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Bösersach Poèmes 2009 Charles Bösersach 20090302

 
    
  

  

La petite vieille qui exprès
fait exprès
de bien taper sa canne sur le
trottoir
la canne à bout ferré
tôt
très tôt le matin,
elle s’applique

& cet oiseau de merde qui
n’en finit pas
de siffloter
insolent, lancinant
comme une petite porte à peine
(qui grince)

Chez le
marchand de vin
(marchande fort gironde)
triste considération :
ces vieux qui n’ont même plus
la force — d’ouvrir une bouteille de vin

Chez le marchand de clous chez le
marchand de rouille
le marchand de poumons
— combien ? combien pour ce poumon,
cet oiseau de malheur, tout rose, luisant
et qui pépie horriblement
continûment, continûment
comme une grosse petite vis qu’on n’arrive pas à extraire

Oh petit bout de fromage
mes dents
petit bout de fromage chéri
qui crisse sous la dent
           (ou bien elle se déchaussent
           et ça ne sent pas bon)

Je l’aimais bien
ce tournevis
un bel outil
(planté dans son nombril)
alors je l’ai
— récupéré

Ces types me
courraient après
brandissant des couteaux
il criaient
— Parala ! Parala !

Mi-février j’ai rangé
tout au fond d’un tiroir
le bonnet et les gants (j’ai
décidé que l’hiver
était fini)

le fenouil, t’aimes ou t’aimes pas
si t’aimes pas ça
t’aimes pas ça

Corvées
— faire (ou pis : refaire)
du café
par exemple.

Cul de
basse
(fausse)

… après, il a cherché
son chien dans les poubelles
pendant des heures

Elle
regarde ailleurs
(moi pas)

elle a retiré
sa robe son alliance
elle avait
des croûtes aux commissures