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Démanteler le service public Privatiser France Télécom : « Les monopoles anciens sont destinés à mourir. Le changement de statut de France Télécom en une société dotée dun capital et capable dalliances mondiales apparaît comme un impératif. Le devoir du gouvernement est de prendre un peu de temps, non pour le cacher mais pour le dire, et pour préparer au plus vite les fonctionnaires à ce changement » (Le Quotidien Vespéral des Marchés i.e. Le Monde, éditorial du 13/07/95) (1). Privatiser comme Margaret Thatcher : « En France, la révolution thatchérienne a fait figure dépouvantail (2), empêchant de voir que, partout dans le monde, léquation qui établissait une relation déquivalence entre service public, entreprise publique, monopole et statut du personnel volait en éclats [ ] À moins de remettre en cause linternationalisation de léconomie et les progrès technologiques qui avivent la concurrence, les services publics industriels et commerciaux vont devoir davantage prendre en compte les deux derniers termes, sans renier le premier. Lintroduction de la concurrence apparaît inévitable dans la plupart des secteurs, en particulier les transports et les télécommunications » (« Une révolution nécessaire pour les services publics », Le quotidien Vespéral des Marchés, 12/10/95). Privatiser pour ne pas être en « retard » : « La France adopte enfin la loi sur la concurrence dans lélectricité. Avec un an de retard sur ses partenaires, Paris se conforme aux nouvelles règles européennes. Les députés devaient voter, mardi, un texte minimaliste, alors que plusieurs pays ont opté pour une déréglementation totale » (Titre et sous-titre, p. 16, Le quotidien Vespéral des Marchés, 2/02/00). Privatiser pour être moderne : « Quest-ce que le « modèle social européen » sinon essayer de réglementer le marché ? Le chef de lÉtat et M. Juppé ne sont jamais parvenus à dégager cette troisième voie, et ils ont renforcé limage dune France refusant de sadapter à la modernité de léconomie mondialisée. À archaïque, archaïque et demi En outre, si M. Jospin doit aujourdhui faire face à un secteur nationalisé plus important que dans les autres pays, cest que son prédécesseur a été incapable de conduire à bien les privatisations quil avait décidées » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 16/07/97). Privatiser pour être plus américain : « Il reste maintenant à M. Strauss-Kahn et à ses collègues européens à suivre la voie économique américaine, caractérisée depuis des années par des réformes de structures, une baisse de la pression fiscale, des coupes claires dans les dépenses de lÉtat et un retour à lexcédent budgétaire » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 5/12/98). Dénoncer les grèves Directeur adjoint de la rédaction du Monde, Pierre George se sent « droit dans ses bottes, pour affirmer ici que nos amis cheminots commencent à attiger sérieusement ! Quà faire grève pour un oui ou pour un non, de préférence le vendredi, et aux prétextes les plus divers, ils assassinent le service public au motif de le sauver ! [ ] À force, trop, cest trop. Trop de grèves tuent la grève. [ ] Les cheminots ne sont pas les damnés de la terre, ou du fer. Ils ont un statut enviable, des salaires décents, un système de retraite avantageux. [ ] On ne saurait se cacher perpétuellement derrière lusager et le prendre en otage en permanence pour mieux le protéger » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 28/11/98). « Une fois de plus, un très faible nombre de gréviste peut suffire à bloquer environ 30 % du trafic. Par ailleurs, cette grève rappelle [à la SNCF] toutes les dérives dont est capable un syndicalisme catégoriel » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 4/05/99). Licencier Vive
les licenciements à Moulinex ! Vive
les licenciements au Japon ! Vive
les licenciements à Vilvorde ! Vive
les licenciements pour sauver lemploi ! Fondre
la démocratie Dans lédito « Marché et démocratie » consacré à la bataille entre la BNP-Paribas et la Société Générale, lauteur assimile une offre publique déchange à un référendum (où seuls les propriétaires disposent du droit de vote) : « Si lon doit regretter quelque chose, cest que, pour ce référendum, le poids des électeurs français soit aussi faible et celui des étrangers aussi lourd » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 17/08/99). Lécher les patrons « Bien joué, M. Bébéar », sexclame un éditorial : « Les vraies réussites industrielles sont trop rares, en France, pour ne pas être saluées. Celle de Claude Bébéar et de son groupe dassurances AXA, couronnée aujourdhui par labsorption de lUAP, le mérite. [ ] Elle dote la France dun géant financier capable de défendre, à lheure de la mondialisation, les intérêts économiques du pays. Face aux mastodontes anglo-saxons, le mariage des deux assureurs permet à la France de jouer dans la cour des grands. [ ] Libéral militant (proche du parti républicain), catholique pratiquant et patron ouvert au monde, Claude Bébéar a constamment agi, à la tête de son entreprise, en conformité avec ses idées. Rare, là encore. Lhomme croit au marché. Il en joue, sans naïveté [ ] Militant de lentreprise citoyenne, il a certes tiré de sa réussite une fortune personnelle ; mais ses salariés, ses actionnaires et ses clients en ont aussi bénéficié » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 14/11/96) (4). Quand deux journalistes interviewent Jack Welch, « patron emblématique » de General Electric, une des plus grandes multinationales du monde, les questions sont : « Vous êtes devenu la référence en matière de management. Avez-vous des chantiers inachevés ? [ ] Vos méthodes sont copiées par les plus grands groupes. Est-ce une boite à outils ? [ ] Vous êtes devenu une sorte didole pour le monde des affaires. De nombreux PDG senferment facilement dans une tour divoire. Et vous ? » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 20/06/00). Célébrer le plan Juppé Après lannonce du Plan Juppé, un éditorial expliquait : « La journée du 15 novembre [1995] a toutes chances de rester comme la première date utile du pouvoir issu de lélection présidentielle de mai dernier. Utile au pays car celui-ci a désormais un gouvernement. Cest à dire une équipe capable de prendre une décision qui ont non seulement le mérite de la cohérence, mais qui paraissent dictées par une certaine idée de lintérêt général, quitte à mettre à mal les corporatismes ou les clientèles électorales. Donc Juppé II gouverne. » (Le quotidien Vespéral des Marchés, 17/11/95).
1. Rappel : « Non signé, léditorial est une uvre collective, qui engage lensemble du journal » (11-12/07/99). 2. Dans un éditorial titré « Lexemple britannique », Le Monde avait écrit : « Le débat français, souvent trop dogmatique, pourrait utilement senrichir de lexemple britannique » (20/11/95). 3. Plan Blayau : 2 600 suppressions demplois annoncées, suivies dun gain de 21 % du cours de laction. Pierre Blayau est un ami proche dAlain Minc, président du conseil de surveillance du Monde. 4.
En 2000, le « citoyen » Bébéar doublera la prime que payent
les trisomiques pour couvrir financièrement le « risque ».
Axa est actionnaire du Monde. |
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