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Le journal qui mord et fuit...  

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Courrier des lecteurs
et des journalistes

PLPL achève Le Monde

Le souffle de la déflagration provoquée par le dossier « Le Monde réel » de PLPL n° 1 a arraché la mitre du trio de pitres. Déjà sérieusement discrédités, Edwy Plenel, Alain Minc et Jean-Marie Colombani ne peuvent risquer un pas dehors sans que les passants s’esclaffent. Edwy Ier, Roi du télé-achat, a cessé de brandir des livres emballés sous vide ; le Corse Colombani veut débusquer les « donneurs » d’infos à PLPL ; le Nabot malfaisant (i.e. Alain Minc) subit défaite sur défaite au tennis contre Alain Duhamel. Pire, selon une journaliste du Monde des Livres, qui tient à garder son emploi et donc l’anonymat, le trio aurait dû renoncer à son projet de télé financière avec Lagardère, au terme d’une séance de répudiation chez un des lieutenants de l’industriel marchand de canons.

« Notre Roi du télé-achat
est tout de même plus à gauche
qu’Alain Minc, non ?
 »

Un journaliste de la séquence « Aujourd’hui Sciences », qui tient lui aussi à garder son emploi et donc l’anonymat, nous a écrit. Il précise qu’il a lu PLPL « par hasard » et il conteste la présentation que nous faisons des rapports entre Edwy Plenel et Alain Minc, le nabot malfaisant. Selon lui, « notre Roi du télé-achat est tout de même plus à gauche qu’Alain Minc, non ? ».

PLPL rétorque que, dans le Nouvel Économiste (09.02.1996), Edwy expliquait déjà à propos de Minc : « Je l’estime. Nous avons le même but. […] Il a du respect pour les gagneurs. » Cet article rapportait également les analyses d’un ancien journaliste du Monde : « Plenel a servi de caution de gauche à Colombani qui, en retour, lui a apporté un manteau de respectabilité. » Et, éclairant les rapports entre Colombani et Plenel, un autre ancien du Quotidien vespéral des marchés (QVM i.e. Le Monde) confiait : « Jean-Marie a traversé des crises de doute. C’est Edwy Plenel qui a donné les tours de manivelle pour le faire repartir. »

Depuis le moteur s’est emballé.

Notre correspondant de la séquence « Aujourd’hui Sciences » du Monde (qui tient à garder son emploi et donc l’anonymat) conteste le caractère « vindicatif et paranoïaque » de Raminagrobis (i.e; Jean-Marie Colombani) – dont il reconnaît néanmoins la fatuité. Mais, selon lui, c’est Edwy [Plenel, ndlr] qui, incapable de se contrôler, glapirait à la moindre critique de ses émissions de télé-achat. PLPL n’en disconvient pas. Mais il persiste et signe : Raminagrobis ne supporte pas davantage la contradiction, même si son fanatisme barriste, puis balladurien, puis à nouveau barriste, l’ont crédité d’un caractère placide et mollasson : « Je dirais, explique Colombani, que l’homme pour qui j’ai eu beaucoup de sympathie, c’est incontestablement Raymond Barre qui, à mes yeux, alliait beaucoup de la rigueur d’analyse et du courage politique 1».

Il arrive en effet que l’entrepreneur limaçon se raidisse. Ainsi, revenant sur la tentative de rachat de L’Express par Le Monde en 1997, Messier révèle la réaction de Raminagrobis quand on lui fit savoir que l’offre du Monde avait été refusée avec dégoût par les journalistes de L’Express (lire PLPL n° 1). Selon Messier, Colombani jura de se venger en ces termes : « Si vous ne nous cédez pas L’Express, vous nous aurez contre vous pendant vingt ans. Et on finira par vous abattre. 2» Depuis, les affaires ont repris leur cours normal entre les deux patrons balladuriens. Mais il n’est pas difficile d’imaginer les glapissements haineux de Raminagrobis quand c’est un de ses employés, plutôt que le patron de Vivendi, qui le mécontente. En tout cas, les riverains du siège du Monde en parlent avec effroi.

