fait écrire dans mon journal les choses (favorables à la guerre du Kosovo) qui sont indiquées [par les critiques de l’OTAN]. Donc j’ai repris ma collection de L’Observateur. Bon, la réponse, c’est que honnêtement en lisant les papiers ça ne correspond pas du tout. Ca n’est qu’un journal. Bon, mais ça n’est pas un journal tout à fait marginal. C’est l’hebdo le plus diffusé en France (1). Alors, qu’est-ce qu’on a écrit nous ? Pour ce qui est du Nouvel Observateur, le premier numéro qu’on a fait, c’est pas un numéro va-t-en-guerre. Ça s’appelle "La guerre en procès". On peut pas dire que ça soit vraiment une manière de mobiliser les gens.. »

Les enquêteurs de PLPL ont alors réalisé un « Arrêt sur numéro ». Leurs conclusions accablent Mouchard.

Le Nouvel Observateur n° 1795, du 1er au 7 avril 1999
Titre : Kosovo — La guerre en procès
Surtitre : Et pourtant, il fallait intervenir...

PLPL : Ainsi, dès le départ, Laurent Mouchard ment, au moins par omission : il cache que le surtitre du numéro en question donnait tout son sens au titre. Il ne s’agissait pas de faire le « procès de la guerre », mais celui des opposants à la guerre.

Contenu du numéro : Le « procès de la guerre  » commence dès le premier éditorial : « Les nouveaux munichois », par Françoise Giroud.

Extraits : « M. Milosevic purifie. Chacun sa méthode, on doit manquer de chambres à gaz, en Serbie. [La Seconde Guerre mondiale] naquit de la lâcheté, celle de la France, celle de la Grande-Bretagne. Sinistre souvenir de ce qu’on appelle aujourd’hui d’un mot : Munich. Alors aussi, il y avait en France, en Angleterre, des pacifistes sincères qui tendaient leur rameau d’olivier. »

PLPL : La Serbie est ici comparée à l’Allemagne nazie, et les opposants à la guerre aux Munichois (qui souvent allaient devenir des collabos).

Le « procès de la guerre » se poursuit avec le deuxième éditorial : « Mars ou la guerre jugée », signé Jean Daniel.

Extraits : « J’ai fini, la mort dans l’âme, par me persuader, maintenant que cette intervention a commencé et depuis que l’on découvre la destruction méthodique des villages kosovars, de la nécessité suivante : pour sauver les Kosovars dont nous avons aggravé le sort, on ne peut plus éviter de faire une guerre totale contre ceux des Serbes qui demeurent encore envoûtés par Milosevic. »

PLPL : Réclamer une guerre totale contre la Serbie (puisque Jean Daniel admet, dans son éditorial, que la plupart des Serbes soutiennent le régime au moment où commencent les bombardements) est une manière particulière de faire « le procès de la guerre ».

Le « procès de la guerre » se déchaîne avec le troisième éditorial : « La reine du monde », signé Jacques Julliard.

Extraits : « Si violents que soient les bombardements actuels, ils n’ont fort heureusement rien à voir avec la destruction de Dresde ou de Coventry pendant la Seconde Guerre mondiale. Une guerre qui se donne pour conditions de n’avoir aucun tué de son côté et le moins possible dans la population adverse n’est pas tout à fait une guerre, mais une manœuvre d’intimidation destinée à faire céder l’adversaire à moindre frais. […] Espérons que les Occidentaux auront les nerfs plus solides que Milosevic et leur propre opinion publique, car ils ont désormais un devoir sacré — je renvoie ici à la conclusion de Jean Daniel : envoyer au sol une force d’intervention. »

PLPL : Le fils de cure Jacques Julliard assimile donc ici la guerre à un « devoir sacré ». Une croisade humanitaire ?

Le « procès de la guerre » devient presque apologie de la désertion avec le quatrième éditorial : « La guerre en procès », par Laurent Joffrin.

