|
|
|
||
|
13. La morale abjecte tend vers le haut, vers le grand, vers le beau. Elle est pourtant constituée de tout ce qui avilit. Je suis faible c’est pour cela que j’ai décidé de traverser les êtres non pas grâce à mon vit mais grâce à des mots, des images, des représentations de moi-même qui incarnent, pour quelques instants et pour quelques-uns de mes congénères, faibles comme moi, l’absoluité imaginaire de la petitesse de l’homme. Je chie sur cette morale exclusivement et essentiellement ascensionnelle qui m’a contaminé, sur celle des libertins et des vertueux. Je suis infecté par le venin que déchargent la guerre puis la paix. Il y a dans la femme agenouillée devant le Christ autant de beauté que d’abjection et son pourfendeur — et son confesseur, et son usurpateur et son calomniateur — sont autant de cons obstrués par la rapine qui pullule dans les esprits épargnés par la tentation de la lucidité. Je décharge ma haine et mes révoltes d’avorton dans l’immense anus du monde, lui-même mort dans l’humanité. Je subjugue les pucelles, j’interpelle les puceaux ; quant aux êtres sexués je les fais sourire d’un rire gras qui s’extravase sur des visages marqués par les joutes sexuelles. Ô chasteté perdue de l’Adam et de l’Eve. Ô chasteté vénérée qui prêche l’abstinence dans la reproduction. Etre masturbé jusqu’au plus profond du cul qui jamais n’ose regarder la réalité... dans son trou de cul. Il est bien, il est bon de respecter l’homme (der Mensch), ses hésitations, ses jouissances, ses morts et ses mystiques. Il est abject de respecter ses guerres, son sang se répandant dans la terre de nos ancêtres. Et pourtant ; et pourtant Adam, que n’as-tu pas fait, point profané, point adoré, point espéré, point détesté, point aimé ? Et pourtant Adam, combien tu t’es égaré, ennuyé, masturbé. Et d’aucuns voudraient te tuer, te dépasser ? Ils n’en valent pas la peine ; ils n’ont pas vécu, ils n’ont pas reconnu la vie ! Que tous ceux qui aspirent au paradis terrestre et à ses rejetons que sont la quête de la justice, la jouissance des biens terrestres, la confirmation de la domination des forts sur les faibles, l’offuscation, la domination aillent aux enfers terrestres ; ils y gagneront la lucidité propre à leur offrir l’opportunité de mourir encensés. À ceux qui, comme moi, sont fourbus par la morale abjecte je leur conseillerais de rejoindre leurs frères en galère sinon ils risqueraient de terminer aux enfers célestes sans amour ni haine. Fuyez, fuyez les arcanes de la lucidité schizophrénique et hypocondriaque offerte aux plus faibles des faibles, tiraillés par leurs désirs répulsifs d’absolu. |
|