PLPL s’en tient donc à sa version des faits, recoupée comme il se doit. Et PLPL renvoie à ses études son contradicteur épistolaire. Et puisque ce correspondant se dit journaliste à la séquence « Aujourd’hui Sciences » du QVM, PLPL lui rappelle que son quotidien s’était illustré dès son édition du 7 août 1945 en annonçant sous le titre allègre « Une révolution scientifique » le bombardement nucléaire de Hiroshima (100 000 morts). Un bon demi siècle plus tard, mais dans la même veine, Le Monde a nié le « coût » humain des bombardements des Balkans par l’OTAN : « Au total, la guerre du Kosovo a-t-elle été une catastrophe écologique ? La discussion reste ouverte, mais il semble qu’on puisse répondre par la négative. Peut-être, même, en tant que pollution violente dans un environnement par ailleurs relativement préservé, [les dégâts] sont-ils moindres que ceux que supportent durablement les environnements des pays industrialisés. […] Un effet collatéral de la guerre du Kosovo sera sans doute d’aider à améliorer [les] méthodes d’expertise » (QVM, 11-12.09.1999). Il semble cependant que, pour les leucémiques et les cancéreux victimes de bombes à uranium appauvri et enterrés ou incinérés, la discussion soit définitivement close.

Effarée par ce que lui a révélé le dossier de PLPL (n° 1, 2000) consacré au Monde, une de nos lectrices nous demande de continuer à le « diffuser et l’enrichir en permanence afin qu’aucun faux contestataire ne puisse continuer à collaborer aux pages “Opinion” [Il s’agit de la « séquence Horizon-Débats »] de ce quotidien ultra-capitaliste sans risquer le discrédit immédiat et définitif. » Sa réaction n’est pas isolée : les commandes groupées du numéro 1 (10 numéros pour 50 francs) sont tellement nombreuses que PLPL a dû consacrer une partie importante de son énergie militante à les satisfaire. Quant à l’enrichissement, le trio Colombani-Minc-Plenel s’en charge… Qu’on en juge : dans un entretien qu’il vient d’accorder à la revue barriste Commentaire (n° 92, hiver 2000-2001), Raminagrobis explique : « Tout se joue, dans notre univers surinformé, en termes de plus-value. […] Le rival du Monde, aujourd’hui, c’est le Financial Times, parce que c’est un journal influent en Europe. […] Dans les zones de conquête, il y en a surtout une qui doit continuer à être développée, c’est la sphère “entreprises, finances et marchés”. […] Le Monde d’aujourd’hui se préoccupe de la stratégie des grands groupes industriels et financiers, de la vie des marchés. […] Cela a été la naissance d’une séquence “entreprises, finances et marchés”, dont notre problème était de la crédibiliser, d’entrée de jeu, ce qui a été fait et donc, maintenant, le problème est de la développer. Ce qui sera fait dès le premier trimestre de 2001 avec un nouveau cahier publié le week-end. »

Raminagrobis a-t-il voulu plagier – et devancer – PLPL ? Ce nouveau cahier hebdomadaire, actuellement en préparation, s’appellerait… Le Monde Argent. Dès le printemps prochain, il devrait permettre aux lecteurs du quotidien vespéral des marchés de naviguer entre lecture (ennuyeuse) des chroniques de Daniel Schneidermann, coup d’œil (ennuyé) sur les pubs de TF1 et calcul (intéressé) des placements boursiers les plus lucratifs. Car les malheureux salariés que l’argent délaisse n’intéressent pas le décideur Plenel – sauf quand ils s’abrutissent de télé-achat. La preuve ? Dans son édition du 16 novembre 2000, le QVM a plastronné : « Le Monde, deuxième quotidien le plus lu des décideurs en Europe ». « Après le Financial Times, Le Monde est crédité par les décideurs européens du meilleur taux de lecture, d’influence et de crédibilité. Réalisée par Ipsos-RSL dans dix-sept pays auprès de 2 420 représentants des grandes entreprises, du corps diplomatique et des organisations internationales, de la Commission et du Parlement européens, des cabinets ministériels nationaux ainsi que des médias, des sciences et de la culture, l’enquête [calcule] l’influence que ces journaux exercent auprès des gouvernements et des dirigeants de secteurs d’activité, comme la communication et les médias, l’environnement, la banque et la finance. » Aucune plombière, boulangère, cheminote, institutrice ou infirmière n’a été interrogée par Ipsos.