Extraits : « Aussi légitimes qu’en soient les motivations, cette guerre est en procès. Écartons la mécanique dénonciation des prêcheurs de la passivité, qui ne voient la France grande que dans l’absolution des dictateurs, de ces donneurs de leçons du patriotisme qui ne cessent de dénigrer leurs soldats dès qu’ils sont engagés quelque part. »

PLPL : « Ne cessent de dénigrer leurs soldats » : Joffrin a pompé le style pompier des écrivaillons patriotards de la première guerre mondiale qui, planqués à l’arrière, griffonaient entre deux dîners mondains des odes à la guerre. Et, la conscience tranquille, envoyaient les « poilus » à la boucherie.

Prolongeant le « procès de la guerre », le sergent-recruteur Mouchard s’étrangle de colère en évoquant le traitement des médias dans un second éditorial, « Quand la télé fait son boulot » (car Joffrin n’a manifesté aucun scrupule à infliger aux malheureux lecteurs de l’Obs deux éditos de Joffrin dans le même numéro !) La veulerie militariste des grands moyens d’information lui suggère alors ce commentaire : « Le travail des médias audiovisuels dans ce conflit a jusqu’à présent été exemplaire. Les leçons de la guerre du Golfe ont été tirées : beaucoup de prudence, de doute, de distance à l’égard des sources et de volonté d’équilibre dans l’interprétation. »

Le « procès de la guerre » devient carrément haineux dans l’article suivant « Cette union sacrée dont rêvait Milosevic ». Analysant les « traits marquants du caractère serbe » en s’appuyant sur les conclusions d’un neuro-psychiatre, le journaliste Henri Guirchoun évoque « un comportement ostentatoire, une jalousie irrépressible, une tendance à la division, un rapport infantile au leader, la soumission, la peur envers le supérieur et la brutalité envers l’inférieur, un mépris total du temps qui explique le syndrome du passé, un narcissisme irrépressible. Et le plus inquiétant peut-être : une propension à tirer plaisir de sa propre souffrance qui confine au masochisme. »

PLPL : Autant dire que les Serbes allaient se régaler des bombes larguées sur leurs tronches par les Américains, Britanniques, Allemands et Français, peuples à la fois francs, démocratiques, généreux, amoureux des faibles et sensuels à l’extrême.

Les partisans de la guerre sont ensuite impitoyablement goudronnés et plumés par l’article « La guerre au sol, nécessaire et impossible », que signe René Backmann.

Extraits : « Si l’OTAN a réellement pour objectif de réduire la capacité de combat de l’armée serbe et de protéger les civils kosovars du nettoyage ethnique entrepris par les troupes de Milosevic, peut-elle se contenter des frappes aériennes, comme elle le fait depuis le 24 mars ? Non, répondent les généraux Michael Rose, Pierre Cot et Philippe Morillon, anciens chefs de la Forpronu, qui plaident pour un déploiement de troupes au sol. »

Le «procès de la guerre » s’amplifie et prend tout son sens quand le même article assimile les pacifistes à ceux qui ont choisi l’« abandon pur et simple des Kosovars à leurs bourreaux ».

Enfin, toujours dans le même numéro du Nouvel Observateur, Alain Richard, ministre socialiste de la défense, conclut le « procès de la guerre » de l’OTAN : « Nous avons fait le choix, nous, d’agir en veillant au sort des populations civiles. Éviter les atteintes aux civils, cela nécessite du temps et une grosse prise de risque pour nos pilotes. »

Ndlr : En juin 2000, Amnesty International a établi que, pour protéger la vie de ses pilotes, l’OTAN avait délibérément risqué celle des civils de Serbie et du Kosovo. Amnesty a également conclu que certains des bombardements atlantiques méritaient d’être qualifiés de « crimes de guerre » et leurs coupables jugés. Un vrai procès à venir ?

1. Mouchard s’égare : Le Nouvel Observateur est très loin d’être « l’hebdo le plus diffusé en France ». Treize hebdomadaires ont une diffusion supérieure à la sienne.
    

  
Le Magazine de l'Homme Moderne
Mise en ouaibe
ec & mg
Le Mhm