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Bösersach Poèmes 2009 Charles Bösersach 20090706

 
    
  

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« Collégiennes »
bourrées de
cellulite.

Retirer la peau
la chair, sentir — enfin —
sur les os un peu d’air.

Elle a posé sa main sur ma braguette
m’a massé longuement sans cesser
de parler puis m’a entraîné dans un coin du jardin
public elle s’est agenouillée sur le gravier m’a
sucé sans cesser de parler
puis assise sur moi elle m’expliquait que c’était
plus fort qu’elle je m’en
foutais elle bougeait bien
je pensais à un joystick.

Entendu dans un square (deux
adolescentes) : « pour faire cuire des pâtes,
tu mets d’abord les pâtes ou l’eau ? »

Le bruit té
rébrant des mo
bylettes des li
vreurs de pi
zzas.

Qu’allons-nous faire
de nous, chaque fois réapparus dans une nouvelle
version, médiocre upgrade & carton-pâte la fille
a l’air mauvais arpente les ruelles on l’a mise sous cloche
étranglée, empalée, dilatée, ça n’a pas altéré cette
démarche altière si vous n’êtes pas Prénom la mort est une dette
la mort est différente elle est même
vivante et c’est pourquoi nous l’empêchons de pisser
des heures durant jusqu’à ce qu’elle devienne folle (c’est
chimique) ; qu’allons-nous faire de nous ? même pas capable de
fermer une fenêtre lorsqu’il fait froid

moi j’aime bien
cette boule d’acier, énorme
que l’on sort de son cul

elle relève la tête sur le menton
un fin
filet de sperme (un peu clairet
un peu glaireux) comme une
— coquetterie…

ô comme elle est sage
quand on n’voit pas son cul

On peut
vouloir
se taire
écarter bien les jambes
(exercices, rien d’autre)
arborant un justaucorps de couleur
improbable (et c’est précisément

que se tient tout le charme).

L’amour est dans, dedans.

Ensuite, bien sûr
parfois
cela fait mal et cela
sent mauvais.
Mais auparavant, que de joies,
que de sourires, que de joyeuses rondes dans les prairies saturées de pâquerette jonchées d’aiguilles rouillées tendues vers le ciel de tessons de bouteilles de dentelles affriolantes amidonnées de socquettes et de petits sandwiches vibrants de laides araignées velues. Cerf-volant : électrocution. Carottes râpées : vivisection. Je danse comme ça : écorché vif, sans aucun style (cela suinte et pendouille).

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