Autre sondage auprès des « décideurs », celui que vient de publier le mensuel Stratégies (01.12.2000). À la question « Quelle est la personnalité qui, selon vous, a crée le plus de valeur pour son entreprise et qui mériterait le titre d’“Homme de l’année 2000” de Stratégies ? » Raminagrobis se place en sixième position, derrière Messier et Michel Bon, mais devant Lagardère et Pinault. Le directeur du Monde est ex-æquo avec son ami balladurien et partenaire en affaires : Patrick Le Lay, patron de TF1.

Enfin, un lecteur de PLPL a attiré notre attention sur le numéro du Monde daté du 8 décembre 2000 qui a consacré un titre de « une », deux pages intérieures et un éditorial au « Musée rêvé de François Pinault ». On sait en effet que Pinault, conseillé par Minc, est le principal actionnaire privé du QVM et l’associé du journal de Raminagrobis et du Roi du télé-achat dans le cadre d’un projet de chaîne locale à Paris. Les deux pages évoquées plus haut furent donc un modèle de servilité : « François Pinault voudrait que l’on soit à la fois dans une cathédrale et dans une église romane, la monumentalité et le recueillement. » L’éditorial trancha favorablement la question de la dictature des capitalistes sur l’art : « François Pinault, sa collection, sa maison de vente et bientôt sa fondation risquent de bouleverser totalement le paysage artistique. […] Il s’agit sans doute d’une évolution inéluctable. Elle sera positive si elle permet à des œuvres de qualité d’être mieux connues d’un public plus vaste. » Mais, dans les deux pages de publi-reportage à la gloire du musée Pinault, ce passage est sans doute le plus savoureux : « Acheter des entreprises en difficulté, les remettre d’aplomb pour les revaloriser, François Pinault sait faire. » Pour un prédateur notoire, dont une journaliste du Monde a détaillé les méfaits – ailleurs que dans son journal… –, le compliment est presque cocasse 3.

« Qu’aucun faux contestataire ne puisse continuer à collaborer aux pages “Opinion”de ce quotidien ultra-capitaliste sans risquer le discrédit immédiat et définitif »

Pour conclure, PLPL offre cette information qui servira de jeu à ses lecteurs instituteurs souhaitant disposer d’une illustration pédagogique de la transformation du Monde en journal des raiders et des exploiteurs. Chaque année, le QVM publie un hors-série titré « Bilan du monde », analysant la situation économique et sociale. L’édition 2001, sortie en janvier 2001, se distingue un peu des précédentes. Trouvez en quoi.

Titre de l’édition 1999 : « L’analyse des 174 pays et des 26 régions françaises. »
Titre de l’édition 2000 : « L’analyse des 174 pays et des 26 régions françaises. »
Titre de l’édition 2001 : « L’analyse des 174 pays. Le classement des entreprises les plus performantes des 26 régions françaises. »

1. Commentaire, Jean-Marie Colombani, « La ligne du Monde », hiver 2000-2001, n° 92, p. 730. [Ndlr : ce charabia est reproduit tel qu’il a été publié. PLPL a juste corrigé les fautes d’orthographe du directeur du QVM.]
2. Jean-Marie Messier, J6m.com, Hachette Littératures, 2000, p. 123.
3. Caroline Monnot (avec Pierre Gay), François Pinault milliardaire; Balland, 1999. Le livre fut publié après avoir essuyé les refus de plusieurs éditeurs, inquiets de mécontenter le patron de la Fnac, le propriétaire du Point et… l’actionnaire du Monde.