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Auteurs - Ci-gît Eric Ambler
 

 
 

 

 

  Eric Ambler    Blême Ambler.
  L'espion qui peinait
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Eric Ambler

 
   

Blême Ambler.
Par FRANÇOIS RIVIERE, Libération, le 26/2/98.
L'inventeur du roman d'espionnage moderne, né à Londres en 1909, a aussi écrit des nouvelles. Traduction et rééditions de deux polars.

pointg.gif (57 octets) Les intrusions du Dr Czissar, Nouvelles traduites de l'anglais par Sylvie Rozenker, Ombres, 123 pp., 45 F.
pointg.gif (57 octets) Les trafiquants d'armes, Traduit par G. et B. Véraldi, Points Seuil, 249 pp., 20F.
pointg.gif (57 octets) La Croisière de l'angoisse, Traduit par Marc Gibot, Points Seuil, 273 pp., 39F.

James Bond détacha sa ceinture, alluma une cigarette et sortit de son élégant attaché-case un exemplaire du Masque de Dimitrios». Cette petite phrase glissée malicieusement au détour d'un roman de Ian Fleming est un signe non négligeable de l'admiration qu'ont toujours portée à Eric Ambler les autres membres du club très fermé des auteurs de roman d'espionnage anglais. Eric Ambler, personnage ombrageux et têtu, qui refuse de voir aujourd'hui ses livres édités dans son propre pays, a peu à peu conquis le public français trop longtemps rebuté, en matière de fiction d'espionnage, par une production de masse à présent totalement tombée en désuétude. Né au sud de Londres en 1909 de parents artistes de music-hall, Ambler se lance très jeune dans la publicité. Mais à l'existence superficielle des gens de son milieu, il préfère la lecture de Jung et de Nietzsche et l'écriture. La montée du nazisme lui inspire son premier roman, Frontière des ténèbres, publié en 1936. Puis il entreprend de voyager séjournant d'abord à Paris. Il parcourt le pourtour méditerranéen qu'il observe avec une attention soutenue avant d'en faire le théâtre de plusieurs de ses meilleurs récits d'atmosphère. Son troisième livre, Epitaphe pour un espion, ressemble au scénario d'un film d'Hitchcock: un innocent accusé d'être un espion, tente d'échapper aux maléfices de la Riviera française.

pointg.gif (57 octets) L'écriture d'Ambler est méticuleuse, obsessionnelle, préfigurant celle d'un Modiano. Ses héros sont des désenchantés aux prises avec la terreur d'un monde en décomposition. Dans la Croisière de l'angoisse, Istanbul apparaît comme la plaque tournante d'une tragicomédie sordide. On pressent que l'auteur s'intéresse moins aux ressorts de l'action qu'à l'étude de caractère qui ne sont plus ceux apparus dans le Mr Ashenden de Maugham mais s'apparentent aux héros de Greene. Ambler invente en vérité le roman d'espionnage moderne.

pointg.gif (57 octets) Après le Masque de Dimitrios, contant l'aventure sophistiquée du romancier Charles Latimer dans l'envoûtant décor d'Istanbul (1939), le cinéma s'intéresse à son auteur. Les studios anglais d'abord — Carol Reed, David Lean, puis Hollywood. Alfred Hitchcock, lecteur fervent d'Ambler, songe à adapter l'un de ses livres puis se fâche avec Ambler lorsque celui-ci convole avec Jean Harrison, sa secrétaire... Les deux hommes entretiennent toujours des relations tendues. Déçu par le cinéma, Ambler revient au roman dans les années 50 avec des œuvres plus fortes, l'Affaire Deltchev, les Visiteurs de l'aube, les Trafiquants d'armes. Puis il met en scène le truculent Abdul Simpson, mi-levantin, mi-anglais, que Peter Ustinov incarne dans le Topkapi de Jules Dassin. Sa maîtrise du récit s'affirme dans Complot à Genève, Docteur Frigo et N'envoyez plus de rose, peut-être son chef-d'œuvre, paru en 1977.

pointg.gif (57 octets) Etabli en Suisse, Ambler s'enlise alors dans la rédaction d'un autre livre, le Brochet, son dernier roman à ce jour. Puis il décide de se consacrer à la rédaction de ses mémoires. Un premier volume, Mémoires inachevées, le titre anglais, Here Lies Eric Ambler est nettement plus ironique - évoque son enfance et ses débuts. On y découvre un être déchiré, insatisfait, le frère de ses espions solitaires et mal aimés. Le second volet de ses souvenirs, sorti en 1993 sous le titre The Story so Far (Résumé des épisodes précédents) est encore plus acerbe et si bref que l'écrivain y a joint les six nouvelles d'énigmes composées jadis pour un magazine et traduites aujourd'hui sous le titre les Intrusions du Dr Czissar. Comme un pied de nez adressé à ceux qui n'ont voulu voir en lui, jusqu'ici, qu'un romancier d'espionnage.

L'espion qui peinait.
Par ÉDOUARD WAINTROP, Libération, le 27/8/98.

pointg.gif (57 octets) Eric Ambler : «Epitaphe pour un espion», traduit de l'anglais par François Rivière, Points Seuil, 180 pp., 35 F.

Vadassy est un réfugié hongrois devenu prof dans un collège privé de Paris. Il passe l'été 1938 (à moins que ce ne soit celui de 1937) dans une petite pension de la Côte d'Azur en assouvissant sa passion pour la photographie. Mais la guerre menace et c'est ainsi que Vadassy est pris par le contre-espionnage français pour un agent de l'étranger qui aurait photographié des sites militaires. Blanchi, il est quand même obligé de découvrir le véritable espion, qui ne peut être qu'un hôte de la pension qu'il habite. Peu doué pour le travail d'agent secret, notre Magyar commettra nombre d'impairs avant d'assister au surprenant dénouement. Avec son atmosphère un peu surannée, son intrigue serrée, ses quelques scènes de comédie, ce livre peut faire penser à un film d'Alfred Hitchcock, période anglaise. N'y manque même pas le thème du faux coupable. Mais cette avant-scène n'est qu'une illusion. Derrière le petit drame s'en noue un plus poignant: celui d'un antifasciste allemand qui tente de ne pas se faire remarquer pour qu'on ne l'oblige pas à entrer dans le Reich, où un triste sort l'attend. Dans ce livre écrit en 1938, Ambler, à qui on doit aussi le Masque de Demetrios et l'Energie du désespoir, sait comme personne croiser les pistes. Et, derrière une apparente légèreté, nous faire sentir que la nuit s'avance.

 

eric chabert
chabert
   

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