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Bösersach Poèmes 2009 Charles Bösersach 20090526-2

 
    
  

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Sel de mer
pisse de père.

Folle (mais pas
complètement) elle
faisait mine d’avoir un
téléphone mains libres
pour parler seule,
à très haute voix et se
moquer des gens.

De certaines
femmes
M. avait coutume de dire
« elle est belle
comme un travelo » et c’était
un compliment.

C’est ce combat
que les profs de philo
mènent.

La fillette criait
hurlait, c’était
pénible
— elle avait l’air ravie.

L’arabe
généalogique.

et là, attendant le
métro il se prit à penser
« est-ce ainsi
que j’ai rêvé ma vie ? » pour
aussitôt se reprendre : sa vie,
il ne l’a jamais rêvée

Je pissais,
écoutant jouir
la fille du dessus.

I need to sleep : j’ai besoin
de deux slips.

Do : riz fort.
Riz : eau de fer.

La petite dame
dans son automobile
elle a l’air
tellement contente d’être
dans son automobile moi j’attends
le bus.

Malade : Chloé
au lit.

Je regardais ces filles qui
marchaient rapidement
en ordre dispersé
— elles avaient toutes le même
cul (failli tomber n’ayant
pas vu la marche).

(samedi matin)
un enfant
l’air goguenard
entre chez le marchand de vin
une petite vieille
empotée
sort des toilettes « hommes » tandis que se profile
la hure de verre et de métal du
bus n°18

Virtuose de l’accordéon
(« à touches »)
mais d’ici
on n’entend rien.

Lancinante envie de lui dire
« j’adore votre chevelure »
« soyons amis »
« j’aimerais jouir sur votre bouche ».

Des gens tellement laids
(pas seulement de physionomie :
mimiques, attitudes, expression)
qu’on ne peut pas leur pardonner.

Très jolie jeune femme mais
(elle sent la merde).

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