Première
touche. Pas sur la neige, signes, d’une présence vouée à
l’évanouissement.
Soleil
cou coupé : pour de vrai.
Ce
fut comme un affaissement. Boule qui traverse le paysage et renverse toutes/les/choses.
Un père surpris contemple la scène, démiurge tout
déculotté. Rien que le simple fait de regarder, la cause
était déjà entendue : pas touche à
la voûte céleste.
Miettes,
fragments et reliefs. Le monde grêle, rumine, digère, vente
honteusement, décousu de toutes parts. Son bonheur de se voir dévoilé
est inouï. Personne n’a tenu compte de ces inscriptions gravées,
n’a su apprécier la qualité de ces empattements, si délicats…
Le ciel effraie, miracle de bleu ; en route vers la joie !
Suis
toute petite.
Une
lueur.
Ici.
Oui. Vous et moi.
Nous
avons marché des nuits durant, muets nomades. Reste cette maigre
ficelle de lumière nous rattachant à l’être, futile,
je l’avoue ; notre survivance.
Notre
destination.
Voyez,
la ville semble accueillante malgré cette floraison impromptue.
Étendards aux motifs désuets (crânes). Boulevards,
vieillards en uniforme, proprets, plats, fatigués. Visages… Épitaphes.
À chacun son éden, n’est-ce-pas ? Dos au mur,
la beauté bascule, se roule dans la boue, gueule ouverte, suffoque.
Le propre de notre civilisation.
Traîner
les malles grotesques, comiques – Ah, vous avez sorti la
grand-mère aujourd’hui ? – arrachées des appartements
déçus.
Le
lieu est là.
La pension.
Rouges,
les auréoles sont vastes devant cet asile terne. Un logis de premier
choix. Barrique de lait dans l’arrière-cour, qui ne dédaignait
pas qu’on trempe bouche à sa surface. Carcasses de chats, blanches
au repos, dans le fond.
Vous
êtes prié d’apporter votre court-circuit.
Argile,
grosse, grosse masse immobile qui attend son heure pour déambuler
devant la tribu, pipelette, lucide, grognant grave et rauque. Calvaire
de salive sur pattes, suintante, joyeusement humide. Sa langue surgira
brillamment, crème aux lèvres, se délectant du gras.
Sa figure disséminera les genres, par salves répétées,
tordant tous les plis. L’artifice, quittant sa grotte, accroché
au silence, gémissant, yeux crevés, l’artifice s’élancera.
Voilà pour la – fiction.
Et
ça fera des pertes d’encre, notre aventure.
Nous
montons l’escalier. Là-haut, dernier étage.
Les
phrases sont courtes. Elles glissent sous vos yeux. Ça agace.
La
chambre.
Sueur,
essoufflés. Fenêtres crasseuses. Mastic égratigné,
mité à terre. Blanc, gris, noir. Piteuse palette. Usés,
moisis les draps, le lit. Sur le matelas, sous le tissu repose un mannequin
de cire. Oui, c’est lui, l’architecte, à coup sûr, déguisé,
taxidermié jusqu’à l’os !
Vous
entendez très certainement les hurlements des bêtes à
nos trousses, affamées, vociférantes, babines en berne.
Fermons
la porte.