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JOURNAL MALADE

Semaine du 9 au 15 juillet 2001.

 9 juillet

Je crois être « amoureux » de L. J’aime (bien) J., sa docilité, mais. Se trouver niais. Niaiseux, ai-je entendu dire une fois. Avec bien sûr l’intuition que ce sentiment est partagé — sans oser tenter de le vérifier. Outre qu’il arrive (de plus en plus souvent) que je me déçoive.

L. est blonde, un peu plus jeune que J. Elle me comprend très bien (cela m’effraie parfois).

 le 10

Je gardais prisonnière une asiatique dans une sorte de « caisson » situé dans la cour d’un immeuble. J’avais, au début, largement abusé d’elle (elle dormait profondément sous l’effet d’un somnifère) mais désormais me préoccupaient davantage certains problèmes : n’allait-elle pas être découverte ? (je m’arrangeais pour que personne n’ait la clé de la cour) ; ne risquait-elle pas de mourir de froid ? de faim ? (elle avait quelques noix de cajou mais, bâillonnée et les mains liées…). Serait-ce pire que si elle était découverte et me dénonçait ? Etc.

 11 juillet

Relisant les semaines précédentes : confusion dans les initiales. Le 23 juin par exemple : c’est L.

Vu M. Elle a téléphoné. Bouffie, somnolente. Me raconte qu'un type l'a conduite jusqu'ici (à cet hôtel). Elle dit qu'elle a pleuré toutes les nuits. Elle dit qu'elle est à la rue depuis des mois (15 jours tout au plus).

Elle raconte sans cesse que ses frères l'ont battue, et qu’ils n'ont pas arrêté de la violer. «Ils me baisent tout le temps, j'ai mal partout.» Elle est malade, elle est — dit-elle — enceinte de moi. Evasif, je parle d'IVG.

On mange. Un bon bain et au lit. Elle a sucé le type qui l’a amenée ici. C'est elle qui a proposé, «pour remercier».

 jeudi 12

J. en dormant, me tenait d’une main (du poing) par les cheveux. Emouvant.

(Un visage d’ange et de gros nichons.)

 v. 13 ( !)

« Et comme il la prenait, par derrière, il la plaquait contre la machine et la forçait à se pencher sur les plaques brûlantes. Enfin, il lui frappa la nuque et elle s’affaissa dans la fumée, les crépitements, l’odeur panique de la chair qui se consume. »

 samedi 14

L. m’écrit : « je te suis entièrement dévouée, et facile à satisfaire ». Et je sombre dans une perplexité à la fois inconfortable et délicieuse.

Vu la mère de J., de loin. Petite vieille plutôt antipathique. Pas eu envie de la saluer (m’aurait-elle reconnu ?) : s’arranger pour ne pas être vu, user du mobilier urbain et des véhicules qui passent comme autant de paravents. A-t-elle seulement bonne vue ? Toute petite, sèche, pliée en deux et charriant ses cabas. Un peu pitié quand même mais pas assez.

 dimanche 15.VII

« Et puis je m’aperçus qu’elle avait les yeux cernés extraordinairement — le charme, alors, se mit à opérer. »

« Elle est prisonnière dans une petite cellule située juste sous les chiottes du bistrot ; tout lui tombe sur la tête, dans la bouche (maintenue ouverte par un système de sangles et de tiges métalliques) : merde, urine, serviettes périodiques, vomi. »

Un peu moins pensé à L.

M. refuse l'IVG, elle délire sur son enfant. Elle dit que des types paient très cher pour « sauter des femmes enceintes ».

  
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