Comme n’importe quel groupe capitaliste, le QVM vend : l’hebdomadaire l’Européen, à Vivendi ; le QVM achète : Le Midi libre, Les Cahiers du Cinémas, Politis ; le QVM s’internationalise: Raminagrobis veut « tisser sa toile en Europe à partir d’une logique de partenariats et d’alliances », (CB News, 10/07/00). Le tout en chantant les louanges de « La dure et juste loi des marchés financiers » (1). Pourquoi une telle entreprise est est-elle systématiquement épargnée par ceux qui critiquent ailleurs le libéralisme économique ? Edwy, le Roi du téléachat veille. Comme Raminagrobis possède la moitié du capital du Monde diplomatique, ce mensuel ne critique presque jamais le QVM. Depuis que Le Monde diplomatique est son principal actionnaire, Politis – dont la nouvelle formule ressemble, sur la forme et sur le fond, à un supplément du QVM – pourrait bien devenir tout aussi respectueux. Mais l’essentiel, c’est le réseau d’Edwy, de Politis à LCI, de Christophe Aguiton (Attac, AC !, etc.) à BHL. Particulièrement nombreux à la LCR (Ligue communiste révulotionnaire), les amis d’Edwy ont essaimé dans plusieurs « mouvements sociaux ». Daniel Bensaïd, penseur de la LCR qui n’écrirait peut-être pas un livre avec Pierre Bellemare, vient d’en rédiger un avec le Roi du téléachat. Pendant les vacances, Christophe Aguiton délaisse ses ouailles pour ne réserver qu’au seul monarque moustachu son sourire de curé. Ces liens-là pourraient être sans conséquences – et ne pas concerner PLPL. Tel n’est pas le cas : ils protègent Le Monde et sont manipulés par lui. L’an dernier, l’hebdo trotskyste Rouge a ainsi chanté les louanges d’un petit livre de Plenel favorable à la guerre de l’OTAN – ouvrage souffreteux déjà acclamé par les journaux du fabriquant de missiles Lagardère. Attac critique le libéralisme économique, mais semble toujours préférer la cible (facile) des commentaires grotesques de Jean-Marc Sylvestre à celle des éditos à peu près identiques du QVM (lire en page 6 « Les combats “citoyens” du Monde »). En échange de leurs complaisances, les têtes de réseau médiatiques héritent de quelques lignes dans le quotidien vespéral des marchés – parfois d’une tribune. Et le QVM accorde un retentissement inouï aux « débats » qui ébranlent la cabine téléphonique où se déroulent les AG de la LCR. Les vedettes parisiennes du radical-chic peuvent glapir contre l’« ultra-libéralisme » si elles veillent à épargner les médias qui installent ce chancre dans nos crânes. Edwy écoute et lit tout ce qu’on dit sur lui. Alors, Krivine l’adore. Et BHL aussi. Dans son Journal, BHL a admis : « Il jouit dans notre petit groupe d’un crédit très étrange […] Moi-même qui ne le connaît pas, qui ne l’ait jamais rencontré, je me surprends à m’enquérir parfois de ce que “Edwy” pense de ceci, de ce qu’il dit de cela » (Le Lys et la Cendre, Grasset, Paris, 1996, p. 336-337.) Depuis, BHL a beaucoup rencontré Edwy et il a été « promu » éditorialiste associé au Monde… Plenel est partout : il invite un jour Sollers, l’autre Bensaïd, tantôt dans son émission de téléachat de LCI, tantôt dans les pages du QVM. Edwy sait philosopher : « Est-ce que la situation dans laquelle nous sommes ne donne pas des gages de réussite à cette alliance d’un libéralisme économique et d’un libéralisme politique, à la fois du dynamisme des entrepreneurs et de la liberté des individus au nom de laquelle, d’une certaine manière, nous nous sommes battus au Kosovo ? » (LCI, 12/06/99). Ce jour-là, son ami Bensaïd relisait sans doute Karl Marx. 1.
Titre d’un article du journaliste maison Pierre-Antoine Delhommais paru
à la une du Monde le 17/09/98, alors que la crise financière
jetait des dizaines de millions d’Asiatiques dans la « dure et
juste » misère dont, selon le QVM, il n’auraient jamais
du sortir. Sauf pour servir des nems au Roi du Téléachat, au nabot malfaisant
et à Raminagrobis. |
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